The Deliverance – Gros casting, petit résultat

Synopsis : Ebony et ses trois enfants rencontrent des incidents surnaturels dans leur maison de l’Indiana. Petit à petit, les enfants se retrouvent possédés par un démon…

AVIS GLOBAL

Note : 0.5 sur 5.

Une bande-annonce intrigante et un quatuor de légendes n’ont pas pu sauver ce projet pratiquement perdu d’avance, essayant de jouer dans la cour des grands alors qu’il n’est pas du tout à leur niveau. Mais alors, qu’est-ce qui ne va pas dans le nouveau film de Lee Daniels ?

The Deliverance | Netflix

Une « histoire vraie » qui fait lever les yeux au ciel

Le film s’ouvre sur la fameuse phrase « Les événements présentés dans ce long-métrage sont inspiré d’une histoire vraie », phrase qui annonce généralement que le film ne sera pas si effrayant, et qui n’est souvent pas vraie du tout.

Autant vous dire que dans cette production, l’histoire « vraie » nous importe peu, puisqu’on voit bien que quasiment tout est fiction. Et si la phrase citée ci-dessus peut faire peur, sachez que les frissons ne sont jamais au rendez-vous, contrairement à l’ennui.

La première heure du film nous présente notre personnage principal, Ebony, mère célibataire (le père est soi-disant parti en Irak, la laissant seule avec sa mère et ses trois enfants.) très portée sur la boisson et qui n’est pas tendre avec ses proches, se montrant même violente à de nombreuses reprises. C’est long, c’est ennuyeux, et toute cette interminable introduction n’est qu’une succession de dialogues entre Ebony et sa mère, toujours houleux et plein de reproches, et qui n’ont pratiquement jamais de rapport entre eux.

Parfois, quelques scènes horrifiques se glissent entre deux dialogues, mais elles sont décevantes et très peu efficaces.

La mère violente est une sainte !

Lee Daniels propose donc de nous pencher sur un portrait de femme mal-aimable, souvent éméchée et qui enchaîne les mauvaises décisions pour elle et ses enfants. Il passe toute cette heure à nous la faire détester de plus en plus dans des scènes redondantes qui nous montrent coups, insultes et titubations.

On se fait donc à l’idée que cette mère ne pourra rien contre le « démon » qui s’est emparé de sa famille, ce qui aurait été plutôt intéressant sur le papier, puisqu’elle ne peut même pas se sauver elle-même. Mais passé la première moitié, Ebony deviens une véritable héroïne, prête à tout pour sauver les siens.

Elle devient alors une mère courage, qui va faire sortir son fils de l’hôpital en douce pour sauver son âme, car on apprend avec stupeur qu’elle n’a jamais fait de mal à ses enfants, et que tout ceci est l’œuvre du démon, alors qu’elle met déjà un coup-de-poing à son fils au bout de dix minutes de film. Daniels essaie de faire d’Ebony un personnage complexe et nuancé, mais au final, il se révèle être très manichéen.

Et nous ne parlerons pas de cet exorcisme final, mettant notre « héroïne » face à ses propres démons, tentant de nous faire aimer cette femme qui est prête à sacrifier son alcoolisme et ses problèmes de gestion de la colère pour sauver la vie de ses enfants. La mère violente est glorifiée dans un méli-mélo d’imagerie catho-porn et d’iconisation à vomir. On lui pardonne tout, puisqu’elle décide de s’ouvrir à Dieu pour vaincre le mal qui est aussi en elle.

The Deliverance | Netflix

Plutôt Conjuring ou Mister Babadook ?

Ni l’un, ni l’autre en vérité. Pourtant, il veut l’être. Il veut désespérément l’être. Le film plagie certaines scènes des grands classiques de films de possessions et maisons hantées, et alors qu’il essaie de les refaire dans toute leur splendeur, il échoue lamentablement, donnant un résultat ridicule à souhait.

