Un braquage sans bavure… ou presque. Telle est la promesse de ce thriller danois aussi tendu qu’élégant, signé Frederik Louis Hviid. Après Shorta en 2020, co-réalisé avec Anders Ølholm, le cinéaste revient en solo avec son deuxième long-métrage. Plus qu’un simple film de casse, L’Ultime braquage puise dans un fait divers réel pour interroger une société toute entière. Et réussit le pari d’allier action spectaculaire et tension intérieure.
Un fait divers qui a ébranlé le Danemark
Inspiré du braquage d’un dépôt d’espèces à Copenhague, le film met en scène une équipe de professionnels qui planifie un vol d’une précision chirurgicale. Mais une erreur imprévue les pousse à tout abandonner, à fuir, à survivre. Au-delà du récit criminel, Hviid capte l’onde de choc provoquée par cet événement dans l’imaginaire collectif danois, révélant la fragilité d’un pays fondé sur la confiance civique. Loin des clichés du genre, le film propose une lecture sociétale en creux : celle d’un monde où le désordre infiltre lentement l’ordre établi.
Reda Kateb, braqueur en quête d’adrénaline
Reda Kateb retrouve ici l’univers du polar avec une intensité remarquable. Son personnage, inspiré d’un vrai braqueur que le réalisateur a longuement étudié, n’est ni un méchant de cinéma ni une figure romantique. C’est un homme structuré, psychopathe, à la recherche d’une forme d’expression à travers le crime. Dans un face-à-face captivant avec Gustav Giese – qu’Hviid dirigeait déjà dans la série Prisoner – Kateb incarne la radicalité, le besoin de contrôle, et une addiction partagée avec son comparse : celle du risque.
Une coproduction européenne ambitieuse
Soutenu par Zentropa, Kazak Productions, Canal+, Ciné+ et les instituts danois et suédois du cinéma, L’Ultime braquage est aussi le fruit d’une collaboration artistique franco-scandinave. Le casting mêle habilement têtes d’affiche (Amanda Collin, Jens Hultén) et jeunes espoirs, dans un récit sans manichéisme, tendu comme un câble jusqu’à la dernière seconde.
Conclusion : un coup de maître sous haute tension
Frederik Louis Hviid s’impose comme un nom à suivre dans le polar européen. Avec sa mise en scène précise, ses personnages troubles et son regard acéré sur les fractures d’une société, L’Ultime braquage dépasse son genre pour devenir un miroir tendu à nos obsessions contemporaines. Un film noir, au sens fort du terme, à ne pas manquer.

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