Diamant Brut – Un ange de la télé-réalité

Synopsis : Liane, 19 ans, téméraire et incandescente, vit avec sa mère et sa petite sœur sous le soleil poussiéreux de Fréjus. Obsédée par la beauté et le besoin de devenir quelqu’un, elle voit en la télé-réalité la possibilité d’être aimée. Le destin semble enfin lui sourire lorsqu’elle passe un casting pour « Miracle Island ».

AVIS GLOBAL

Note : 4 sur 5.

Agathe Riedinger filme avec une certaine forme de fascination cette jeunesse biberonnée aux réseaux sociaux et à la télé-réalité. Sans jamais porter de jugement sur les rêves et les ambitions de son personnage, elle dresse le portrait d’une jeune femme déterminée, qui décide de façonner son corps et son apparence au service de sa quête de réussite et de reconnaissance, en dépit des obstacles qu’elle rencontre.

Diamant Brut | Pyramide Distribution

Mon corps, mon choix

La jeune Malou Khebizi est étonnante de justesse et elle n’a certainement pas volé sa place sur la liste des seize comédiennes en compétition pour concourir au titre du César de la meilleure révélation féminine. Elle incarne de façon très convaincante et assez bouleversante les rêves de cette jeunesse issue des classes populaires, pour qui devenir stars de la télé-réalité ou influenceurs semble être la seule voie possible pour s’extraire de leur milieu et s’offrir des portes de sortie vers une vie meilleure.

Faux cils, faux ongles, extensions capillaires, lèvres gonflées, seins augmentés… tout ce à quoi elle s’astreint pour échapper à sa condition sociale n’est pas sans rappeler les diktats de la beauté imposés aux femmes et dénoncés par Caroline Fargeat dans The Substance.

Le personnage qu’elle habite se révèle plus complexe et moins superficiel que son apparence le laisse penser. Sous cette force de caractère à toute épreuve se cache aussi une toute jeune femme aux rêves de petite fille, en cruel manque d’amour et dont le rapport à la sexualité, notamment, témoigne de son manque de maturité.

Le film se révèle un peu plus maladroit lorsqu’il pousse le curseur un peu trop loin pour dépeindre le contexte familial dans lequel elle évolue, avec une mère défaillante représentée de manière trop caricaturale, interprétée par Andréa Bescond, connue pour son spectacle adapté en film couronné d’un César, Les Chatouilles.

Diamant Brut | Pyramide Distribution

Ambition et maladresses

Mais le plus gros reproche que l’on pourrait faire au film est de reposer sur un scénario qui prend le pari de ne tenir que sur un seul enjeu narratif (la réussite ou non à un casting pour participer à une émission de télé-réalité célèbre), insuffisant pour capter l’attention du spectateur pendant 1h43. Certains trouveront donc que le film fait trop rapidement du sur place. D’autres diront que ce rythme lancinant permet de ressentir le vide et l’ennui inhérents à la vie de son héroïne et se régaleront des scènes plus contemplatives, à la photographie superbe et à l’esthétisme ultra léché. À mi-chemin entre le réel et l’onirisme, ce premier film surprend en effet par son ambition, notamment dans le soin qu’il apporte à l’image et par la beauté de certaines de ses séquences, comme touchées par la grâce.

Le film ne sait également pas toujours sur quel pied danser, entre empathie et critique, entre dénonciation d’un système et fascination pour cette jeunesse obnubilée par la mise en scène de soi et par la recherche de popularité. À vouloir ne porter aucun jugement, ni d’autre message que « chacun fait ce qui lui plaît », et en menant en parallèle un discours à la fois social et générationnel, la réalisatrice se perd un peu et semble renvoyer des signaux contradictoires, notamment lors d’un final dont on ne sait quoi penser.

Enfin, après celle composée récemment pour le film de Julien Colonna, Le Royaume, on saluera la très belle bande originale d’Audrey Ismael, qui parvient à accompagner les errances de cette jeune femme avec beaucoup de justesse, grâce à un violoncelle qui touche en plein coeur, notamment lors de scènes où apparaissent à l’écran les commentaires reçus par la jeune femme sur ses réseaux sociaux et synthétisant tous les maux de notre époque.

CONCLUSION

Un premier film qui a eu les honneurs de la compétition officielle au dernier Festival de Cannes, ce qui est assez rare pour être souligné, et qui, malgré ses quelques maladresses, donne envie, de par l’ambition qui le sous-tend, de suivre de près la suite de la carrière de sa réalisatrice.

20 novembre 2024 au cinéma | 1h43m | Drame

De Agathe Riedinger | Par Agathe Riedinger

Avec Malou Khebizi, Idir Azougli et André Bescond

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