The Killer – Le train-train quotidien d’un simple tueur à gage

The Killer | Netflix

The Killer : Après un désastre évité de justesse, un tueur se bat contre ses employeurs et lui-même, dans une mission punitive à travers le monde qui n’a soi-disant rien de personnel.

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THE KILLER

Note : 4 sur 5.

David Fincher s’engage une nouvelle fois dans la réalisation d’un long-métrage pour Netflix, en poursuivant ce désir de faire ce qu’il veut. Après s’être embourbé du côté de la création de Citizen Kane, le réalisateur adapte Le Tueur, une bande-dessinée de Matz et Luc Jacamon. L’envie de liberté aura-t-elle cette fois-ci porté ses fruits ? Ce thriller américain sort sur Netflix le 10 novembre 2023.

The Killer | Netflix
The Killer | Netflix

Dans les yeux du tueur

The Killer nous emmène dans la vie d’un tueur à gage. Le personnage campé par Michael Fassbender est nihiliste, méticuleux et taciturne, des traits de caractère l’éloignant de l’humain et le rapprochant de la machine.

Il se comporte ainsi comme tel, répétant sans cesse les mêmes phrases lors de ses mises à mort et ne clignant jamais des yeux lors de l’acte. C’est une horloge à l’efficacité redoutable, se réveillant toujours en même temps que son réveil, voire même avant.

Si éloigné de nous, David Fincher réussit pourtant à mêler sa psyché à la nôtre, particulièrement par l’usage d’une caméra à la première personne. Cette dernière calque son calme par le fait qu’elle soit posée sur un pied et qu’elle ne propose que des plans ordonnés.

Le rapprochement avec sa personne est tel que nous entendons ce qu’il entend, que nous voyions ce qu’il voit et que nous sommes le témoin de ses pensées. Au fil des péripéties, les rouages de cette horloge vont sauter, et par la même occasion la réalisation.

Durant l’affrontement face à la brute, la caméra sera portée à l’épaule et ira de concert avec les mouvements du tueur, quitte à être à ras du sol ou à faire des mouvements très vifs. De prime à bord incompréhensible, ce tueur nous sera de plus en plus familier, le spectateur vivant les mêmes épreuves que lui.

Vie parisienne

Le premier acte à Paris forme une note d’intention pour le reste du métrage. Cet acte est construit dans la forme d’un Fenêtre sur Cour où nous serions dans les yeux du tueur avec comme unique différence le fait que le bâtiment d’en face soit fait en CGI.

C’est une partie longue et lente contrastant avec le dynamisme du générique de début. Nous ne sommes clairement pas dans ce que ce dernier nous vend, nous sommes plutôt dans l’attente et ce pour le mieux. Cette virée parisienne pourrait se suffire à elle-même au vu de ce qu’elle montre et raconte.

Nous accompagnons tout simplement le tuer dans sa vie « quotidienne » précédant l’assassinat de sa cible. Le meurtre est égal à l’escalier en colimaçon de son immeuble, c’est-à-dire une routine. Toutefois, et pour que le film puisse se poursuivre, tout ne va pas se passer comme prévu : l’escalier sera alors de travers.

The Killer | Netflix
The Killer | Netflix

La routine qui s’installe

Les actes suivants vont reprendre ce modèle en l’agrémentant de nouvelles étapes. Ainsi, le tueur voyagera, recherchera sa cible, préparera son assassinat et enfin la tuera, et ce de manière cyclique. L’effet recherché est celui de rendre banal ce qu’il fait.

En ce sens, le tueur se questionne souvent sur l’existence, notamment sur le fait de rentrer dans le rang, pourtant il ne diffère aucunement de ses victimes ou de nous-même. Comme la majeure partie de la population, il mange au McDonald, se prend un café Starbuck et commande sur Amazon, tout en dénonçant mollement la société de consommation. De plus, il rencontre des personnes que nous pourrions nous-même rencontrer.

Cette banalité est poussée à l’extrême par le biais de son modus operandi. Du chauffeur de taxi à la personnalité huppée, en passant par l’avocat, il tue tout le monde avec le même protocole. Est ici pointée l’uniformisation des meurtres et l’égalité dans la mort peu importe le statut social.

Le nihiliste et sociopathe peut lui aussi vivre dans le cercle vicieux de la quotidienneté. De par son métier, il se trouve hors des sentiers battus, pourtant il se retrouve bel et bien dans le rang. Sa routine ne sera cassée que lorsqu’il décidera de ne pas tuer, chose à laquelle il devra se faire à l’idée.

L’âme dans la machine

Présenté comme un robot, le tueur tue machinalement, toutefois ici il ne tue pas pour quelqu’un, mais pour lui-même. The Killer est un revenge movie, et bien que les pensées du protagoniste répètent mécaniquement les mêmes phrases, il assassine pour trouver une vie normale avec sa femme.

En témoigne son passage à Saint-Domingue, unique lieu qui diverge des autres par son côté isolé, loin de l’urbanisation. La fuite du monde civilisé est une quête qui n’est quasiment jamais dite, le personnage se mentant constamment à lui-même et de facto aux spectateurs.

Bien qu’il essaye de nous persuader que c’est un sociopathe ne possédant plus rien d’humain, son erreur initiale nous prouve le contraire.

Le revers de la vie

Cette recherche absolue de la quotidienneté mène fatalement à la redondance. L’unique regret que nous pourrions avoir est que le film s’embourbe lui-même dans ce cercle vicieux et ne fait que mimer le premier acte sans jamais atteindre son excellence.

Coller à la vie a un prix, bien que celle à Paris est la plus exquise.

The Killer nous emmène dans la normalité de la vie d’un tueur à gage. David Fincher rend ordinaire l’extraordinaire bien qu’il pousse le vice jusqu’à retrouver les inconvénients de la banalité.

The Killer | Netflix
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