Visions – Gozlan voit trouble dans un thriller aussi planant qu’inégal

Visions l Diane Kruger l France 2 Cinéma, SND

Visions : Pilote de ligne confirmée, Estelle mène, entre deux vols long-courriers, une vie parfaite avec Guillaume, son mari aimant et protecteur. Un jour, par hasard, dans un couloir d’aéroport, elle recroise la route d’Ana, photographe avec qui elle a eu une aventure passionnée vingt ans plus tôt. Estelle est alors loin d’imaginer que ces retrouvailles vont l’entraîner dans une spirale cauchemardesque et faire basculer sa vie dans l’irrationnel…

Visions l Diane Kruger, Mathieu Kassovitz l France 2 Cinéma, SND
Visions l Diane Kruger, Mathieu Kassovitz l France 2 Cinéma, SND

Visions

Note : 3 sur 5.

Après le succès de son dernier film “Boîte Noire“, le réalisateur français, Yann Gozlan revient sur nos écrans avec son dernier projet. Réalisateur connu pour affectionner le genre du thriller, le réalisateur continue de s’y plonger ici, avec Diane Kruger en tête d’affiche. Retraçant la vie d’un pilote de ligne à la vie millimétrée, les retrouvailles avec une vieille connaissance risquent bien de tout chambouler dans la vie de cette jeune femme. La réalité se trouble, l’actrice vacille, mais le spectateur restera-t-il de marbre ? Ce thriller français est sorti en salle le mercredi 6 Septembre 2023.

En quelques mots

Après son vertigineux “Boîte Noire”, Gozlan continue d’explorer la culpabilité pour l’emmener ici aux frontières du fantastique. Si la mise en scène est toujours le point fort du film, on ne peut que regretter que le récit ne parvienne pas à nous emporter dans son récit, tantôt trop prévisible, tantôt peu vraisemblable, le métrage ne parvient jamais totalement à exécuter tout ce qu’il a en tête ! Un ensemble inégal, qui parvient à maintenir notre intérêt grâce à sa mise en scène, malgré des défauts apparents.

Une mise en scène sensorielle et référencée toujours plaisante

S’il y a bien un point que l’on ne peut pas enlever à Yann Gozlan, c’est sa capacité de mise en scène ultra efficace ! En effet, depuis ses débuts, le réalisateur a toujours su poser une grande tension par une mise en scène très maîtrisée, et très sensorielle !

Car oui, le sens a son importance dans le jeu de mise en scène du réalisateur ! Si dans “Boîte Noire”, le son portait tout un sens, comme si c’était un personnage à part entière, ici, le son reste une part essentielle de la mise en scène, mais également le rapport à la vision. Où tout se trouble, la réalité se mêle à l’irrationnel dans un enchaînement troublant, et puissant. Car le film est à son plus fort quand il se penche sur la distorsion de la réalité, lorsque des visions, des hallucinations, semblent prendre vie devant les yeux d’Estelle, jusqu’à venir nous troubler comme son personnage. Au travers de ses visions, tantôt prémonitoires, tantôt menant à de fausses interprétations, c’est ainsi que le métrage trouve son rythme, et joue avec les codes du fantastique.

Ce sont bien les instants les plus intéressants du métrage, quand la caméra se pose sur la tourmente de son personnage principal, où sa vie millimétrée va peu à peu se transformer en enfer irréel. Quand un quotidien bien réglé, où chaque instant parfaitement contrôlé, vont petit à petit échapper au contrôle d’Estelle, rendant un quotidien millimétré en chemin de pénitence, où les cauchemars semblent avoir pris le pas sur la réalité. Comme à son habitude, Gozlan met à profit son talent de mise en scène dans des scènes aussi maîtrisées qu’hypnotisantes, où tout va venir amener le spectateur à questionner l’environnement autour de lui.

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Visions l Diane Kruger l France 2 Cinéma, SND
Visions l Diane Kruger l France 2 Cinéma, SND

Des entreprises immorales

Mais hélas, si la mise en scène de Yann Gozlan est toujours aussi efficace, cette fois, la narration ne semble avoir pu profiter de la même maîtrise !

En effet, si la structure semble être relativement classique quand on aborde le genre du thriller psychologique, sa narration étant rythmée par ses différentes scènes de visions. Le film tente de retourner habilement sa formule en lorgnant dans le genre du fantastique. Mais malgré de bonnes intentions, l’exécution laissera à désirer. Car le récit semble se perdre au fur et à mesure dans un enchaînement d’intrigues quelque peu inutiles, qui vont venir ralentir le rythme du métrage, voire en diminuer sa tension, pourtant parfaitement maîtrisée dans ses scènes de visions ! Le métrage va venir nous balader entres plusieurs sous-intrigues, au traitement inégal, venant alourdir son récit jusqu’à l’ennui passager.

Il en est d’autant plus regrettable, que le métrage parvient tout de même à créer une ambiance oppressante, et un suspens latent. Avant de faire retomber le tout dans des retournements quelque peu prévisibles, qui pourraient nous faire soupirer. Et l’on peut regretter un manque de crédibilité dans certaines situations, où le concept de suspension consentie d’incrédulité est challengé par moments. Et quel dommage, quand on voit tout le potentiel du récit dans les mains de ce réalisateur, mais ne parvenant pas à totalement bousculer les codes qu’il s’emploie à bien appliquer, mais peut-être un peu trop sagement.

Si le duo Diane Kruger/Mathieu Kassovitz fonctionne à la perfection, les deux acteurs démontrant toute l’ampleur de leurs jeux pour donner corps à ce couple, que ce soit avec un mari aussi protecteur qu’aux apparences toxiques, ou cette femme au passé trouble, qui s’efforce de se reconstruire en voulant réaliser l’utopie de maîtriser le moindre aspect de sa vie, jusqu’à en payer le prix fort.

Mais du coup, on fonce ? Ou on passe ?

“Visions” porte bien la patte Gozlan, nous donnant toujours un grand intérêt quand il s’agit de mise en scène. Ici, c’est bien en nous donnant des scènes aussi angoissantes que planantes, le réalisateur nous livre des scènes toujours aussi puissantes, venant brouiller les visions à la réalité. La mise en scène, venant nous plonger dans l’enfer de la psyché de son personnage principal, va lorgner sur le genre fantastique, voire même de l’horreur.

Mettant une nouvelle l’accent sur une certaine expérience sensorielle, venant transformer la vision, comme l’ouïe en personnages à part entière du métrage. Le film nous emporte dans une mise en scène maîtrisée, en faisant le point de ce métrage. Quel dommage que cette mise en scène ne soit pas servi par un scénario aussi fort !

Venant nous balader dans un récit inégal, parfois prévisible, voire exaspérant dans certains retournements de situation. Le tout parvient hélas à perdre l’attention du spectateur, venant parfois nous emmener aux portes de l’ennui, dans un récit aux sous-intrigues parfois bâclées, mais souvent dispensables…

Visions l Diane Kruger, Marta Nieto l France 2 Cinéma, SND
Visions l Diane Kruger, Marta Nieto l France 2 Cinéma, SND

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