Le Vourdalak – Redonner un coup de vieux à la figure du vampire

Le Vourdalak | The Jokers Films

Le Vourdalak : « Mes enfants, » avait dit le vieux Gorcha avant de partir, « attendez-moi six jours. Si au terme de ces six jours je ne suis pas revenu, dites une prière à ma mémoire car je serai tué au combat… Mais si jamais, ce dont Dieu vous garde, je revenais après six jours révolus, je vous ordonne de ne point me laisser entrer, quoi que je puisse dire ou faire, car je ne serais plus qu’un maudit Vourdalak ». C’est dans une famille en proie à l’angoisse, au terme du sixième jour, que trouve refuge le Marquis Jacques Antoine Saturnin d’Urfé, noble émissaire du Roi de France…

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LE VOURDALAK

Note : 3 sur 5.

Dracula bafoué, le vampire sauvé. Le Dernier Voyage du Demeter et Renfield, sorties précédemment dans l’année, ont marqué le retour de Dracula sur grand écran. Malheureusement pour le comte, ce retour a été opéré dans le sang et surtout sans gloire. Malgré ces échecs, le pieu n’a toujours pas été planté dans le vampire cinématographique. Le Vourdalak, premier film d’Adrien Beau, repart aux origines, celle de la créature buveuse de sang et non à celle de Bram Stoker. Ce film fantastique français est sorti au cinéma le 25 octobre 2023.

Le Vourdalak | The Jokers Films
Le Vourdalak | The Jokers Films

Un vampire cinématographique

Le Vourdalak se veut telle la nouvelle originale d’Alexei Tolstoi, c’est-à-dire une œuvre poétique, gothique et romantique. Néanmoins, le long-métrage se détache de la littérature pour se rapprocher du médium cinématographique.

Le film reste tout de même dans des teintes identiques en s’inspirant grandement de l’expressionnisme, et en particulier de Murnau. Du premier coup d’œil nous pouvons y voir la semblance de Nosferatu dans le vieux Gorcha, toutefois la marque de l’inspiration se retrouve dans l’ombre et dans la lumière.

L’essentiel du métrage est éclairé à la bougie ou par les éclairs, chacun portant l’ombre des personnages sur les portes et les murs comme il est possible de le voir lors de la première séquence ou durant celle de danse entre le Marquis d’Urfé et de Sdenka.

En revanche, ce premier film parvient à s’affranchir des précédentes adaptations, en particulier celle du segment “Le Wurdalak” de Les Trois Visages de la peur de Mario Bava. Si le gothique est bel et bien présent dans les deux œuvres, le métrage d’Adrien Beau se veut davantage terne, dans un fantastique effleurant le réel.

Où sont mes lunettes ?

Le Vourdalak retranscrit le fantastique non seulement par le retour de cette créature vampirique, mais aussi par l’image. Le métrage est plongé quasi constamment dans un flou onirique par un jeu de mise au point. Cet effet est cependant excessif et ne semble parfois pas voulu.

Il n’empêche que dans sa globalité cela fonctionne, ce flou offrant une atmosphère hors du temps efficace. L’utilisation de cet effet est particulièrement percutante lorsqu’il disparaît. L’image devient pour la première fois clairement nette au retour de Gorcha.

C’en est d’autant plus fort que ce retour à la netteté se fait sous nos yeux, lorsqu’Igor annonce son père. Le mystère s’éclaircit, à la différence de l’errance initiale dans la forêt où il s’épaississait. L’irréel intervient dans le réel, sentiment renforcé par le fait que Gorcha est une marionnette contrôlée par le réalisateur, c’est-à-dire un objet inanimé.

Le Vourdalak | The Jokers Films
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Un gris multicolore

Le retour de cet être grisâtre sans vie amène son lot de thématiques en lien avec les vivants. La mort plane autour de cette famille, et avec Gorcha elle s’insère dans celle-ci. Il provoque plusieurs décès, empilant les tombes déjà bien garnies dans le domaine familial, à l’instar de la guerre se déroulant à l’extérieur.

Ce conflit naît des discordances entre les états, entre les bourgeois. L’arrivée du Marquis d’Urfé provoque d’une certaine façon les décès. De par sa présence, c’est la bourgeoisie qui se confronte à la campagne et qui l’assassine.

Face à tout ces éléments perturbateurs, seule la jeunesse fait office de résistance. La scission avec les anciens s’opère dès l’entrée de Jegor et se poursuivra tout le long du métrage. Néanmoins, il ne peut en ressortir qu’un seul vainqueur.

Sourire à pleines dents

Derrière l’horreur gothique pessimiste, Le Vourdalak ne manque pas d’humour. Le Marquis d’Urfé est celui qui apporte cette touche comique au métrage. Il présente les mêmes caractéristiques que le Ichabod Crane de Le Crapaud et le Maître d’école : il est froussard – sa poudre blanche au visage renforçant cet aspect – et piètre dragueur.

Au fil des péripéties, ce marquis de la cour de France va s’élever en héros romantique, en perdant par la même occasion ses signes distinctifs : sa perruque et sa poudre. Par amour, les plus grands peureux peuvent devenir les plus courageux.

Le Vourdalak apporte un sang frais suranné au mythe du vampire, le film revenant aux origines stylistiques et narratives de ce dernier. Il y retourne certainement trop, à cause notamment du fait que c’est un premier film, mais Adrien Beau propose un coup d’essai maîtrisé rempli de bonnes idées.

Le Vourdalak | The Jokers Films
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