Goutte d’or : Ramsès, trente-cinq ans, tient un cabinet de voyance à la Goutte d’or à Paris. Habile manipulateur et un peu poète sur les bords, il a mis sur pied un solide commerce de la consolation. L’arrivée d’enfants venus des rues de Tanger, aussi dangereux qu’insaisissables, vient perturber l’équilibre de son commerce et de tout le quartier. Jusqu’au jour où Ramsès va avoir une réelle vision.
Goutte d’or
C’est une réalisation de Clément Cogitore dont le premier film Ni le ciel ni la terre avait été salué par la critique. Il a écrit le scénario en collaboration avec Thomas Bidegain (Notre-Dame brûle), Fanny Burdino (Amore Mio), Camille Lugan et Nadja Dumouchel. Goutte d’or a été présenté à la Semaine Internationale de la Critique au Festival de Cannes 2022 en séance spéciale. Ce drame français est sorti le 1 mars 2023 en salle.
Les arnaques à découvert
La première partie de Goutte d’or est très réussie. Elle parvient à immerger dans le milieu des marabouts d’un quartier populaire, plus précisément celui de Barbès à Paris. Ce drame aborde avec beaucoup de pertinence les dessous des arnaques organisées par ces marabouts, en montrant les techniques qu’ils utilisent pour mystifier leur clientèle. On découvre ainsi les astuces employées pour convaincre les gens de dépenser toujours plus d’argent. C’est à la fois fascinant et effrayant de voir à quel point ces escrocs sont habiles dans leur manipulation.
Enfin, la guerre concurrentielle entre les différents escrocs est également très bien traitée. On ressent la tension qui existe entre eux, ainsi que la rivalité qui les anime.
Une exploration superficielle
La seconde partie est, malheureusement, nettement moins réussie que la première. En effet, elle se centre sur les mineurs isolés, un sujet qui aurait pu être passionnant s’il avait été traité en sujet principal et non en secondaire. On a l’impression que le réalisateur n’a pas su trouver le ton juste pour aborder ce sujet complexe.
De plus, cette partie du film est censée nous en apprendre davantage sur le personnage de Ramsès, mais cela n’a pas vraiment d’intérêt. En effet, le médium était bien plus intéressant lorsqu’il était mystérieux et qu’on ne savait pas grand-chose de lui.
Heureusement, Karim Leklou est véritablement fantastique. Il parvient à donner vie à son personnage de manière convaincante, en lui apportant une réelle profondeur et une certaine complexité. On ressent toutes les émotions qu’il traverse, et l’on est emporté par son interprétation remarquable. C’est clairement l’un des points forts de Goutte d’or.
En revanche, autour de lui, l’ensemble est un peu vide. Les jeunes mineurs isolés mettent de l’énergie, c’est vrai, mais ils sont coincés dans des rôles stéréotypés qui ne leur permettent pas d’en sortir. On a l’impression qu’ils sont utilisés plus pour remplir l’espace que pour apporter quelque chose de réellement intéressant à l’intrigue. Le casting secondaire est mal utilisé, avec un acteur génial comme Malik Zidi, qui est mis trop en arrière-fond.
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