Le Procès Goldman – Une quête de vérité troublante, actuelle et intense !

Le Procès Goldman l Arieh Worthalter l Ad Vitam

Le Procès Goldman: En avril 1976, débute le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Il clame son innocence dans cette dernière affaire et devient en quelques semaines l’icône de la gauche intellectuelle. Georges Kiejman, jeune avocat, assure sa défense. Mais très vite, leurs rapports se tendent. Goldman, insaisissable et provocateur, risque la peine capitale et rend l’issue du procès incertaine.

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LE PROCÈS GOLDMAN

Note : 4.5 sur 5.

Cédric Kahn vient ouvrir la compétition de la Quinzaine des Cinéastes avec son dernier long-métrage, après « La Prière » ou « Fête de Famille », le voici de retour avec un film de procès sur l’affaire Goldman. Venant entrer en complète opposition avec le film d’ouverture de la Compétition Officielle : Jeanne du Barry. Nous suivons le procès de Pierre Goldman, un homme juif, militant d’extrême gauche, a été condamné d’avoir tué deux femmes alors qu’il clame son innocence. Est-ce un film de procès magistral ? Ou un énième essai classique et ennuyeux ? Ce drame judiciaire Français sort en salle ce mercredi Septembre 2023.

Le Procès Goldman l Arieh Worthalter l Ad Vitam
Le Procès Goldman l Arieh Worthalter l Ad Vitam

Quelques mots pour commencer

« Le Procès Goldman » est une surprise totale ! Un film absolument réussi, d’une intelligence rare et qui arrive à parfaitement utiliser le genre du film de procès, pour décupler sa tension et son message. Avec une maîtrise de sa mise en scène, et des acteurs parfait ! Un mois après la sortie de la Palme d’Or, « Anatomie d’une Chute« , nous revoici face à un film de procès tout aussi puissant, mais bien différent.

Un film de procès brillamment mis en scène !

Visuellement, le métrage pose donc un cadre fermé : le tribunal. Un huis clos qui nous montre les rouages du dispositif judiciaire. Dans ce cadre fermé, où le métrage se pose uniquement sur un enchaînement de témoignages (sans aucune démonstration de preuves), et parvient à rendre le tout parfaitement lisible ! Le film est pourtant dense, avec une grande importance portée sur les dialogues, mais n’en devenant à aucun moment indigeste ! Car la caméra donne le pouvoir à la parole dans ce procès de témoignages, en ne venant pas critiquer la place du témoin, mais remet plutôt en question la place de la parole dans ce système judiciaire.

Et ce qui est fascinant dans cette mise en scène, outre sa puissance visuelle en donnant la force nécessaire aux dialogues, où l’étalonnage et les mouvements de caméra mettent en avant la théâtralité du jeu judiciaire. C’est aussi sa capacité à mettre en place une grande tension, mais aussi une certaine comédie, notamment de par son personnage principal : Pierre Goldman. Tel un comédien revêche, il ne sera pas avare en autocritique, comme envers le système qui le poursuit.

Dans cet engrenage infernal, la caméra prendra un soin particulier à ne jamais prendre parti ! Le but n’est pas ici de venir défendre, ou discréditer l’accusé… Mais de nous placer à la place d’un juré. C’est donc à nous qu’appartient de discerner la vérité, dans une mise en scène qui va poser toute la nécessité de ce système judiciaire, comme ses limites.

Le Procès Goldman l Arthur Harari l Ad Vitam
Le Procès Goldman l Arthur Harari l Ad Vitam

Mais bien plus qu’un procès, un portrait politique glaçant.

Nous allons rapidement constater que le scénario sert un propos de fond indubitablement politique.

En effet, le récit nous raconte, au travers du procès de Pierre Goldman, une histoire aux notes encore très actuelles. Il s’agissait d’un procès très médiatisé à l’époque, et on le comprend bien. Le métrage nous le fait comprendre, il s’agit avant tout d’un procès de « mulâtre ». Ici, Pierre Goldman est le coupable idéal, dans un procès qui aborde les sujets de police violente et antisémite, et que Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, juif polonais au passé trouble, devient le coupable idéal. Il représente tout ce qui dérange dans ce système. Et c’est certainement ce message diffusé en fil rouge qui permet au film de se suivre ! C’est grâce à ses thématiques intemporelles, ces peurs qui traversent les générations, et ces combats qui durent depuis trop longtemps.

Que ce soit sur le mépris social, le racisme, la question des minorités… Le scénario parvient à retranscrire un état bouillonnant de cette époque. Mais aussi un constant encore plus glaçant, ces thématiques sont encore des combats d’aujourd’hui. Et Pierre Goldman semble représenter une idéologie radicale de cette époque qui pouvait tendre vers la banditisme, mais parvient aussi à se propulser des décennies en avances dans ses prises de positions.

À cela, s’ajoutent la relation entre Pierre Goldman et ses avocats, en particulier Georges Kiejman, avocat très important dans le monde du cinéma. Qui pose une relation complexe, et surtout dans le contrôle d’un homme incontrôlable, qui est comme en représentation dans ce tribunal. Clamant une innocence qui lui sera rendue par la destinée, comme un martyr. Goldman est un acteur, Kiejman tente d’être son manager, à le contrôler, le guider… Et le tout est porté par une brochette d’acteurs absolument saisissants !

Du coup, on fonce ? ou on passe ?

En conclusion, « Le Procès Goldman » est un sublime film de procès, profondément politique et actuel qui arrive à parfaitement reprendre ses codes pour nous frapper de par son intelligence de mise en scène et son cast solide. Un énorme coup de cœur !

Parvenant à retranscrire le bouillonnement d’une époque, le métrage puise sa force de toute part. Que ce soit de par une mise maîtrisée sur chaque plan, permettant de réaliser un exploit: rendre un film de procès palpitant ! Ou bien un récit finement écrit, et des interprètes absolument parfaits, Artur Harari et Arieh Worthalter en tête. Le film nous emporte totalement dans ce procès, malgré quelques petites longueurs. L’ensemble est d’une maîtrise et d’une puissance folle, démontrant que le cinéma Français est loin d’avoir dit son dernier mot !

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