Anatomie d’une chute : Sandra, Samuel et leur fils malvoyant de 11 ans, Daniel, vivent depuis un an loin de tout, à la montagne. Un jour, Samuel est retrouvé mort au pied de leur maison. Une enquête pour mort suspecte est ouverte. Sandra est bientôt inculpée malgré le doute : suicide ou homicide ? Un an plus tard, Daniel assiste au procès de sa mère, véritable dissection du couple.
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Anatomie d’une chute
Justine Triet revient à Cannes avec Anatomie d’une chute après y avoir présenté Victoria et Sybil. Palme d’or 2023, Anatomie d’une chute est co-écrit avec Arthur Harari (Onoda). Le film sortira le 23 août 2023.
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Une décortication au millimètre
Avec Anatomie d’une chute, Justine Triet et Arthur Harari dressent le portrait d’une femme, d’un couple en déclin et de la difficulté de la justice face aux rapports humains.
L’écriture et la mise en scène sont d’une intelligence redoutable et d’une maitrise sans faille, jouant sans cesse avec les émotions et les attentes du spectateur en le rendant acteur.
Le scénario se plaçant d’un point de vue externe, on n’en sait pas plus que les protagonistes. Ce qui force le spectateur à prendre part, à avoir un avis sans connaître la « vraie » vérité. Mais la vérité est-elle ce qui importe vraiment ?
Ce n’est pas le but du duo Triet-Harari, qui, misant sur le jugement et la complexité que peut être le réel, livre un film poignant sur le jugement des actions de cette femme, de son mode de vie jusqu’à en analyser ses romans de par sa profession d’écrivaine et d’en faire un parallèle entre le fictif et la réalité.
Au-delà d’un simple film de procès, Anatomie d’une chute à une profondeur psychologique sur la chute d’un couple à travers le temps, les drames et la manipulation.
Le procès d’une vie
Tout à fait analytique, on suit le film en vivant tous les tourments des personnages puissamment. Les dialogues sont d’une finesse exquise, rendant chaque protagoniste aussi important les uns des autres.
Anatomie d’une chute est finalement une analyse glaciale et distante de la justice dans ce tribunal où l’on devient juré. La justice est-elle toujours objective, prend-elle en compte une part d’humanité quand les preuves manquent, comment juger des éléments de vie banale dans un contexte dramatique ?
Sandra Hüller incarne cette femme désemparée avec une justesse glaçante. Les avocats, Swann Arlaud et Antoine Reinartz sont divins. Swann Arlaud va apporter se double rôle, à la fois de défenseur et d’amoureux, altérant parfois son jugement, tandis que Antoine Reinartz va être d’une dureté terrible.
Un immense acteur est né également c’est Milo Machado-Graner qui livre une partition incroyable dans la peau du fils de Sandra. Son jeu est terriblement beau, touchant avec une extrême précision.
Anatomie d’une chute marquera incontestablement et différemment chaque personne qui le découvrira, mais une chose est sure : c’est un film grandiose, remarquable, parfaitement écrit et réalisé avec une figure féminine bouleversante.
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