Avec Life of Chuck, présenté comme son projet le plus personnel, Mike Flanagan quitte les sentiers de l’horreur pour offrir une œuvre profondément humaine et lumineuse. Adapté de la nouvelle éponyme de Stephen King, ce long-métrage en trois actes inversés s’impose comme un hommage à la vie dans toute sa complexité et sa beauté.
Un projet né d’un coup de foudre
En pleine pandémie, en avril 2020, Mike Flanagan découvre la nouvelle The Life of Chuck et en sort bouleversé : « J’en ai pleuré du début à la fin. Je n’avais jamais rien lu de tel. » L’émotion ressentie est telle qu’il écrit immédiatement à Stephen King pour lui demander l’autorisation de l’adapter, bien qu’ils soient alors concentrés sur La Tour Sombre. Il lui faudra patienter plusieurs années, mais son souhait finit par se concrétiser : « Faisons-le », lui répond finalement King.
Trois chapitres à rebours pour une vie
Le film adopte une structure narrative inversée, en trois chapitres, respectant la forme de la nouvelle originale. Chaque partie explore une étape de la vie de Chuck (interprété tour à tour par Jacob Tremblay, puis Tom Hiddleston), avec une esthétique, une tonalité et même un format d’image différents (1.85:1, 2.0:1, 2.39:1), traduisant l’évolution émotionnelle et sensorielle du personnage.
Ce choix permet de remonter le fil de son existence, jusqu’à l’enfance, pour en révéler toute la portée symbolique. « Nos vies prennent vraiment sens quand on les regarde dans leur ensemble, en arrière », affirme Flanagan.
Un casting fidèle et inspiré
Tom Hiddleston, bouleversant dans le rôle-titre, partage l’affiche avec Chiwetel Ejiofor, Karen Gillan, Jacob Tremblay et Mark Hamill. Flanagan retrouve ici plusieurs de ses collaborateurs fétiches : Annalise Basso, Karen Gillan, ou encore Jacob Tremblay, qu’il dirige depuis qu’ils sont enfants. Cette familiarité donne au film une cohésion familiale émouvante.
Une déclaration d’amour à la vie
Si Flanagan s’est fait connaître par son travail dans le cinéma de genre (Doctor Sleep, Jessie, The Haunting of Hill House), Life of Chuck se distingue par son absence totale de cynisme : « C’est le film le plus joyeux que j’aie jamais fait », dit-il. Il y est question d’art, de souvenirs, d’amour, de mort… mais sans peur ni désespoir. Le ton se rapproche davantage de La vie est belle ou du Vivre de Kurosawa que des univers sombres auxquels il nous avait habitués.
Le cinéaste décrit son film comme « un hommage à la beauté de la vie » et espère que le public en sortira « apaisé, réconcilié avec le chaos du monde ».
Une scène inoubliable : la danse
Parmi les moments forts du film, Flanagan évoque une séquence chorégraphiée avec Tom Hiddleston, Annalise Basso et la batteuse Pocket Queen. Tournée sur quatre jours en Alabama, cette scène devient rapidement le cœur du film : « Je rentrais à l’hôtel avec les joues douloureuses à force d’avoir souri toute la journée », se remémore le réalisateur. Cette scène illustre la joie pure que le film cherche à transmettre.
Un film pour aujourd’hui
Life of Chuck sort le 11 juin 2025, et s’impose déjà comme un moment de grâce dans la filmographie de Mike Flanagan. Salué au Festival de Toronto où il a reçu le Prix du Public, le film prouve que Stephen King peut aussi inspirer des récits lumineux, et que Flanagan sait les porter à l’écran avec sincérité et tendresse.

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