Trap : 30 000 spectateurs. 300 policiers. Un tueur. Cooper, père de famille et tueur en série, se retrouve pris au piège par la police en plein cœur d’un concert. S’échappera-t-il ?
AVIS GLOBAL
Cela fait déjà un bon bout de temps que tout le monde semble déçu par M. Night Shyamalan, qui continue malgré tout à enchaîner les projets depuis le début de la décennie. Trap, nouveau bébé du metteur en scène, fait-il partie de cette série de déceptions ou réussit il à sortir du lot ?

Josh Hartnett : la banalité du mal.
Cette phrase ci-dessus pourrait prêter au film un côté intellectuel. Autant vous prévenir tout de suite : le film n’est pas aussi intelligent. Le concept (très prometteur) a clairement été développé sans trop se poser de questions, et ce n’est pas un gros problème en soit. Pourtant, malgré une absence de réflexion sur un sujet se prêtant pourtant bien aux thématiques du film, le spectateur peut tout de même se questionner sur ce sujet, et cela est une réussite inconsciente du long-métrage.
Le personnage de Cooper, tantôt bien écrit, tantôt caricatural, est le personnage parfait pour nous montrer que l’homme lambda peut être un véritable monstre. En effet, Cooper est pompier, bon père de famille, mari aimant. En un tout petit dialogue avec un employé de la boutique de souvenirs du concert, on découvre la double vie de ce personnage que l’on suivra pendant plus d’une heure quarante, et on ne peut que se demander comment cet homme parfait en est venu à tuer des innocents pour son plaisir.
Une parodie de psychopathe
Même sans s’y connaître en psychologie, il ne faut pas avoir fait bac +5 pour rapidement se rendre compte que ce portrait de psychopathe, au départ plutôt bien dépeint, tombe rapidement dans un ridicule particulièrement grossier au fil des séquences.
Si toute la première partie se déroulant dans la salle de concert est très maîtrisée, c’est à partir du moment ou notre « héros » à la possibilité d’entendre et de suivre ce que la profileuse du FBI dit sur lui, sur son enfance et ses TOC que le personnage commence à agir comme tel, dans des scènes très gênantes où il remet en place des raquettes de tennis ou des cadres pendant qu’il poursuit quelqu’un. Comme si Shyamalan s’était dit que son personnage plutôt nuancé ne faisait pas assez « psychopathe » et qu’il fallait que le public comprenne bien que l’homme qu’il suit est un véritable monstre sanguinaire.
C’est aberrant et de très, très mauvais goût, d’autant plus que le lien entre sa mère pendant son enfance et ses troubles n’est que survolé pendant dix secondes mais qu’elle sera réutilisé par deux personnages, qui feront le coup de « parler au tueur comme si ils étaient leur mère », scènes qui feraient pâlir n’importe quelle scène d’un Vendredi 13 mentionnant Pamela Voorhees.
Concert plaisant et népotisme à peine caché.
Le concert dans lequel se déroule la majorité de l’intrigue est assez spectaculaire, il faut l’avouer. Le lieu ou a été tourné ces scènes semble petit, mais une fois le show commencé, on ne peut que saluer un effort pour nous faire croire à une vraie représentation, avec des effets de lumière, des hologrammes et des invités de luxe simples, mais qui réussissent à nous immerger dans l’atmosphère du lieu.
Certaines scènes sont même très jolies, Shyamalan s’amusant avec les traditions en utilisant des flashs de téléphones ou des bracelets souvenirs aussi bien pour s’amuser esthétiquement que pour faire avancer le récit ou faire passer un message grâce à la mise en scène.
Le film est également un prétexte pour que Shyamalan puisse faire de la publicité à sa fille, Saleka, auteure-compositrice-interprète, qui s’improvise ici actrice, Trap étant son tout premier rôle. Même si l’on sent qu’elle n’est parfois pas très à l’aise devant la caméra, elle s’en tire plutôt bien, en partie dans la deuxième moitié du film ou elle a la possibilité de jouer plus que de chanter.
Elle dégage quelque chose de sincère et est vraiment touchante, malgré le scénario qui ne l’aide pas souvent, avec des répliques pendant son concert qui sont d’une mièvrerie sans nom. Népotisme, certes, mais qui fonctionne plutôt bien. À voir, donc, si Saleka Shyamalan retente le coup avec un prochain projet.

Un casting aux petits oignons
En plus de Saleka Shyamalan, le film est porté par Josh Hartnett, qui, en plus de revenir en force sur les écrans (Oppenheimer, Black Mirror, The Bear) offre ici une prestation honnête, qui n’essaie pas de tomber dans la caricature grossière comme peut le faire le scénario (sauf sur la fin, mais c’était assez inévitable), et porte le film à bout de bras.
Il est secondé par Ariel Donoghue, nouvelle actrice très prometteuse d’à peine quatorze ans, qui fait ce qu’elle peut avec un personnage développé, mais pas trop, et par Alison Pill, habituée des seconds rôles et excellente.
Comme dans Split, Shyamalan veut absolument qu’il y ait une « psychologue » jouée par une ancienne gloire d’Hollywood. Cette fois-ci, Hayley Mills succède à Betty Buckley dans le rôle d’une profileuse intéressante, bien que sous-utilisée, mais qui a tout de même une certaine classe et un charisme indéniable.
Un final intense mais lassant
Alors que le film semble se terminer au bout d’une heure vingt, avec un changement de décor plutôt bien trouvé et une conclusion quasi parfaite, Shyamalan décide de faire un pied de nez à son public, en rajoutant une série de climax et de fausses fins qui sont, au départ, plutôt amusantes, mais qui finissent par lasser le spectateur.
En effet, ces fausses fins deviennent de plus en plus insupportables tant elles sont tirées par les cheveux, invraisemblables et plutôt dans un esprit de comédie d’évasion que d’un réel thriller. Elles finissent par dénoter par rapport au reste du long-métrage et sont totalement inutiles, gâchant ainsi un sympathique thriller déjà ponctué d’énormes facilités scénaristiques et autres deus-ex-machinas qui réussissaient quand même à passer malgré tout.
En conclusion
Trap n’est ni un mauvais film, ni le retour en force de Shyamalan. C’est un bon divertissement qui fonctionne très bien, avec un concept, il faut tout de même l’avouer, assez savoureux et une exécution efficace.
Cependant, trop de facilités scénaristiques, de pièges pour le public et de passages caricaturaux font que ce n’est pas entièrement un bon divertissement, en tout cas si l’on réfléchit sérieusement sur le film. En effet, le film est à voir sans trop penser théorie et technique, et seulement pour passer un bon moment dans un endroit frais en ces temps caniculaires.
Dans tous les cas, il est à voir, mais ne vous attendez pas à un film révolutionnaire où vous serez terriblement déçus.
7 août 2024 en salle | 1h 45m | Thriller, épouvante-horreur
De M. Night Shyamalan | Par M. Night Shyamalan
Avec Josh Hartnett, Ariel Donoghue, Saleka Shyamalan
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