Pour un humoriste, passer de la comédie au drame peut s’avérer difficile. Avec Indomptables, Thomas Ngijol a franchi ce cap délicat, ce qui lui a permis d’accéder à la Quinzaine des cinéastes au Festival de Cannes. Malgré cet honneur, est-ce que le réalisateur a-t-il su réussir son passage au drame ? Ou s’est-il, comme tant d’autres avant lui, casser les dents sur un genre qu’il ne maîtrise pas ?
Mais du coup, ça parle de quoi ?
Le meurtre d’un policier a été commis à Yaoundé, au Cameroun. Le commissaire Billong est chargé de l’affaire. Il doit mener une enquête qui mettra au jour non seulement les failles de son pays, mais aussi les siennes.
Qu’est-ce qu’on en pense ?
Indomptables, c’est un avant tout un projet cher au cœur à Thomas Ngijol. Fils de parents camerounais, l’humoriste a souhaité leur rendre hommage en tournant dans son pays d’origine et en faisant participer des acteurs locaux. Lors de la projection à laquelle nous avons assisté, l’émotion du réalisateur au moment de présenter son film était palpable. Thomas Ngijol a mis du cœur à l’ouvrage, et cela se ressent à l’écran
Indomptables tire son origine d’un documentaire : Un Crime à Abidjan de Mosco Boucault. C’est une œuvre qui a hanté pendant longtemps Thomas Ngijol. Adapter ce documentaire a été l’occasion pour lui de faire honneur à ses ancêtres à travers un film dramatique. Le problème, c’est que même si nous sommes face à un polar, le réalisateur peine à s’affranchir totalement de la comédie. Thomas Ngijol insère ici et là quelques touches d’humour peu utiles, comme s’il avait peur d’opérer un virage trop brusque vers le drame. En revanche, ce que le cinéaste réussit à faire, c’est exploiter le cadre dans lequel il évolue.
En jouant le commissaire Bilong, Thomas Ngijol dévoile une part de son intimité, notamment en tant que père, tout en dressant un portrait du Cameroun. Cela passe par le personnage qu’il interprète : un policier chez qui la frontière entre vie professionnelle et vie privée est floue, ses méthodes peu réglementaires répondant à sa toxicité paternelle. Avec Indomptables, Thomas Ngijol interroge ainsi tout l’ensemble du Cameroun dans une quête d’amélioration, à la fois personnelle et collective.
Les bonnes intentions ne font pas toujours de bons films. Dans le cas d’Indomptables, Thomas Ngijol en avait beaucoup, et malgré quelques maladresses, il a su proposer une œuvre honnête. Le réalisateur a su s’éloigner de sa propre histoire pour évoquer celle, plus vaste, du Cameroun. Indomptables devient ainsi un outil d’apprentissage utile aussi bien pour son cinéaste que pour les spectateurs, qu’ils soient du pays ou non.
En salles le 11 Juin 2025 | 2h08 | Policier
De Thomas Ngijol | Par Thomas Ngijol
Avec Thomas Ngijol, Danilo Melande, Bienvenue Mvoe

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