Ses trois filles – Trois sœurs face à la mort

Synopsis : À New York, trois sœurs brouillées se retrouvent au chevet de leur père en fin de vie.

AVIS GLOBAL

Note : 3 sur 5.

En cette année 2024, les productions cinématographiques proposées par Netflix sont toutes plus décevantes les unes que les autres, à quelques exceptions. Alors que la mise en scène ne semble plus importer et que les scénarios se ressemblent de plus en plus, chaque rare tentative de faire une véritable œuvre « intéressante » doit être mentionnée. Alors, que vaut Ses trois filles, petit huis clos porté par un trio d’actrices assez intrigant ?

Ses trois filles | Netflix

Le Roi Lear

Derrière ce synopsis des plus simples, on peut se demander de quel livre Ses trois filles est une adaptation. Dès les premières secondes, on ressent une forte onde théâtrale : du lieu unique aux dialogues sur-écrits à l’interprétation de ses actrices, il n’y a aucun doute sur le fait que la pièce originale a dû avoir un véritable succès. Et bien non ! Le long-métrage, semblerait il, est entièrement original, même si l’on peut facilement voir ses inspirations.

Malheureusement, le film est bien trop écrit pour être complètement crédible et c’est en partie ce qui lui fait défaut. Les dialogues, bien que trouvant un bon ton à partir d’une heure de film, sonnent juste trop faux pour qu’on y croit et, de ce fait, influent inconsciemment sur la prestation des actrices. Le film aurait été beaucoup plus pertinent en pièce de théâtre ou en court-métrage, cette théâtralité rendant le film plutôt fatigant à certains moments.

Une mise en scène peu inspirée…

Avec un tel concept, Ses trois filles ne pouvait pas être le genre de film ou la caméra s’envole pour nous offrir des plans spectaculaires. Cependant, le réalisateur aurait pu faire quelques efforts, en particulier du côté de la colorimétrie de son film, qui agresse l’œil tant elle est saturée.

Les couleurs froides sont utilisées pour accompagner les personnages à l’extérieur de l’appartement, n’apportant rien de plus au long-métrage. Les couleurs chaudes, destinés à l’intérieur, sont affreuses et n’ont aucune raison d’être.

Alors que le réalisateur enchaîne seulement les plans fixes pendant tout le film, il arrive tout de même à donner une ambiance presque onirique à certains moments, avec des scènes de monologues et de dialogues entre sœurs qui deviennent alors hypnotisantes en nous faisant perdre toute notion du temps.

C’est une sensation très particulière, mais qui se produit à quelques reprises et qui n’est pas désagréable. Jacobs a certainement voulu nous faire vivre l’attente des trois personnages principaux en même temps qu’eux, et cela marche étrangement plutôt bien, étant donné que, paradoxalement, le film, qui se veut assez lent, ne manque pas de rythme.

Ses trois filles | Netflix

Le véritable point fort du film

Inutile de préciser que Ses trois filles est un film de performance. Sans ses trois actrices principales, le projet n’aurait pas été le même, loin de là. En effet, pour camper les trois sœurs de son drame familial, Jacobs nous propose trois choix audacieux, mais réussis. Carrie Coon (déjà excellente dans le Gone Girl de Fincher), nous prouve une fois de plus qu’elle est l’une des meilleures actrices de sa génération, et qu’elle est bien trop sous-estimée. Elle enchaîne les dialogues avec une précision folle, et ne laisse pas une seule seconde de répit à ses partenaires de jeu comme au spectateur. Elle est énervante, mais aussi terriblement touchante, et interprète certainement le personnage le plus nuancé du long-métrage.

Elizabeth Olsen fait quant à elle ce qu’elle peut avec un personnage plus discret, et s’en tire avec tous les honneurs. Elle est reléguée au second plan à plusieurs reprises, et n’a pas de scène où elle peut briller et montrer ce qu’elle sait faire. Elle n’en est pas moins extrêmement touchante quand il le faut, et nous confirme qu’elle est plus qu’une simple actrice de super-héroïne.

Bien évidemment, le pari le plus risqué fut Natasha Lyonne, qui excelle d’ordinaire dans des rôles comiques, et qui se voit ici offrir le grand rôle dramatique de sa carrière. Pas très loin du personnage de Claire Fisher dans la série Six Feet Under, son personnage est la traditionnelle « demi-sœur » qui ne se sent pas complètement acceptée dans la famille, puisque le mourant n’est pas son père biologique. Si son personnage ne brille pas par son originalité, Lyonne n’en est pas moins excellente, nous convainquant dès son premier monologue et entrant dans le club restreint des acteurs ayant réussis leurs contre-emploi.

Cependant, les personnages sont terriblement clichés, et totalement conformes à des personnages type des drames de ce genre. Cela rend d’autant plus merveilleuse l’interprétation de ces trois actrices, qui arrivent à briller malgré une écriture souvent très grossière et pas aussi développée qu’elle ne voudrait le faire croire.

Un tire-larme efficace

Même s’il n’a visiblement pas été réalisé pour faire énormément pleurer le spectateur, le film fait bien sûr son petit effet, même pour les moins sensibles, puisqu’il traite de sujets communs à quasiment tous les êtres humains : la mort, la sororité/fraternité pour ne citer que cela.

Ainsi, le final est assez touchant, marqué par un monologue assez inattendu qui n’a absolument aucune utilité dans l’intrigue, mais dont on comprend tout de même l’objectif. S’il dénote complètement du reste du film tant il est complètement sorti de nulle part, on finit par comprendre ou Jacobs veut nous emmener et on accepte d’écouter le monologue jusqu’au bout pour finir par verser une petite larme.

En conclusion

S’il n’est pas toujours à la hauteur en termes d’écriture et que sa mise en scène laisse très souvent à désirer, Ses trois filles laisse le spectateur avec une très belle sensation.

On a l’impression de sortir d’un rêve quand arrive le générique et les thématiques humaines dont on a été témoins sont traitées avec un minimum de justesse pour que l’on puisse s’identifier aux personnages. Le film est donc très imparfait, n’est même pas inoubliable, mais reste au-dessus des dernières productions Netflix. À voir au moins pour ses trois actrices principales absolument merveilleuses.

20 septembre 2024 sur Netflix | 1h41m | Drame

De Azazel Jacobs | Par Azazel Jacobs

Avec Carrie Coon, Natasha Lyonne, Elizabeth Olsen

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