Bernadette : Quand elle arrive à l’Elysée, Bernadette Chirac s’attend à obtenir enfin la place qu’elle mérite, elle qui a toujours œuvré dans l’ombre de son mari pour qu’il devienne président. Mise de côté car jugée trop ringarde, Bernadette décide alors de prendre sa revanche en devenant une figure médiatique incontournable.
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BERNADETTE
Jacques Chirac possède une notable cote de popularité notamment grâce aux Guignols et à certaines de ses positions politiques. Néanmoins, une grande partie de cette popularité n’est pas due essentiellement à des émissions parodiques ou a lui-même, mais à Bernadette Chirac, sa femme. Si l’adage dit « derrière un grand homme, il y a une femme », Léa Domenach a souhaité avec son premier long-métrage y ajouter l’adjectif « grande ». Cette comédie française est sorti au cinéma le 4 octobre 2023.

Il était une fois une première dame…
Bernadette est un conte fantaisiste narrant les deux mandats de Jacques Chirac par le prisme de la première dame. Bernadette Chirac est ici une princesse enfermée dans un château et placée sous le joug de son mari.
À la différence de ces histoires, elle n’attendra pas un beau prince mais se libérera d’elle-même de cette prison dorée. Sous la houlette de Léa Domenach, Bernadette devient ainsi une icône féministe. Cependant, bien que ce conte soit moderne, il possède une couverture médiévale.
Un simple coup de polish
L’aspect moyenâgeux du métrage est souligné par les diverses apparitions d’un chœur et de lettres gothiques accompagnant leurs chants. Ce choix n’est pas anodin car Bernadette représente la « vieille France ».
La première dame est assimilée à une tortue et elle l’assume complètement. Tout le long du film elle reste accrochée à ses valeurs religieuses et familiales. Ce sont d’ailleurs ces valeurs qui sauveront aussi bien son cocon familial que sa famille politique.
Bernadette n’apporte qu’un coup de polish à son image ringarde. D’ailleurs, ce métrage, en détournant la réalité, participe lui aussi à renforcer la popularité de l’ancienne première dame auprès du public.
Dans un exercice quasi identique que le Barbie de Greta Gerwig, Léa Domenach redore le blason d’une figure surannée par une touche de féminisme.

Etre une femme en politique
La première dame, pour sortir de l’ombre de son mari, doit faire face à un roc. Jacques Chirac est initialement constamment au centre de l’attention, Bernadette étant mise en retrait, que ce soit par lui ou par la réalisation.
C’en est au point que nous ne les voyions que très rarement ensemble dans un même plan, et lorsque cela arrive subsiste une relation de dominant/dominée comme lors de la victoire en 1995 ou lorsqu’elle lui refait sa cravate.
Bernadette se retrouve dans le même cas que Leslie du Géant de Georges Stevens, cette dernière étant rejetée par le simple fait que « la politique est une affaire d’homme ». Bernadette n’a donc aucun pouvoir et est une Perséphone dont le printemps est sa Corrèze adorée.
Le point de rupture interviendra le soir du décès de Lady Di, cet événement se retrouvant en parallèle avec une frasque de Jacques. Honteuse et souillée, Bernadette se trouve esseulée et écrasée comme elle ne l’a jamais été.
Elle n’aura même pas le soutien de sa fille Claude, celle-ci lui demandant de faire front commun. Cette demande est faite dans un plan ingénieux où sa personne se reflète sur trois miroirs. C’est le symbole d’une famille brisée où au lieu d’agir en tant que fille, Claude agit en tant que politicienne.
Bernadette, à qui nous avons littéralement pissé dessus – le chauffeur se vidant sur sa tortue de compagnie –, va alors prendre les choses en main. La mort de Lady Di en fera naître une autre en la personne de Bernadette.
La Lady Di de Corrèze
Avec l’aide de Bernard Niquet, homme lui aussi réduit aux cachots de l’Elysée, Bernadette va gagner en popularité. Pour se faire, elle va sortir de sa tour en allant là où son mari ne va pas : chez le peuple.
Présente physiquement, elle le sera aussi spirituellement. En effet, la première dame va dévoiler son intimité et son humanité. Par ce biais, elle va attirer les projecteurs sur elle et agir comme Jacques, chose inacceptable pour elle mais viable pour son mari.
Ainsi, elle va aller à l’encontre des avertissements et des ordres des hommes pour s’ériger en icône féministe. Les rôles vont fatalement s’inverser, Jacques étant devenu celui mis en retrait aussi bien par elle que par la réalisation, la première dame le battant sur son terrain.
Une droite à la Droite
Bernadette met à mal la politique française, particulièrement la Droite. Est principalement dénoncée ici la capacité des politiciens à n’agir que par intérêt. Ces hommes ne se dirigent que vers les plus influents, quand bien même ceux-ci étaient précédemment qualifiés de traîtres.
Bien que Bernadette semble s’éloigner de ces manœuvres, son dernier acte montrera le contraire. La première dame va utiliser les armes des politiciens et de ce fait en devenir une.
Le postulat de ce premier long-métrage peut prêter à sourire, mais il est l’occasion de tacler la droite, la politique et les hommes en général. L’ancienne première dame est dans cette optique valorisée plus que de raison, toutefois si les Américains ont eu leur Jackie, il nous fallait notre Bernadette et nous n’en pouvons qu’être contents.

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