La Passion selon Béatrice – Quand Dalle fait son show

Synopsis : Septembre 2022, Béatrice Dalle arrive en Italie. À l’origine de ce voyage, il y a le désir de marcher sur les traces de Pier Paolo Pasolini, l’homme de sa vie. D’Est en Ouest, du Nord au Sud, elle parcourt les décors de son rêve afin qu’advienne la rencontre. Ce film relate l’histoire de sa quête…

AVIS GLOBAL

Note : 4 sur 5.


Fort de sa réputation et de son talent de metteur en scène, Fabrice Du Welz peut faire ce qu’il veut dans sa filmographie. Pour son projet de 2024, en attendant la sortie de son sympathique Le Dossier Maldoror (en salles le 15 janvier 2025), Du Welz décide de faire un docu-fiction sur la vie de Pier Paolo Pasolini. Et qui de mieux pour parler de ce géant du cinéma italien que celle qui fait son éloge dans chacune de ses interviews : Béatrice Dalle. L’actrice punk complètement déjantée est ainsi le fil rouge de cette odyssée italienne.

La Passion selon Béatrice | Carlotta Films

Documentaire ou fiction ?

La Passion selon Béatrice est un documentaire. Cependant, quelques passages sont clairement mis en scène, pour le meilleur et pour le pire, en témoigne cette très longue scène ou Béatrice Dalle pleure devant L’Évangile selon saint Matthieu, extrêmement théâtrale et beaucoup trop longue, même si on comprend l’importance de cette séquence.

Mais si on enlève deux séquences présentes uniquement pour faire un remplissage un peu « arty », le film reste un documentaire honnête, qui arrive même à nous apprendre des choses sur Pasolini, même si l’on reste plus ou moins en surface.

Le film de Fabrice Du Welz préfère se concentrer sur le parcours que Béatrice Dalle entreprend avec Clément Roussier pour revenir sur les traces de l’un des artistes les plus important de sa vie. Et cela marche. On ressent la passion de Dalle pour cet homme et son travail, et on voit que ce voyage est, pour elle, un véritable pèlerinage. Le documentaire se concentre d’ailleurs énormément sur le ressenti de l’actrice, ainsi que son rapport au monde du cinéma, oubliant certaines fois l’objectif principal du concept d’origine pour se perdre dans les paroles de Béatrice Dalle.

Béatrice…

Et ces paroles sont vraiment merveilleuses. L’actrice se livre sans aucun tabou, face caméra, sur certains sujets sensibles, comme sa famille et sa relation avec son père. Cela donne lieu a des passages d’une incroyable beauté, qui touchent le spectateur par leur vérité. Bien sûr, Béatrice Dalle reste Béatrice Dalle. Certaines choses ont déjà été entendues dans plusieurs de ses interviews passées et elle n’échappe pas à quelques propos qui peuvent être problématiques.

Ces propos, sur l’attirance de Pasolini pour les très jeunes hommes, rare exemple qui reste en tête en fin de visionnage, montrent bien aussi, à quel point Béatrice Dalle adule Pasolini. Elle répond à la pique du réalisateur : « Oui, mais Pasolini profitait des jeunes garçons à qui il apprenait à lire et à écrire pendant la guerre», avec son légendaire je-m’en-foutisme, précisant qu’il profitait des jeunes et non des enfants, qui fait qu’on lui pardonne ces petits écarts, finalement insignifiants dans l’appréciation du long-métrage. On sent qu’elle ne veut pas faire de polémique gratuite et qu’elle ne pense pas sérieusement tout ce qu’elle dit.

Mais ce que l’on remarque, surtout, c’est la grande culture de l’actrice. Elle n’hésite pas à mentionner des artistes ou des œuvres qui la passionnent, qui l’animent. Avec une immense humilité, elle nous parle de son amour pour Bergman, pour Vivaldi et pour Jésus-Christ. On pourrait l’écouter parler pendant des heures tant elle est magnétique lorsqu’elle se met à parler d’art et de poésie.

La Passion selon Béatrice | Carlotta Films

Côté mise en scène

Fabrice Du Welz ne veut pas faire un documentaire lambda, nous montrant juste le voyage de Béatrice Dalle sur les traces de Pasolini. Alors, il fait des choix de mise en scène qui font que son film est assez unique pour ce genre cinématographique. Le noir et blanc est très travaillé, tout comme le travail sur les lumières.

On ressent des inspirations de plusieurs metteurs en scène, Fellini, mais surtout Antonioni, avec son personnage errant dans une Italie presque déserte. Même lorsqu’ils sont à Venise, tout semble vide. On est face à un film de fantômes sans fantômes. Du Welz arrive aussi à nous faire ressentir la « dolce vita » italienne en nous emmenant dans des lieux splendides, mais très peu fréquentés d’un pays pourtant plein de touristes, et le sentiment qu’on éprouve pendant ses scènes de voiture ou de promenade est tout simplement magique.

Bien sûr, le film est prétentieux par moments, il n’est même pas très beau une fois que Béatrice retourne à Paris (on ressent le poids de Saint Laurent Productions, tout finir par ressembler à une publicité), mais on arrive quand même à vibrer face à ce doux périple.

En conclusion

S’il n’arrive jamais vraiment à répondre au mystère Pasolini, ou même à réellement nous faire vivre la vie et l’œuvre de cet artiste, La Passion selon Béatrice n’en reste pas moins un très joli documentaire. On préfère se concentrer sur Béatrice Dalle, ses passions et ses névroses pour mieux comprendre son rapport au cinéaste italien, et c’est ici que le film devient passionnant. En parlant de Béatrice Dalle, elle rayonne dans ce film. Elle est drôle, touchante et complètement déjantée, exactement comme on peut l’imaginer. Elle semble d’ailleurs être une nouvelle muse du réalisateur belge, enchaînant les tournages avec lui, et on ne peut que s’impatienter de voir ce que cette nouvelle amitié va donner dans le futur…

20 novembre 2024 au cinéma | 1h23m | Documentaire

De Fabrice Du Welz | Par Fabrice Du Welz

Avec Béatrice Dalle, Clément Roussier, Abel Ferrara

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