Renfield : Renfield est l’assistant torturé du maître le plus narcissique qui ait jamais existé : Dracula. Il est contraint par son maître de lui procurer des proies et de pourvoir à toutes ses requêtes, mêmes les plus dégradantes. Mais après des siècles de servitude, il est enfin prêt à s’affranchir de l’ombre du Prince des ténèbres. À la seule condition qu’il arrive à mettre un terme à la dépendance mutuelle qui les unit.

Renfield
Habitué à détourner les grandes figures de la pop culture par le biais des films Lego, Chris McKay revisite avec son troisième long-métrage le mythe du plus célèbre vampire de l’histoire. Toutefois, il le fait par le prisme d’un personnage mineur du roman de Bram Stoker : R.M. Renfield. Cette comédie horrifique américaine est sorti le 31 mai 2023 au cinéma.
Dépoussiérer le cercueil
Renfield transpose le mythe de Dracula dans le monde moderne. Cela implique des nouvelles problématiques inhérentes au XXIe siècle et dont le serviteur fera face. Le personnage de Renfield est dans le roman original une victime du comte enfermé dans un hôpital psychiatrique. L’homme est tiraillé entre sa soumission envers le vampire et son désir de rébellion. Si dans le livre il ne pourra jamais se détourner de son maître, ici, grâce au monde d’aujourd’hui, il va pouvoir le faire.
En effet, le contrôle qu’a Dracula sur son serviteur, vu d’un œil actuel, relève d’une relation abusive. En devenant conscient de sa condition grâce à des réunions, Renfield va vouloir s’émanciper de son patron en adoptant un train de vie humain et moderne en totale contradiction avec le bagage historique et toxique du comte.
Ne plus affronter seul ses démons
Le parcours qu’entreprend le serviteur peut s’observer aussi chez Rebecca et Teddy, les deux étant soumis à des instances plus puissantes qu’eux. Ce lien entre les trois sera accentué par un montage alterné où ils seront démarqués par une couleur distincte, une idée judicieuse mais qui ne sera malheureusement pas exploitée. Sur les trois axes présentés, seulement deux resteront, mais un seul sera malheureusement véritablement développé : celui de Renfield.
En prenant totalement son point de vue, le film enverra malgré tout un message pour ceux vivants une situation identique à celui du serviteur, et le fera même directement en déclamant une tirade prônant le selfcare en face caméra. L’exécution est certes menée avec une subtilité digne d’une horde de chauves-souris sortant d’un château, toutefois cela reste une belle tentative qui, par la même occasion, va de pair avec l’actualisation du mythe.
Transylvania 6-5000 en prise de vue réelle
Dracula a été maint et maintes fois adapté au cinéma. Renfield prend le parti de renouveler le mythe en passant par le comte lui-même. En effet, le vampire est dans ce métrage un monstre suranné inadapté à la société actuelle.
De part ce qu’il dégage et ses ambitions, il semble tout droit sortie d’un dessin animé. Il n’a absolument rien à envier à un Leslie Nielsen ou à un Dracula de la série Dark Shadows. Pourtant, nous pouvons aussi y voir un Bela Lugosi sous hallucinogène, soulignant alors l’influence et le respect des adaptations passées du roman.
En ce sens, la présence de Nicolas Cage forme le choix de casting parfait. L’acteur si extravagant renforce ce côté cartoon dont se complaît le film. Tout est cartoonesque, en allant du quartier général des mafieux aux choix de réalisations tels que l’utilisation de panneaux pour donner un effet comique à la Looney Tunes.
L’absurde vient aussi et surtout de la violence du métrage. Le sang coule à flot, une référence étant même faite au x-ray de Mortal Kombat, une idée de réalisation allant dans le sens du gore décomplexé. Néanmoins, et encore plus que la série de jeu de combat, c’est globalement lisse.
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Une effusion de sang interdite aux moins de 12 ans
Nous sommes en plein dans un métrage aseptisé où le sang ne tâche pas et où l’image n’est pas sale, un comble pour une œuvre se voulant subversive. Il est clair que nous sommes loin d’un délire à la Tex Avery proposé par Evil Dead, là où l’aspect cartoon et sanglant est complètement assumé.
Nous sommes ici face à un film esthétiquement trop « beau » respectant une certaine bienséance. Il est possible d’observer ça par le travail sur la lumière et les couleurs assez superficiel car bien qu’elles offrent une image léchée, elles ne racontent rien.
Pour le coup, le gore fait ici presque tâche. Malgré les démembrements et les effusions de sang, nous n’arrivons pas à croire ce que nous voyions. Tout cela est dû à la CGI qui est présente durant tout le film et qui pose sur l’œuvre un voile de protection sur les yeux d’un jeune public. Cela explique alors pourquoi les traces d’hémoglobines sont moindres sur les personnages.
Cette utilisation abusive est aussi à double tranchant car certains effets spéciaux sont totalement ratés, notamment lors des séquences d’actions. Nous pourrions le justifier dans une œuvre entièrement cartoonesque, pas lorsque l’on veut proposer quelque chose de propre comme le fait Renfield.
D’une narration révolue à une autre
Bien que Renfield veuille rire du roman original tout en le revisitant, le film de Chris McKay passe des récits mythique de la Transylvanie aux histoires classiques du cinéma américain grand public : Nous savons exactement où nous allons et comment nous y allons.
La réalisation est ici basique et ne diffère en rien de ce que nous pourrions voir autre part, à la seule différence qu’il y a une touche de gore. En partant de la communication jusqu’au produit final, nous avons la désagréable sensation d’être face à un métrage tiré d’une plate-forme de streaming ayant soif non pas de sang mais d’argent.
Et encore, ces productions ne se permettraient pas certaines séquences dont l’œuvre de Chris McKay est composé. Une des attaques du comte est d’un ridicule sans nom à faire retourner dans son cercueil Dracula. Un champ contrechamp entre le serviteur et le comte ponctuant la séquence est l’énième utilisation d’un effet dramatique vu et revu où cette fois-ci Renfield vole au ralenti, rendant alors cet effet totalement raté.
Dans un film si conventionnel, la seule chauve-souris sortant du lot est le cabotinage de Nicolas Cage. Cependant, même là rien n’est surprenant. L’acteur a été engagé pour ça, et nous nous sommes massé dans la salle en connaissance de cause.
Renfield part d’un postulat intéressant en voulant redistribuer les cartes dans cette énième adaptation du roman de Bram Stoker. Le film s’insère malgré tout un pieu d’épuration dans le cœur, en abandonnant très vite ses objectifs premiers. Il rend accessible à tous le gore et la violence, ces deux éléments s’étant refusé l’accès à l’écran, ceux-ci ne pouvant être observé que par la fenêtre.

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