Vincent doit mourir – Une fuite de l’Homme face à sa véritable nature

Vincent doit mourir | Capricci

Vincent doit mourir : Du jour au lendemain, Vincent est agressé par des gens sans raison apparente qui essaient de le tuer. Il tente de poursuivre une vie normale mais lorsque le phénomène s’amplifie, il doit fuir et changer totalement de mode de vie…

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VINCENT DOIT MOURIR

Note : 3.5 sur 5.

Homme de théâtre, Stéphan Castang s’éloigne des planches pour les grands espaces cinématographiques. Premier long-métrage de sa vie de cinéaste, Vincent doit mourir dénote d’une violente envie de liberté que ne peut qu’offrir le septième art. Ce film fantastique français sort au cinéma le 15 novembre 2023.

Vincent doit mourir | Capricci

« VDM »

Les initiales du titre décrivent, non sans un humour volontaire ou non, la situation vécue par Vincent et ses semblables. Vincent est contre le monde, ou plutôt le monde est contre lui. Le concept aussi bien vendu par le titre et le synopsis, fonctionne totalement malgré son aspect court-métrage.

Effectivement, dans un monde interconnecté où nous contemplons 1001 visages chaque jour, il est impossible de ne pas en regarder au moins un dans les yeux. Le métrage part alors de ce postulat et le fait de manière la plus logique : par l’humour.

Nous sommes plongés au sein d’une critique sociale comique ne pouvant que nous rendre hilare face aux situations que vit le protagoniste. Cependant, ce n’est pas entièrement une comédie.

Effacer son sourire à coup de poing

Très vite, nous comprenons que le film évolue dans son ton et prend plusieurs formes. Nous tombons alors coup sur coup sur le thriller paranoïaque, puis sur le film de zombie. L’œuvre se transforme au fil des minutes, se collant ainsi aux événements qui sont de plus en plus chaotiques, comme si le réel rattrapait la folie.

Plus que le chaos, le métrage suit Vincent, chose montrée par la réalisation. Au début, nous nous retrouvons dans un cadre normal où l’irréel – voire l’absurde – intervient sans prévenir. À l’instar du graphiste, nous ne nous attendons pas à ces attaques soudaines. Plus le temps passe, plus Vincent devient attentif, et de ce fait le film l’est aussi, la caméra regardant aux alentours et captant les expressions des personnages.

Lorsque l’homme lâche le temps d’un instant son instinct de survie, cela est retranscrit par la réalisation qui reprend son idée initiale de la surprise. Le normal ne peut advenir dans ce monde comme l’indique le final où le cadre s’élargit pour nous dévoiler le chaos ambiant.

Vincent doit mourir | Capricci

Vincent contre The Crazies

De par tout ces aspects, nous sommes en plein dans une œuvre ultra référencée. Le générique de début se réfère à Saul Bass, le final à Bird Box, et bien sûr, le cœur de l’œuvre fait penser au cinéma de Romero, notamment à Zombie avec une référence directe à celui-ci via une séquence devant un centre commercial.

Le film de zombie est sans nul doute l’inspiration principale pour Vincent doit mourir, ce dernier reprenant ses codes narratifs et esthétiques à l’image du héros devant s’isoler ou les plans d’ensemble sur les plaines vides. Bien que la succession des genres se fait naturellement, Vincent doit mourir en abuse avec sa conclusion sous forme de film postapocalyptique qui casse le rythme avec des plans trop contemplatifs.

La sauvagerie humaine

Au-delà de l’évolution des genres, le métrage montre aussi l’évolution de la vision de la violence. Durant les premiers instants, la violence est vue dans le cadre du travail avec des employés attaquant Vincent comme s’ils dévoilaient physiquement leur haine contre lui.

Plus tard, nous comprenons que cet accès de rage n’est que la représentation plus globale de la violence humaine. L’humain est par nature un être belliqueux et cet aspect est d’autant plus développé dans le métrage, particulièrement dans son visuel. Nous pourrions presque dire qu’il n’y a plus aucune barrière entre l’Homme et l’animal.

Vincent doit se mettre littéralement en cage pour ne pas risquer sa peau. Lorsqu’il doit sortir de chez lui, un grillage l’entoure pour symboliser le fait que c’est une bête. Une fois dehors, cela va mener à un combat dans une fosse septique ne possédant rien d’humain.

Néanmoins, la violence n’est pas localisées que dans une certaine catégorie d’individu, mais est généralisée. Les personnes filment ce qui arrive et prennent même du plaisir à le faire comme nous pouvons le constater lorsque Vincent se fait agresser et que ses collègues préfèrent sortir le téléphone plutôt que de l’aider.

Évidemment, cette critique acerbe sur l’humanité n’est pas aussi viscérale et cynique que ce que pourrait proposer une œuvre de Romero, la fin offrant même de l’espoir, mais la réflexion est judicieuse et mérite d’être entendue.

Pour conclure, « Vincent doit mourir » possède toutes les caractéristiques d’un premier film, entre ses influences plus que perceptibles et ses idées aussi bien ambitieuses qu’excessives. Ne reste que le métrage de Stéphan Castang possède une envie de cinéma aussi folle que sa proposition. C’est un renversement de l’estomac égal à celui sociétal qui nous est présenté.

Vincent doit mourir | Capricci

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