Dois-Je Le Voir ?

Iron Claw : Les inséparables frères Von Erich ont marqué l’histoire du catch professionnel du début des années 80. Entrainés de main de fer par un père tyrannique, ils vont devoir se battre sur le ring et dans leur vie. Entre triomphes et tragédies, cette nouvelle pépite produite par A24 est inspirée de leur propre histoire.

AVIS GLOBAL

C’est une réalisation de Sean Durkin. Après son multiple récompensé « The Nest », il revient pour décortiquer une nouvelle famille atypique. Toujours avec des thèmes comme l’emprise d’un homme sur sa famille, Durkin réalise un biopic pas comme les autres. Ce drame américain est sorti au cinéma le 24 Janvier 2024.

Biopic atypique d’une famille maudite

Ceci est une histoire vraie. Le film fait bien de nous le rappeler. Difficile d’y croire tant elle est invraisemblable et terrible. Relatant l’histoire tragique de la famille Von Erich, famille de catcheurs américains au début des années 1980, The Iron Claw nous fait comprendre que son sujet ne sera pas vraiment le catch.

Réalisé par Sean Durkin et produit par A24, The Iron Claw propose une pure tragédie grecque. On pourrait penser qu’on a là un récit racinien ou cornélien. Oui, l’histoire est dure et le destin de ses frères s’apparente à une véritable malédiction impossible à défaire. Ce qui intéresse le réalisateur, c’est de décortiquer le nœud du problème au sein de cette cellule familiale et donc ce qui aurait pu être la cause de ce fléau funeste. 

Au nom du père et des fils…

Les frères Von Erich sont tous catapultés sur le ring par leur père (le génial Holt McCallany), ancien catcheur ayant connu la gloire. En forçant ses fils à devenir lutteurs professionnels, il a pour but de faire entrer son nom dans l’histoire du catch. Cela afin d’obtenir le titre de champion du monde, qu’il n’a pas réussi à obtenir par le passé. Un but égoïste qui aura des répercussions dévastatrices sur ses enfants. Ses enfants, qu’il n’hésite pas à classer par ordre de préférence, renforçant ainsi son rapport toxique avec eux.

Le film est en grande partie centré sur le personnage de Kevin Von Erich. Celui-ci est interprété par Zac Efron qui tient sans aucun doute le meilleur rôle de sa carrière. Il exprime un amour inconditionnel et protecteur pour ses frangins. Cependant, au fur et à mesure, Kevin se sentira écrasé par l’emprise de son père et démuni de ses émotions. Une emprise qui s’apparente à l’Iron Claw. Cette fameuse prise de catch du père consiste à comprimer le visage de l’adversaire avec sa main. 

Tragédie grec à l’américaine

Kevin verra son monde s’effondrer autour de lui. Un monde dans lequel l’amour régnait, mais qui a fini par s’obscurcir à cause de l’aliénation et de la masculinité toxique. Chez les Texans, un homme, ça ne pleure pas. Sous ses montagnes de muscle et sa coupe au bol (une sorte de mini Hulk), il y a un enfant qui n’a jamais pu exprimer pleinement ses émotions. Un enfant qui ne demande qu’à sortir et crier. 

Voilà où réside toute la beauté du film de Sean Durkin. De mettre en lumière des hommes blessés et dévitalisés par un père tyrannique. L’un d’entre eux ira jusqu’à délivrer un combat contre ce dernier. Il se bat contre les injonctions de genre pour regagner l’amour qu’on lui a fauché. Le but est de parvenir à s’émanciper et à faire son deuil. Un combat hors du ring en somme. 

La dernière scène du film, d’une beauté rare, va dans ce sens. Vous avez intérêt à prendre vos mouchoirs. Iron Claw est une réussite, un grand film tragique et une étude percutante sur la masculinité, l’aliénation et la perte.

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