La Bête dans la jungle – Un voyage onirique dans le monde de la nuit

La Bête dans la jungle | Anaïs Demoustier, Tom Mercier | Les Films du Losange

La Bête dans la jungle : Pendant 25 ans, dans une immense boîte de nuit, un homme et une femme guettent ensemble un événement mystérieux. De 1979 à 2004, l’histoire du disco à la techno, l’histoire d’un amour, l’histoire d’une obsession. La « chose » finalement se manifestera, mais sous une forme autrement plus tragique que prévu.

La Bête dans la jungle | Anaïs Demoustier | Les Films du Losange
La Bête dans la jungle | Anaïs Demoustier | Les Films du Losange

La Bête dans la jungle

Note : 3 sur 5.

Patric Chiha a fait du monde de la nuit son terrain de jeu favori, et des corps humains ses muses. Dans La Bête dans la jungle, le réalisateur autrichien contemple avec plaisir ces animaux nocturnes, sauf que cette fois-ci il contemple non pas seulement leur enveloppe charnelle, mais aussi leur âme. Ce drame français est sortie au cinéma le 16 août 2023.

Les observateurs du temps

La Bête dans la jungle est une virée onirique aussi bien dans les boîtes de nuit que dans la vie. Dans ce microcosme suant et alcoolisé, le trio de personnage principal sont des observateurs du temps qui passe.

La vieillesse ne les atteints pas tandis qu’ils observent la jeunesse se mouvoir. Dans cette dernière nous pouvons y voir la vie dans ce qu’elle a de plus simple, de plus futile, et d’éphémère.

Alice, John et May sont en ce sens des moires : Alice est Clotho, la fileuse du passé, celle qui a vécu ce que les amoureux vivent ; John quant à lui est Lachésis, poursuivant son destin en attente de ce que le futur lui réserve ; May est justement Atropos, ce futur accompagnant le présent jusqu’à l’extinction de la vie.

Le cycle de la vie

Dans cette jungle, les corps se meuvent et se mélangent au rythme d’une musique hypnotisante. Les danseurs s’oublient, se laissant emporter par un élan ne les emmenant nulle part. John ne se laisse pas transporté par le flot de l’existence.

L’homme souhaite trouver un but à cette dernière au travers de cet amas de chair et de sueur. Il y voit simplement la répétitivité de la vie, élément dont il est lui-même affecté. Cela passe notamment par une répétition des plans, ceux sur les pieds du début revenant à la toute fin, ou ceux sur les mains de May revenant sans cesse au fil des semaines passées dans cette boîte.

Le temps n’a pas d’effet sur leurs corps, toutefois il se ressent sur le médium cinématographique par le biais d’ellipses naturelles, au détour d’un panoramique ou d’un simple changement de couleur entre un champ et un contrechamp.

La vie à l’extérieur s’écoule, mais elle aussi a un impact sur eux. L’accession au pouvoir de François Mitterrand et la chute du mur de Berlin forment le début d’une nouvelle époque et donc d’une nouvelle étape pour John et May. A contrario, l’arrivée du SIDA et les événements du 11 septembre sont le symbole de la fin des illusions pour eux.

La Bête dans la jungle | Anaïs Demoustier, Tom Mercier | Les Films du Losange
La Bête dans la jungle | Anaïs Demoustier, Tom Mercier | Les Films du Losange

L’oiseau nocturne

Au milieu de la faune libre, John est donc un oiseau perché dans une cage. Il se refuse à entrer dans cette fosse par peur de se faire dévorer par cette « bête » qui s’y cache. Derrière cette mystérieuse créature se terre une idée beaucoup plus simple.

May va, à cet effet, le suivre dans l’unique but de le lui faire comprendre dans un acte aussi beau que dommageable pour lui qui ne va pas le saisir. La finalité de cette recherche de sens à la vie est à n’en pas douter niaise, mais est digne d’un conte.

Les fantômes de la discothèque

John est présenté comme un personnage énigmatique, une sorte d’esprit voguant entre les gens et les couleurs. Au milieu de cette boîte, il est un fantôme de l’opéra ayant réussi à s’accaparer Christine Daaé.

Cet aspect fantasmagorique de son personnage apparaît lorsqu’il demande à May de le suivre dans sa quête. Cette demande se déroule non sans hasard durant une éclipse lunaire, événement ouvrant une porte vers l’inconnu.

Ainsi, May deviendra elle aussi un esprit, faisant les mêmes apparitions que son compagnon. Main dans la main ils hanteront cette boîte sans jamais pouvoir s’y échapper, ceux-ci devant forger leur destinée en ce lieu.

Ils attendront alors cette chose durant des années, tels deux amants romantiques, deux êtres contemplant une mer de danseurs.

Un conte trop bavard

Entre fantastique et onirisme, le métrage se veut contemplatif. C’est un voyage intense dans un autre monde. Il est cependant regrettable que la voix d’Alice soit si invasive et explicative.

Elle renforce certes l’aspect conte, toutefois elle empêche d’être totalement emporté dans ce flot fantasmagorique, encore plus lorsque la conteuse s’adresse à nous droit dans les yeux.

La fin en devient alors quasiment gâchée par la parole alors que la poésie de l’image était le plus beau des textes.

La Bête dans la jungle, ou la contemplation des corps et des âmes. C’est nous qui cherchons derrière cette toile un sens à notre existence au travers de personnes que nous ne connaissons pas. Il est néanmoins dommage que nous soyons tenus par la main alors que les images et la musique suffisaient amplement.

La Bête dans la jungle | Anaïs Demoustier | Les Films du Losange
La Bête dans la jungle | Anaïs Demoustier | Les Films du Losange

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