Dois-Je Le Voir ?

Scrapper : Banlieue de Londres. Géorgie 12 ans vit seule depuis la mort de sa mère. Elle se débrouille au quotidien pour éloigner les travailleurs sociaux, raconte qu’elle vit avec un oncle, gagne de l’argent en faisant un trafic de vélo avec son ami Ali. Cet équilibre fonctionne jusqu’à l’arrivée de Jason, un jeune homme qu’elle ne connaît pas et se présente comme étant son père.

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Pour son premier long-métrage, la réalisatrice Charlotte Regan nous parle de la classe ouvrière dans la banlieue londonienne. Puis, en même temps un peu d’elle-même en incluant le sujet du deuil. Elle venait de perdre son père et sa grand-mère à ce moment-là. En faisant cela, elle voulait tirer du positif de cette situation, ce qui est parfaitement retranscrit dans le film. Cette comédie dramatique britannique est sortie au cinéma le 10 janvier 2024.

Une famille comme construction

Dans cette famille, le père à abandonné sa femme et sa fille, car il ne se sentait pas capable d’assumer son rôle (à l’instar de la mère dans La Fille de son père). Alors lorsqu’il revient, suite au décès de la mère, il est un étranger et toujours loin de remplir son rôle. Il est encore un enfant qui doit grandir et prendre ses responsabilités, alors que sa fille a déjà un comportement d’adulte et doit réapprendre à être une enfant.

Georgie s’éduque seule. Elle gère des situations et événements qu’un adulte aurait lui-même des difficultés à gérer. Elle est très mature sur pas mal de points, tout en restant une enfant sur plein d’autres aspects, comme dialoguer des araignées par exemple. Grâce à son éloquence, Georgie se sort de situations compliquées. Elle manipule un adulte afin d’échapper tant bien que mal aux services sociaux ou encore commettre de petits larcins afin de subvenir à ses besoins. 

Pour autant, elle n’arrive pas à faire le deuil de sa mère. Elle veut que tout reste à sa place, comme le faisait sa mère, que tout soit propre. Surtout, elle créée une sorte de tour dans la chambre de sa mère. Cela afin de faire une passerelle entre le monde des morts et des vivants pour la faire revenir.

Pas misérabiliste pour un sous

Si le film est en soit un drame, c’est également un film où l’on rigole et on joue beaucoup. La joie côtoie la peine, sans jamais disparaître derrière cette dernière. On pense notamment à la séquence où Jason va chercher Georgie à l’école, mais se trouve de l’autre côté du trottoir. Celle-ci cite implicitement le film de Wim Wenders, Paris Texas, référence s’il en est.

C’est également un film très coloré, à l’instar des façades des bâtiments de cette banlieue londonienne. Un endroit où chacun se connaît et s’entraide, un endroit qui respire la vie.

Un endroit qui respire la vie, mais aussi où l’on s’évade. Que ce soit dans cette banlieue labyrinthique ou à travers le jeu, ou bien encore à ce rêve de retrouver sa mère, tout est prétexte à l’évasion. Même lorsqu’on sonne à sa porte pour la réprimander et qu’elle s’enfuit par la fenêtre, ou que son père et son meilleur ami saute la clôture derrière la maison pour en sortir.

Une équipe irréprochable

Côté réalisation, c’est intelligent. Evidemment tout est filmé à hauteur d’enfant, mais il y a également de belles idées, notamment pour les moments un peu plus oniriques. Lors notamment aussi de l’introduction, avec une caméra très vive qui nous montre rapidement tous les protagonistes et le lieu où se déroule l’histoire, c’est très intelligent.

La réalisatrice peut s’appuyer sur une équipe de qualité, avec entre autres sa directrice de la photographie, Molly Manning Walker qui on doit How to have sex sortie en 2023. Elle peut aussi compter sur un excellent casting, Harris Dickinson et la jeune Lola Campbell en tête. Cette dernière a bien failli perdre le rôle à cause de la COVID-19, car elle n’arrivait plus à communiquer avec autrui en dehors de ses proches suite à ça. Cependant, la réalisatrice a fait des efforts, car elle voulait que ce soit elle. Charlotte Regan est allé lui rendre visite à de nombreuses reprises pour gagner sa confiance, ce qui fut payant.

Si le film ne révolutionne pas le genre, il est très bien écrit et bénéficie de dialogues qui font mouche. Que ce soit comique ou dramatique, tout fonctionne à merveille.

C’est touchant, ça parle du deuil, du besoin d’affection, de la peur d’être parent, de marginalisation, d’amitié et de l’amour filiale. C’est en sommes universel.

Charlotte Regan fait partie de ces réalisatrices anglaises qui émergent depuis ces deux dernières années. Comme Raine Allen-Miller, Georgia Oakley et Molly Manning Walker, c’est une réalisatrice dont il faut donc surveiller le travail. Elle a notamment obtenu le Grand Prix au festival de Sundance.

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