Michael Cimino, un mirage américain : En avril 2010, Jean-Baptiste Thoret prend la route avec Michael Cimino, de Los Angeles au Colorado. « Si vous voulez comprendre mes films, lui avait alors dit le réalisateur de Voyage au bout de l’enfer, vous devez voir les paysages où ils ont été tournés ». Ce road-movie oral et enregistré deviendra d’abord un profil publié dans les Cahiers du Cinéma puis un livre, Michael Cimino, les voix perdues de l’Amérique (Flammarion).
Dix ans plus tard, Cimino n’est plus mais son fantôme continue de hanter certains replis de l’espace américain. Tourné au cours de l’hiver 2020, Michael Cimino, un mirage américain, repart sur les traces de Michael Cimino, à la recherche de son Ouest, cette Amérique réelle et fantasmée qui a traversé ses films, des espaces grandioses du Montana où il a tourné La Porte du paradis à la communauté de Mingo Junction, Ohio, cette petite ville sidérurgique qui a servi de décor à Voyage au bout de l’enfer.

Michael Cimino, un mirage américain
C’est une réalisation de Jean-Baptiste Thoret qui par le passé avait fait deux documentaires avec des thématique approchante : Dario Argento: Soupirs Dans Un Corridor Lointain sur un réalisateur et We Blew It sur l’Amérique. Il est aussi l’auteur d’une quinzaine de livres sur le cinéma. Michael Cimino, un mirage américain a été dans la sélection du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2021. Ce documentaire français est disponible le 19 janvier 2022 en salle.
Une plongée au cœur de l’Amérique
Pour ceux ne connaissant pas Michael Cimino, il est temps de faire un petit point sur lui afin de bien comprendre ce documentaire. Ce fut un réalisateur américain qui est mort le 2 juillet 2016 à 77 ans. Il est connu pour avoir fait La Porte du paradis et surtout Voyage au bout de l’enfer. Pour ce dernier, Michael Cimino remportera d’ailleurs l’Oscar du meilleur réalisateur en 1978. Grâce à lui, la carrière de nombreux acteurs a été lancée à l’image de Jeff Bridges, Meryl Streep, Christopher Walken, John Savage et Mickey Rourke.
La première partie de ce documentaire est tout simplement géniale. Elle va nous faire revenir sur l’Amérique d’antan à travers la petite ville de Mingo Junction. C’est une véritable immersion dans cette commune de l’Ohio qui dépérit depuis la fermeture de l’aciérie locale. Le ton utilisé plonge dans la nostalgie de cette véritable Amérique loin du strass et des paillettes. Une époque et un État où un jeune homme se baladait avec un fusil dans la rue pour aller à la chasse sans que personne ne soit choqué, où le bar du coin était un véritable point de passage obligé avant de rentrer chez soi. Tout cela raconté avec air de bon vieux temps. C’est très touchant ces témoignages.

J’aime cet article de Michael Cimino, un mirage américain
Tweet
Pour partager sa la quête cinématographique du célèbre réalisateur
Si cette ville est importante, au-delà de sa symbolique, c’est pour le rôle qu’elle a joué dans la vie de Michael Cimino. En effet, elle a accueilli le tournage de Voyage au bout de l’enfer. Le documentaire va donc revenir sur ce sujet en nous ayant bien mis dans l’ambiance. C’est extrêmement intéressant d’écouter les habitants, jeune à l’époque, raconter leur souvenir de tournage. Les anecdotes croustillantes et amusantes vont s’enchaîner. On sent un côté vivant et l’événement que cela avait été pour toute cette ville. Pour le plaisir, on aura même le droit à des extraits du film afin d’agrémenter.
La suite va être moins enjouée. On va dériver sur les autres films de Michael Cimino qui n’ont pas eu le même succès. Le fil conducteur devient l’audio enregistré par le réalisateur avant sa mort. Forcément, le côté interactif va être beaucoup plus réduit. Le rythme va se ralentir. Les histoires sont beaucoup plus ciblées sur l’homme et donc le public visé un peu plus restreint. Le changement de tonalité va être défavorable et donne encore plus l’impression que rien ne peut surpasser Voyage au bout de l’enfer, même dans le documentaire. Heureusement, il va avoir de super intervenants qui vont donner du caractère à cette seconde partie. La présence notamment de Quentin Tarantino est du pain béni. Cela permet de finir sur une bonne note.
Vous pouvez continuer à nous suivre via
La bande annonce