Acide : Selma, 15 ans, grandit entre ses deux parents séparés, Michal et Élise. Des nuages de pluies acides et dévastatrices s’abattent sur la France. Dans un monde qui va bientôt sombrer, cette famille fracturée va devoir s’unir pour affronter cette catastrophe climatique et tenter d’y échapper.
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ACIDE
Après son réussi “La Nuée“, le réalisateur et scénariste Just Phillipot revient en salle pour son deuxième long-métrage. Cette fois, il transforme son court-métrage pour nous en présenter une vision plus longue. Avec Guillaume Canet en tête d’affiche, le métrage a pu se frayer un chemin en séance de minuit au dernier Festival de Cannes. Venant nous plonger dans un futur proche, où les conséquences climatiques sont plus acides que jamais, et une famille brisée va y être confrontée. Est-ce là un concept frappant, ou bien un concept qui aurait dû se contenter de son format d’origine ? Ce film de science-fiction français est sorti en salle le mercredi 20 Septembre 2023.
Quelques mots pour commencer
“Acide” est une belle surprise ! En venant se montrer assez malin quant au déploiement visuel de son concept, la menace y est ici latente, oppressante. Et en venant mélanger les genres, ce petit survival fantastique prend des airs de films d’horreurs, et nous emporte dans sa proposition. Mais quel dommage que l’écriture, bien plus faible, ne fasse retomber le soufflé…
Un concept visuellement réussi
Voici la plus grande réussite du métrage, sa mise en scène ! Car elle est pleine de bonnes idées, d’une bonne dose de maîtrise, donnant au film le peps nécessaire.
Si on se rend bien compte que le budget sera la limite du film pour représenter visuellement le concept du film. Le film possède pour autant une certaine inventivité pour rendre la menace omniprésente, et en tirer des scènes où la tension ressort ! Que ce soit au détour de nuages noirs qui se profilent à l’horizon, d’un grondement lointain… Le film comprend bien le pari d’adapter son court-métrage !
Car si les 18 minutes du métrage original, permettent de mettre en place une course effrénée. Un long-métrage va ici devoir étaler le tout, en le transformant en road-movie apocalyptique, où les personnages tentent de survivre entre deux averses. Et le film va parvenir à instaurer un climat anxiogène du plus bel effet ! Où quand les gouttes s’abattent sur la terre, la désolation arrive, et transforme le paysage en champ de ruines. Et cela se traduit par des images saisissantes, où le ciel se transforme en véritable antagoniste.
Il est agréable de voir un film bénéficier d’autant de soin sur le plan visuel, ne rentrant pas dans des scènes ultra spectaculaire, exception faite d’une traversée d’un pont assez impressionnante. Le reste du métrage va être assez malin pour représenter tout le chaos ambiant sur des scènes plutôt restreintes. En effet, avec une maison délabrée, des champs qui se transforment en marécages meurtriers… Le film regorge d’idées pour transposer sa menace à une échelle plus grande. Et on peut dire que ça fonctionne parfaitement ! Avec une mise en scène maligne, qui met en application ses bonnes idées !
Mais une écriture bien plus faible
Cependant, le film n’échappe pas à certains défauts, surtout au niveau de son écriture.
Adapter un court-métrage en long-métrage, signifie ajouter de la matière, et c’est peut-être le souci ici. Bien que la menace et son origine, provenant de notre mode de vie, des conséquences climatiques inévitables, effrayantes au plus haut point, soient bien implantés dans le récit. On se rend tout de même compte que la formule est tout de même un peu classique, une fois la menace exposée, et que nos personnages tentent d’y survivre.
Car il y a dans ce récit d’1 h 44, un réel problème de rythme, ou si la survie prend le relais, on attend les averses qui viennent tout bousculer. Il y a des moments de flottement entre qui plombent le rythme hélas. Et c’est sans compter une caractérisation un peu banale, sur des personnages ordinaires, mais qui manquent de profondeur par moments. Bien que Guillaume Canet interprète bien ce père, ancien syndicaliste au passé violent, il peut y avoir quelque chose de détestable dans ce personnage, qui peut laisser certains spectateurs en dehors.
Mais si le récit, profondément nihiliste et noir, porte un message intéressant. Car il n’est plus question d’alarmer sur les potentielles conséquences, mais bien de tout faire fondre ! Ici, le couperet est tombé, les conséquences sont déjà là, et le fantastique laisse place à l’horreur. Il est dommage que le tout soit parsemé de longueurs, de facilités scénaristiques un peu évidentes…
Bien que tout ne soit pas raté, on se questionne tout de même sur certains retournements de situation, ou encore sur la facilité de certains choix pour augmenter la gravité de certaines scènes. Au final, on se retrouve face à un récit inégal, portant de bonnes idées, mêlant habilement les genres, mais avec une écriture un peu faiblarde…
Du coup, on passe ? ou on fonce ?
Acide est un essai intéressant, il est rare pour le cinéma francophone de se frotter aux films de genre. Just Phillipot semble s’y plaire, et continue de l’explorer !
En nous proposant un film noir, visuellement brillant. Le réalisateur nous plonge dans un futur proche, nihiliste, où l’humanité fond, et sombre. En fourmillant d’idées, le film maintient notre intérêt dans ce récit plein de tension, mais aussi de défauts… Car si sa réalisation est assez inventive, voire cruelle par instants, l’écriture est clairement le point faible de ce métrage.
L’exercice de transposer un court-métrage en film d’une heure est difficile, si le réalisateur y parvient. On se dit tout de même que le format originel était tout de même plus abouti.
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