En 1989, Rob Pilatus et Fab Morvan, alias Milli Vanilli, sont au sommet : Grammy Award en poche, millions de disques vendus, chorégraphies millimétrées et look inoubliable. Puis, en un instant, tout s’écroule. Le film de Simon Verhoeven, Milli Vanilli, de la gloire au cauchemar, retrace cette ascension fulgurante suivie d’une chute vertigineuse. Un biopic à la fois énergique, émouvant et minutieux, qui redonne chair et voix à deux figures souvent caricaturées.
Une immersion multilingue dans les coulisses du show-business
L’une des grandes réussites du film est son approche linguistique. Tourné entre l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis, il adopte la « vraie langue » pour chaque personnage. Rob s’exprime en anglais avec un accent allemand, Fab en anglais teinté de français. Ce choix audacieux renforce l’authenticité de l’œuvre et plonge le spectateur dans le chaos du show-business international, avec ses codes, ses malentendus et ses illusions.
La transformation physique des acteurs
Tijan Njie (Robert) et Elan Ben Ali (Fabrice) livrent une performance impressionnante, fruit d’un travail de fond. Avant même le tournage, ils ont suivi un entraînement physique exigeant, porté les fameuses tresses du duo, dansé, transpiré, et même vécu ensemble à Munich pour créer une véritable fraternité. Cette préparation donne lieu à une alchimie palpable à l’écran, tant dans les moments d’euphorie que dans ceux de rupture.
Des shows recréés à l’identique
Les scènes de concerts constituent l’un des sommets visuels du film. Tournées dans l’Audi Dome de Munich, elles restituent l’esthétique MTV des années 80 grâce à un travail technique bluffant : caméras vintage Kowa, éclairage LED au rendu rétro, chorégraphies signées Mike Mayr et costumes flamboyants recréés par la talentueuse Ingken Benesch. Pas moins de 70 tenues différentes redonnent vie à l’extravagance du duo.
Une villa comme miroir du succès… et du vide
Lieu emblématique du film, la villa de Los Angeles, clinquante et surréaliste, illustre l’ivresse de la célébrité. Miroirs au plafond, mobilier criard, rien n’y est laissé au hasard. Le réalisateur en fait « le visage du film », un reflet de la perte de repères de Rob et Fab, qui finissent par se perdre dans leur propre image.
Plus qu’un biopic : un drame humain
Milli Vanilli, de la gloire au cauchemar évite les pièges du biopic classique. Il ne se contente pas de retracer un scandale musical, mais s’attache à deux êtres pris dans un engrenage qu’ils ne maîtrisaient plus. Le film explore les zones d’ombre, les manipulations de l’industrie musicale, mais aussi la candeur, le rêve, et la détresse.
Simon Verhoeven signe une œuvre touchante et rythmée, portée par une mise en scène habile et deux comédiens habités. Un film qui fait danser, mais surtout réfléchir.

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