Residue – La gentrification du ghetto brillamment racontée

Residue | Copyright Capricci Films

Residue : Jay, la trentaine, retourne dans son vieux quartier de Washington D.C. et y découvre à quel point celui-ci s’est gentrifié. Les résidents afro-américains se trouvent poussés hors de chez eux par des propriétaires plus riches et majoritairement blancs. Traité comme un étranger par ses anciens amis, Jay est perdu et ne sait plus tout à fait à quel monde il appartient. 

Residue   | Copyright Capricci Films
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Residue

Note : 4.5 sur 5.

C’est le premier long-métrage de Merawi Gerima. Il n’est pas pour autant novice, car cet homme originaire de Washington a plusieurs membres de sa famille cinéastes ou écrivain. Pour écrire le scénario de Residue, il s’est en partie inspirée de son vécu. Un excellent drame disponible le 5 janvier 2022 en salle.

L’authenticité d’un ghetto américain

Le récit va être des plus prenants. Cela sonne tellement vrai qu’on se laisse prendre facilement dedans. L’introduction puissante met tout de suite en jambe. Pour sûr, cette histoire est arrivée dans un nombre incalculable de quartiers défavorisé. Un jeune ayant pu s’en sortir, qui revient des années après, et ne reconnaît plus grand-chose. On va voir que certains sont toujours là malgré le temps, d’autres sont en prison et les plus malchanceux six pieds sous terre.   

Afin de faire ressortir le décalage entre Jay du présent récent étudiant arrivant de Californie, et le Jay du passé vivant dans un ghetto, la réalisation va être géniale. Il y a beaucoup de flashback. Ceux-ci vont avoir un grain d’image “à l’ancienne” qui rend très bien. Pour symboliser cette ambiguïté que ressent le protagoniste principal, les flashbacks et le présent vont se mêler par moments. Quelques passages vont rendre difficile la distinction entre les deux à l’image de Jay pour qui se mélange dans la tête. Ce choix est des plus percutants. Cela peut être un peu perturbant au début, mais c’est extrêmement pertinent pour symboliser la situation. Le tout sera accompagné d’une bande originale hip-hop parfaitement choisie.    

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Qui change excluant ses habitants un par un

Residue est porté par un Obinna Nwachukwu fantastique. Pour un premier long-métrage, c’est impressionnant. Il vit totalement son personnage de Jay. Il m’a extrêmement touché par sa manière de tenter de renouer avec ses racines. C’est symbolisé par sa quête désespérée de retrouver son ami d’enfance. La plupart du casting est composé d’acteurs non-professionnel. Cela ne les empêche pas d’être géniaux. On pense notamment à ses anciens camarades du hood joué entre autres par Dennis Lindsey et Derron Scott.    

Ce drame va aussi aborder la thématique de la gentrification. Vue récemment dans le film Cambodgien White Building, c’est un phénomène touchant toutes les grandes villes. Les quartiers défavorisés sont rachetés par des promoteurs se chargeant de les “nettoyer”. On a vraiment l’impression que les “riches blancs” veulent se débarrasser des “pauvres noirs”. Plusieurs expressions utilisées tout au long du film le font penser. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les nouveaux propriétaires, souvent de jeunes cadres blancs, sont montrés d’une façon impersonnelle, leur visage étant caché la grande majorité du temps. Cela montre qu’ils sont loin de l’identité de base du quartier. Celui-ci va totalement se changer et perdre ses racines. La gentrification se fait donc sur deux plans, celui des immeubles, mais aussi par le personnage de Jay qui a évoluer socialement, se coupant de son quartier.

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