Synopsis : Michelle, une grand-mère bien sous tous rapports, vit sa retraite paisible dans un petit village de Bourgogne, pas loin de sa meilleure amie Marie-Claude. A la Toussaint, sa fille Valérie vient lui rendre visite et déposer son fils Lucas pour la semaine de vacances. Mais rien ne se passe comme prévu.
AVIS GLOBAL
Réalisateur français extrêmement prolifique, François Ozon a pu, dans sa longue carrière, nous donner des chef d’œuvres comme d’affreux navets. Qu’en est-il, donc, de cet automnal drame familial ?

Un splendide portrait rural
Commençons par un des véritable point fort du film : sa représentation de la campagne. Ozon arrive à montrer avec un réalisme fou la vie dans un petit village. En plus des lieux de tournages qui sont charmants, il arrive à donner cette sensation d’isolement et de tranquillité que seuls les gens ayant vécu longtemps dans l’arrière-pays connaissent.
Chaque scène se passant dans le centre du village est également très réussie. Les figurants sont investis et le casting semble faire du « method-acting » tant on a l’impression que leurs personnages existent. À noter également de magnifiques plans d’extérieur, dans la nature, notamment durant les balades en forêt.
Sympathique drame, écriture compliquée…
Si la promotion du film laisse à penser que ce dernier sera un thriller psychologique, il n’en est rien, puisque le film se révèle être un drame on ne peut plus classique. Et ceci n’est pas vraiment un problème, l’aspect dramatique étant vraiment réussi. L’écriture des personnages, en particulier ceux d’Hélène Vincent et de Josiane Balasko, est assez réussie malgré quelques problèmes çà et là. Le film se laisse donc regarder sans soucis, et offre même quelques scènes très touchantes.
Cependant, le scénario est problématique sur un certain nombre de points. En effet, le film lance des sous-intrigues qui auraient pu être plus ou moins intéressantes, mais qui ne seront plus jamais mentionnées dans le reste de l’histoire.
Deux parfaits exemples seraient un passage d’Hélène Vincent se questionnant sur une potentielle sénilité face à son docteur dont on ne reparlera pas, et une phrase prononcée par le personnage de Ludivine Sagnier par rapport au personnage de Pierre Lottin qui aurait pu conduire à quelque chose, mais dont on ne saura jamais ce dont il s’agit.
Que de pistes avortées, donc, qui auraient du être supprimées du film pour ne pas l’alourdir de questions sans réponses.

Un casting à point
Une très jolie brochette d’acteurs est à l’affiche de Quand vient l’automne. Hélène Vincent, 81 ans, interprète avec tendresse son personnage, le rôle principal. Cela fait du bien de voir une actrice âgée en tête d’affiche, surtout pour un film de François Ozon. Le réalisateur a par le passé gâché le talent de plusieurs actrices avec des rôles terriblement problématiques. Ce changement de direction est donc très appréciable.
Attention, le personnage d’Hélène Vincent n’est pas non plus le mieux écrit de la carrière d’Ozon. Il y a énormément de références à son passé qui sont assez gênantes et qui n’apportent rien au récit. Mais c’est bien lorsqu’elle n’est qu’une grand-mère qu’Hélène Vincent brille le mieux, dans toute sa complexité.
En plus de Vincent, le film offre à Josiane Balasko l’un de ses rôles les plus vrais. D’une justesse folle, Balasko est la vraie pépite du film. Son personnage est parfait et elle vole la vedette à tous ses partenaires de jeu.
Pierre Lottin, quant à lui, essaie de faire du Raphaël Quenard. Parfois cela marche, parfois moins, mais il n’est pas dénué de charisme et son jeu n’est pas particulièrement gênant. A noter également la performance très naturelle de Garlan Erlos, jeune acteur prometteur.
Malheureusement, le film perd en crédibilité à chaque fois que Ludivine Sagnier apparaît à l’écran (peu de fois, heureusement). Si elle est d’ordinaire une très grande actrice, elle campe ici un personnage si mal écrit qu’elle ne peut que le jouer très mal.
Chaque dialogue qu’elle doit dire est sur-écrit et finit par ressembler à des dialogues de lycéens dans un film amateur. Ce personnage est d’un cliché et toutes ses scènes sont inutiles, n’apportent rien au récit et changent complètement le ton du film. Vous l’aurez compris, le véritable gros problème de ce film est ce personnage, qui aurait du apparaître seulement quelques scènes et ne jamais revenir.
Une fin de trop
La fin du film, très opératique, ne reste que dix minutes de trop, qui auraient très bien pu ne jamais exister. On sent que François Ozon a absolument tenu à rajouter ses dix minutes pour montrer l’évolution d’un personnage, qui n’est pas du tout pertinente, puisqu’il n’est pas du tout le centre de l’intrigue.
Et alors que ces dix minutes nous offrent une série de dialogues pas très intéressants avec un étalonnage qui ne marche pas (les contre-jours sont supprimés numériquement et on le voit très bien avec une image qui tremble bizarrement), la fin arrive comme un cheveu sur la soupe et devient une véritable parodie de tragédie shakespearienne dont on se serait volontiers passé.
En conclusion
Malgré d’énormes défauts d’écriture, Quand vient l’automne reste un assez bon film, qu’on peut conseiller au moins pour sa vibe automnale qui tombe au parfait moment. Hélène Vincent et Josiane Balasko sont splendides et on ne passe pas un moment désagréable.
Le film ne restera probablement pas dans les esprits, mais il pourra au moins vous divertir en ces froides journées d’octobre.
2 octobre 2024 au cinéma | 1h42m | Drame
De François Ozon | Par François Ozon
Avec Hélène Vincent, Pierre Lottin, Josiane Balasko
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