La Fracture : Raf et Julie, un couple au bord de la rupture, se retrouvent dans un service d’Urgences proche de l’asphyxie le soir d’une manifestation parisienne des Gilets Jaunes. Leur rencontre avec Yann, un manifestant blessé et en colère, va faire voler en éclats les certitudes et les préjugés de chacun.

La Fracture
C’est une réalisation de Catherine Corsini après Un Amour impossible en 2018 qui avait été bien reçu par le public et la critique. Elle en a aussi écrit le scénario. La Fracture a été présenté en compétition au Festival de Cannes 2021.
Plusieurs choses m’ont dérangé dans ce film que j’ai tout de même trouvé bien.
Il y en a marre de donner de sa personne tout le temps
On va nous remettre à l’époque du début des gilets jaunes. Pour rappel ce mouvement est né à travers un appel sur les réseaux sociaux afin de s’opposer à la politique d’Emmanuelle Macron. Le premier samedi de protestation fut le 17 novembre 2018 lors de manifestations non déclarées fortement réprimées par la police. Par la suite durant de nombreux mois, chaque samedi les gilets jaunes se sont réuni sur Paris et grandes villes de province. Au vu des images, on se doute que le film doit être la journée du 24 novembre 2018 qui avait beaucoup dégénéré. Bien qu’il commence son introduction dans la rue, ce film va se dérouler en grande majorité dans hôpital. Ce lieu médical va être le centre qui symbolise toutes les contestations. Prendre un lieu “neutre”, loin du chaos de la protestation, était un choix surprenant mais pas mauvais. Cela va permettre d’avoir un contenu plus calme et non toujours dans l’action. La contrepartie va être cependant quelque temps de latence ici et là. Les rares scènes d’affrontement entre la police et les gilets jaunes ne sont pas très réussites. Elles sonnaient fausses. La réalisatrice a tout de même temps d’ajouter de l’immersion en reproduisant des événements arrivés dans la réalité. Dans un premier temps en montrant des images de journaux télévisés de l’époque, ce qui permet de se plonger dans le contexte. Tout cela à travers les télévisions de l’hôpital ce qui rentre parfaitement dans le récit. Il y aura même les fameux passages des manifestants fuyant les gaz des CRS dans un hôpital. Cela c’était passé la journée du 1er mai 2019 à la Pitié-Salpêtrière. Une occasion de rétablir la vérité suite aux mensonges du gouvernement à l’époque. Le film va appuyer sur le fichage des gilets jaunes à l’hôpital demandé par l’administration. J’ai aimé ce côté remise en contexte et dénonciation.
Concentrons-nous sur les personnages qui vont composer cette comédie dramatique sociale. Les profils des protagonistes vont être variés. On aura le “Gillet Jaune de base”. Un travailleur au statut prolétaire ayant du mal à finir ses fins de mois. Pour l’accompagner dans cette galère des urgences, on aura une Parisienne plutôt gauche bobo, loin de ces mouvements réfractaires. J’ai aimé cet échantillonnage bien que mettre un macroniste dans la boucle n’aurai pas été pour me déplaire. Finalement les échanges sont virulents sur la forme mais sur le fond un peu vide car l’affrontement politique assez ses limites idéologiques. Les personnages secondaires vont venir mettre des touches de diversités à travers des soignants, des patients, d’autres manifestants, et des citoyens lambda. C’est d’ailleurs l’occasion de dénoncer la situation inacceptable des hôpitaux français.
Et de ne pas sentir qu’on nous respect
Comme souvent, je suis grand fan de Pio Marmai. Il est génial dans le rôle de ce camionneur révolté. Sa capacité à exprimer une rage est géniale. Par contre je n’ai pas accroché avec la prestation de Valeria Bruni Tedeschi. Elle en fait un peu trop. Je veux bien l’excuse qu’elle fait une femme sous médicament mais même. Ça devient agaçant par moments surtout que cela n’apporte pas grand-chose. Pour son premier film, Aïssatou Diallo Sagna va assurer dans le rôle de cette aide-soignante. À l’image de Marina Foïs, le casting secondaire est aussi de bonne qualité.
En revanche, sur le fond certaines choses m’ont dérangé et m’empêchent de faire une standing ovation à ce film pourtant militant. La Fracture est construite d’une façon où la problématique de chacun est mise à égalité. Que ce soit les problèmes amoureux de la femme, ou la détresse sociale du camionneur. Ce qui m’a dérangé est qu’en réalité, cette romance chaotique est largement plus explorée que la vie du Gillet Jaune. Il en parle très rapidement mais c’est tout. Alors certes, on parle beaucoup de l’hôpital et c’est une bonne chose, mais je ne comprends pas pourquoi le personnage de Pio Marmai n’est pas plus exploré dans un film à portée sociale. C’est le gros point noir et ça m’a embêté.
Je vais parler de la fin du film donc si vous ne l’avez pas vu, arrêtait la lecture. Pour nuancer mon propos, la fin nous livre tout de même un message plus tranché. Dans l’obligation vitale de travailler, le chauffeur blessé va reprendre son camion et avoir un grave accident. En revanche, tout fini bien pour la dessinatrice aisée avec son amoureuse. Comme un triste constat de la réalité où ce sont toujours les mêmes qui s’en sortent.
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