L’ile rouge : Début des années 70, sur une base de l’armée française à Madagascar, les militaires et leurs familles vivent les dernières illusions du colonialisme.

Follow @doisjelevoirhttps://platform.twitter.com/widgets.js
L’ile rouge
Robin Campillo revient 6 ans après le retentissant 120 battements par minute, Grand Prix à Cannes en 2017. Avec L’Ile Rouge, il se lance dans le récit des derniers instants du colonialisme français sur le territoire de Madagascar. Le réalisateur récidive dans le film dit à « tournant historique », après la génération sida et ses luttes dans son dernier long-métrage.
Après Nahuel Perez Biscayart et Adèle Haenel dans 120 battements par minute, c’est la prometteuse Nadia Tereszkiewicz que Campillo décide de mettre sous le feu des projecteurs. Ce drame historique français sort le 31 mai au cinéma.
[themoneytizer id=”83610-28″]
Entre territorialisation et notion de recherche identitaire
L’ile rouge puise son originalité et son caractère inédit dans le sujet qu’il aborde. C’est vrai que je n’avais encore jamais vu porté à l’écran le colonialisme français à Madagascar. Et forcément, quand le cinéma français est constamment en recherche de sujets et thématiques qui sortent de l’ordianire et qui n’ont pas encore été traités, cette proposition devient tout de suite très fraiche et intriguante.
Quels sont les tenants et les aboutissants du colonialisme français en outre-mer et ses impacts sur les familles françaises et colonisées ?…
Avec ce film, Robin Campillo nous montre ce qu’est d’être un homme qui ne sait plus où est sa maison, son foyer, son territoire. Une sorte de remise en question perpétuelle qui pousse le spectateur même à se questionner sur ses origines et le véritable endroit qu’il peut appeler “chez lui”. Angle vraiment passionnant qui pousse à une vraie réflexion profonde et même spirituelle, mais évidemment casse-gueule.
Pour traiter tous ces différents questionnements existentiels chez les personnages, le réalisateur prend le parti pris assumé de pousser les curseurs de la mise en scène quasiment le plus loin possible. En effet, une certaine richesse de procédés et techniques se dégage :
Entre une musique omniprésente mais peu marquante, une voix-off couplée à une narration parallèle originale de par son univers atypique et les ralentis répétitifs perdant de leur substance à cause de leurs récurrences. Je me suis quelque peu perdu dans toute cette excentricité qui n’est pas si radicale que ça mais qui masque par moments le réel propos de fond du film.
Résultat ? L’impression qu’on tire à blanc dans ce grand sujet. On en ressort peu remué et malheureusement interrogatif et trop indifférent…
Cependant, la notion de voyeurisme notamment à travers les yeux du jeune garçon est utilisé à bon escient et fonctionne vraiment bien. En effet, ce changement de point de vue en adoptant le regard d’un enfant qui essaye de perçer à jour les secrets d’un monde qu’il ne comprend pas, c’est sans doute là la belle réussite du film.
Enfin, ce changement de point de vue est réitéré dans les 20 dernières minutes du métrage en se plaçant pour la première fois du côté des colonisés de l’ile. Sauf que ce changement est véritablement abrupt et arrive soudainement à la fin comme ayant le besoin de concentrer et résumer le fond, le propos et le combat du film. Cette dernière partie est trop détachée du reste du wagon pour prendre correctement et se marier avec ce qui a été mis en place tout du long.

Un casting trop peu convaincant
Maintenant, ce qui pêche le plus nettement dans cette histoire pourtant forte et intéressante, c’est son casting. Et le parfait symbole de ce ratage des comédiens est bien malheureusement Nadia Tereszkiewicz. Je ne sais pas ce qui reste à sauver entre son HMC (habillage, maquillage, coiffure) ridicule et son interprétation (dès la première réplique) très peu crédible et hors du temps.
On n’y croit pas une seule seconde et cette impression va gangréner le reste du casting. Changer d’époque et de contexte historique n’est pas chose aisée. Il y a un sentiment de décallage entre l’histoire racontée et les acteurs présents pour porter cette histoire sauf peut-être pour le jeune garçon qui se débrouille trés bien.
L’incarnation n’est pas suffisament ancrée et profonde de manière à pouvoir plonger dans le récit que l’on nous propose. On voit assez nettement la différence avec les jeunes acteurs de 120 battements par minute qui arrivaient à nous faire resssentir les enjeux et problématiques rencontrés dans les années 90.
L’Acteur est la passerelle entre le texte et les intentions d’un metteur en scène et son résultat final à l’image. Or, un casting qui ne fonctionne pas et qui ne capte pas l’essence du projet peut rapidement faire couler un film pourtant prometteur et audacieux dans ce qu’il a à raconter et montrer.

Vous pouvez continuer à me suivre sur Instagram , Twitter et Facebook