The Fabelmans : Portrait profondément intime d’une enfance américaine au XXème siècle, The Fabelmans de Steven Spielberg nous plonge dans l’histoire familiale du cinéaste qui a façonné sa vie personnelle et professionnelle. À partir du récit initiatique d’un jeune homme solitaire qui aspire à réaliser ses rêves, le film explore les relations amoureuses, l’ambition artistique, le sacrifice et les moments de lucidité qui nous permettent d’avoir un regard sincère et tendre sur nous-mêmes et nos parents. Passionné de cinéma, Sammy Fabelman passe son temps à filmer sa famille. S’il est encouragé dans cette voie par sa mère Mitzi, dotée d’un tempérament artistique, son père Burt, scientifique accompli, considère que sa passion est surtout un passe-temps. Au fil des années, Sammy, à force de pointer sa caméra sur ses parents et ses sœurs, est devenu le documentariste de l’histoire familiale ! Il réalise même de petits films amateurs de plus en plus sophistiqués, interprétés par ses amis et ses sœurs. Mais lorsque ses parents décident de déménager dans l’ouest du pays, il découvre une réalité bouleversante sur sa mère qui bouscule ses rapports avec elle et fait basculer son avenir et celui de ses proches.
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The Fabelmans
Après son dernier film qui fut une adaptation du classique de la comédie-musicale des années 60 West Side Story, le légendaire et immortel Steven Spielberg revient avec une nouvelle forme d’oeuvre adaptée : celle de l’histoire de sa jeunesse. Avec un casting grandiose notamment composé de Paul Dano, Michelle Williams ou encore Seth Rogen, le film a déjà conquis le public du Festival de Toronto et du Festival Lumière de Lyon. Son film le plus personnel ? Sans doute. La dernière pièce de l’une des plus grandes filmographies de tous les temps ? Cela sera à vous d’en décider… Ce biopic semi-autobiographique américain sort le 22 février 2023 au cinéma.
Le rêve d’un enfant destiné à la légende
Œuvre sacrément complète, riche et pleine de sens qu’est ce The Fabelmans. Spielberg nous propose tout simplement une vision, un intermède de 2h30 de comment son amour pour le cinéma est né. Et il est né de la plus belle des manières qui soit : d’un rêve d’enfant, d’un fantasme d’un monde nouveau, d’un univers inconnu. Ce qui fonctionne le plus dans ce récit semi-autobiographique, c’est que le cinéaste ne se lance pas dans un trip égocentrique et épique dans le but de faire briller son nom et sa légende (coucou Bohemian Rhapsody).
En effet, à partir du moment où il décide de changer les noms des personnages comme s’il s’agissait d’une toute autre famille traduit cette envie de créer une histoire universelle et qui pourrait résonner en chacun de nous, et non l’histoire unique et personnelle de Steven Spielberg. Et en faisant cela, il nous invite dans son rêve, nous fait plonger à l’intérieur d’un amour commun et universel qui existe au sein de chaque spectateur. En plus du cinéma en général, c’est clairement l’apologie de la création cinématographique qui est faite, mais nous y reviendrons plus tard.
Spielberg met réellement son plus grand rêve à l’écran. La phrase qui a le plus résonné en moi et qui m’a le plus marqué est sans doute quand Sammy dit à son père : “Arrête de dire que c’est un hobby”. Je ne vais pas m’éterniser sur la signification et le symbole que représente cette réplique, car tout est dit, tout est dans cette réplique ! Au moment où le cinéma devient plus qu’une passion, mais une réelle nécessité, un besoin vital et existentiel.

Un casting juste et brillant
Pour mettre en scène cette histoire d’une vie, de nos vies, Spielberg avait besoin d’un casting qui comprenne parfaitement les enjeux de son récit. Et on peut dire que c’est un pari largement gagnant !
Gabriel LaBelle, qui joue le jeune protagoniste du film, est tout bonnement criant de sincérité et d’authenticité. La lourde charge qui lui incombe de devoir porter les traits d’un monument du cinéma n’est en aucun cas impossible à assumer pour lui. On arrive super facilement et rapidement à s’attacher et à s’identifier au personnage, jusqu’à ses rapports avec les membres de sa famille ou ses amis…
Famille campée par une Michelle Williams dans un rôle de mère stupéfiant, édifiant et qui rend l’histoire si intime, belle et mélancolique. En un regard, une larme ou un geste elle fait tout passer, si ça ce n’est pas la définition même du 7ème art…
Paul Dano et Seth Rogen, en immenses acteurs qu’ils sont, n’accaparent pas toute l’attention sur eux et servent de “rôles secondaires” tellement justes et cohérents. Il n’y a vraiment quasiment aucun défaut à relever sur le casting ici présent.
Mention spéciale pour l’un des plus grands caméos de l’histoire du cinéma, et je pèse mes mots, celui de David Lynch dont je tairai le rôle et l’importance pour ne pas vous gâcher la surprise…
Récemment, plusieurs films ont eu cette intention de parler du Cinéma avec un grand C. Que ce soit le Babylon de Damien Chazelle en prenant l’axe de l’Histoire du cinéma, de ses mutations et avancées techniques ou encore le Empire of light de Sam Mendes qui sort en mars prochain et choisissant le point de vue de la salle de cinéma comme espace et lieu ultime de propagation d’émotions et de valeurs. Mais avec The Fabelmans, Spielberg prend un tout autre point de vue sur cette thématique universelle…

L’art de la création au centre de la magie cinématographique
Pour Steven Spielberg, le cinéma est l’ultime pansement à tous nos maux. Il est le plus grand des super-héros avec tous les pouvoirs possibles. C’est là le point que le réalisateur décide de mettre en scène : le moment où le médium cinématographique révèle des vérités, des secrets, des maux, des envies, des nécessités, bref tout. Et par quel biais ? Celui de la création et de l’expérimentation.
Que ce soit les réflexions sur les différents modes de projections, le travail sur la pellicule ou le questionnement profond, intelligent et novateur de ce qu’est la mise en scène dans son essence la plus pure, Spielberg met au centre de son village une vérité, sa vérité. La vérité des effets et des conséquences du cinéma, de ce qu’il crée en nous, de ce qu’il réveille en nous et de ce qu’il nous apprend sur la nature humaine dans sa forme la plus métaphysique qu’elle soit. Penser une image, créer une image, monter une image et projeter une image est un processus complet et complexe servant à faire passer des messages. Des messages avec un fond prenant forme magiquement avec l’assemblage de tous ces éléments : la création d’une réalité et d’une vérité.
Ce sont tous ces concepts et idéologies que Steven Spielberg nous dévoile dans l’odyssée spirituelle et artistique qu’entreprend le jeune Sammy Fabelman. Un véritable et sincère hommage à son plus grand amour, son amour de toujours. Amour qui aura été à l’origine de gigantesques classiques du cinéma comme Jurassic Park, Les dents de la mer ou encore E.T. Et comme pour rendre à César ce qui appartient à César, le réalisateur décide de revenir là où tout a commencé, et de remercier de la manière la plus touchante et sincère qui soit son véritable père, sa mère biologique : Le 7ème Art.

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