Le long-métrage va même jusqu’à tenter de créer un personnage secondaire de médium/exorciste aussi iconique que le couple Warren (bien qu’il y ait beaucoup à dire sur eux aussi) ou qu’une Elise Rainier dans la saga Insidious, avec le personnage d’« apôtre » campé par une Aunjanue Ellis-Taylor en totale roue libre. Sans surprise, ce personnage ne sert pas à grand-chose, et n’apparaît qu’une dizaine de minutes en tout.

Lee Daniels n’évite évidemment pas les clichés du genre, et les réutilise de façon exagérée et répétitive. Il faut tout de même avouer qu’il n’y a pas beaucoup de jumpscares, ce qui est assez agréable, mais à la place, on enchaîne les yeux qui se noircissent, les voix graves qui balancent des insultes ou encore les corps qui se disloquent (pour ne citer que ces éléments).

En bref, ce film, qui essaie d’atteindre l’excellence d’un Mister Babadook, reprenant les mêmes thèmes sur la part sombre de la maternité, se trouve finalement au même niveau que L’Exorciste : Dévotion, qui, rappelons-nous, était loin d’être un bon film.

Un casting étonnant

Si Andra Day se débrouille comme elle peut (elle nous a déjà prouvé avec Billie Holiday : Une Affaire d’État qu’elle était une très bonne comédienne), elle n’est ici pas aidée par un rôle très mal écrit.

Elle est secondée, dans une photographie jaune vraiment laide, par Aunjanue Ellis-Taylor et Mo’Nique. Cette dernière est certainement le meilleur élément du film. Elle interprète une agente des services sociaux plutôt bien développée, qui prend toutes les bonnes décisions et qui est magnifiquement aidée par le charisme naturel de son actrice.

Les acteurs des enfants (dont Caleb McLaughlin, vu dans Stranger Things) sont également plus ou moins convaincants, le scénario ne les aidant pas non plus.

Mais on ne pourra pas clore cette partie sans parler de l’éléphant au milieu de la pièce, celle qui a fait parler d’elle dès la publication des premières images : Glenn Close.

Du haut de ses 77 ans, Close défie tous les préjugés par rapport à l’âge et au genre, avec un personnage au look intéressant. Maquillée comme une Bette Davis dans Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? et portant des jeans troués et d’immenses créoles, elle laissera un souvenir impérissable au spectateur, peu importe son opinion.

Mais elle est aussi en roue libre. Tout comme sa performance dans Une ode américaine de Ron Howard, elle surjoue tellement que son interprétation ne peut que diviser. Ici, elle interprète la mère du personnage principal, et est surtout là pour soulever des questions sur la négrophilie et l’appropriation culturelle. Il est difficile de se prononcer totalement sur ce personnage tant il est bizarre et complexe, mais une chose est sûre, c’est que Close en a fait une ode au « camp ».

En conclusion

The Deliverance est sans aucun doute l’un des pires films sortis cette année.

Essayant d’utiliser le prétexte de la possession démoniaque pour traiter de sujets graves comme les violences domestiques, l’alcoolisme ou la maternité, le film se plante complètement et offre une succession de clichés qui vont jusqu’à glorifier une femme violente.

Tout sonne faux, rien n’est terrifiant et on s’ennuie ferme devant ce film d’une stupidité aberrante, qui tourne au ridicule dans une scène d’exorcisme digne d’une parodie. Le côté excessivement chrétien du long-métrage n’aide évidemment pas, et semble même être une immense pub pour La Bible. C’est une expérience particulièrement irritante, Lee Daniels mettant trop de balles contre son camp, en faisant toutes les erreurs possibles.

On est loin de son Precious, qui, à défaut d’être subtile, avait au moins le mérite de savoir raconter son histoire.

30 août 2024 sur Netflix | 1h 52m | Épouvante-horreur

De Lee Daniels | Par Lee Daniels

Avec Andra Day, Glenn Close, Mo’Nique

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