How to Have Sex – Voyage au bout de l’enfer des teen movies

How to Have Sex : Afin de célébrer la fin du lycée, Tara, Skye et Em s’offrent leurs premières vacances entre copines dans une station méditerranéenne ultra fréquentée. Le trio compte bien enchaîner les fêtes, cuites et nuits blanches, en compagnie de colocs anglais rencontrés à leur arrivée. Pour la jeune Tara, ce voyage de tous les excès a la saveur électrisante des premières fois… jusqu’au vertige. Face au tourbillon de l’euphorie collective, est-elle vraiment libre d’accepter ou de refuser chaque expérience qui se présentera à elle ?

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HOW TO HAVE SEX

Note : 4 sur 5.

Le prix Un certain regard du festival de Cannes 2023 s’est vu adjuger à une première œuvre estivale à la brise empoisonnante. Molly Manning Walker nous emmène dans une forêt de sable multicolore où se terrent sous les parasols nombre de prédateurs de la nuit. Ce drame britannique sort au cinéma le 15 novembre 2023.

How to Have Sex | Condor Distribution
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Une plongée dans les affres du teen movie

How to Have Sex est une entrée au cœur du teen movie. Armé d’une caméra épaule, nous pénétrons avec réalisme dans l’irréalité de cet univers fantasque où les jeunes se baignent dans une piscine à forme de pénis, et vivent d’alcool, de sexe et de drogue.

Nous sommes dans un Les Boloss qui aurait mal tourné où trois adolescentes partent en vacances dans une station balnéaire avec comme seul objectif de copuler. C’est l’incursion dans un microcosme festif où chacun joue un rôle, et où les trois filles doivent apprendre leur partition.

La fin de l’innocence

Tara, Skye et Em sont trois enfants qui vont jouer aux adultes. Derrière leur but se cache une âme enfantine ressortant dans leur comportement lorsqu’elles font les courses où dans leur parlé, notamment lorsque Tara fera des blagues à Badger.

La notion de jeu est tout aussi fondamentale dans le monde de l’enfance, et celle-ci est évolutive durant le long-métrage. Nous passons d’un jeu enfantin avec Paddy, à un jeu sexuel « innocent » entre Tara et Badger dans la piscine, jusqu’à enfin le jeu dépassant toutes les limites à la soirée du Crush.

Cet événement, par sa nature extrême, marque le passage d’un film à un autre, du conte à l’obscénité. La distinction entre le monde de l’enfance et celui festif est brillamment souligné par le symbole du balcon. Celui des adolescentes et celui des fêtards forment deux enclos distincts où se nichent d’un côté des brebis, et de l’autre des loups.

Suite à cette soirée funeste, les deux seront liés via des plans identiques brouillant ainsi les barrières entre eux. Les boîtes de nuit deviendront alors des forêts remplis de prédateurs pour un petit chaperon rouge au nom de Tara, elle qui, à l’inverse du personnage du conte, n’aura pas été sauvée.

Sortir de son rôle

Ce que Tara subira changera davantage la vision que nous avions de ces soirées. La caméra se concentrera alors essentiellement sur la fille, faisant abstraction du reste tout en restant malgré tout attentive. Dans cette forêt elle cherchera de l’aide et n’hésitera pas à partir avec un autre groupe pour se protéger.

Tara se rendra compte d’où elle se trouve et nous verrons qu’elle n’appartient pas à ce monde aussi extravagant que terrible. Elle contemplera l’envers du décor de ce microcosme lorsqu’elle marchera seule dans une rue sale dont elle est la seule à voir.

Le pire c’est qu’elle ne pourra rien dire car ce monde est conditionné pour ce genre de choses abjectes. Il n’y a de la place que pour les vices humains. De ce fait, Tara ressent une pression sociale dont elle ne peut se défaire.

Durant la White Party elle tentera de retrouver son rôle en danse. De par ses mouvements et le mixage sonore, nous voyions tout son inconfort à le faire, comme si elle était obligée. La couleur bleue de la boîte se rapporte à la notion de vérité, celle dont elle essaye de s’échapper, sauf qu’elle n’y arrivera pas.

How to Have Sex | Condor Distribution
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Une leçon de consentement pour les agresseurs

En détournant le genre codifié du teen movie, la réalisatrice offre un pamphlet contre ses dérives, notamment sexuelles. Si dans les American Pie et consorts le sexe est la récompense ultime, dans How to Have Sex il est un châtiment effrayant.

Il est question ici de consentement et le métrage le traite par le prisme du personnage de Tara. Nous avons le point de vue féminin d’un personnage masculin souhaitant perdre sa virginité. La différence est que la fille ne veut pas se jeter dans les bras du premier venu.

Molly Manning Walker propose ici un pamphlet contre les agresseurs et ceux qui restent silencieux face à leurs agissements. La subtilité ici est que la réalisatrice le fait naturellement ce qui en est d’autant plus glaçant.

C’est l’histoire de la belle au bois dormant dont l’innocence sera brisée par un prince prédateur. Le chasseur sera bel et bien présent, sauf qu’il ne sortira jamais le fusil.

L’esprit de sororité

Face aux prédateurs, l’amitié forme la principale défense. Dans ce métrage ce ne sera pas le cas, l’esprit de sororité étant englouti par le monde de la fête. Tara, Skye et Em sont tout d’abord présentées comme les trois meilleures amies pour la vie. En témoigne le plan en contre-jour sur la plage où les trois ne font plus qu’un.

Initialement liées, les trois filles s’éloigneront inexorablement, et ce dû à Skye, elle qui créera la discorde entre les trois amies. Cela débutera dès le moment où elle ne dormira pas dans le même sens que Tara et Em, et ça se poursuivra lorsqu’elle ne sera pas dans la salle de bain pour se préparer avec les autres pour leur première soirée.

Par la suite, ce sera plus direct, Skye devenant exécrable Tara par pure jalousie. Ce détachement progressif va aussi atteindre Em, ce qui laissera Tara seule face à ses problèmes. L’environnement dans lequel elles se trouvent aura finalement raison d’elles.

How to Have Sex est un conte, mais non pas ceux aseptisés de Perrault, des frères Grimm ou de Walt Disney. Il se réfère aux premiers récits, ceux dont la dureté révulserait quiconque les lirait, tout en faisant le chemin inverse de ceux-ci. Il revisite un genre populaire des années 2000 en ne les purifiant pas, mais en montrant leur horrible réalité.

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