Eat the Night – Un film qui ensorcelle malgré quelques ratés

Eat the Night : Pablo et sa sœur Apolline s’évadent de leur quotidien en jouant à Darknoon, un jeu vidéo qui les a vus grandir. Un jour, Pablo rencontre Night, qu’il initie à ses petits trafics, et s’éloigne d’Apolline. Alors que la fin du jeu s’annonce, les deux garçons provoquent la colère d’une bande rivale…

AVIS GLOBAL

Note : 3.5 sur 5.

Le duo Caroline Poggi et Jonathan Vinel reviennent sur grand écran pour leur deuxième long-métrage ensemble ! Avec ce nouveau projet, le duo à la réalisation, comme au scénario, nous plonge dans un récit familial où la réalité se mêle au virtuel. C’est en nous en présentant un récit sur une adolescence dans un monde violent, où un jeu vidéo arrive à son terme, et où un trafic de stupéfiants pourraient tout faire imploser… On se retrouve propulsé dans un film qui mélange les genres. Mais est-ce qu’il va réussir à nous emporter dans sa quête ? Ou bien est-ce que nous resterons de marbre face à ce récit ?

Eat the Night | Tandem

Eat the Night est un métrage plein d’émotions, malgré des écarts qui déroutent par moments. Grâce à des instants d’une émotion presque candides, le film regorge d’idées pour nous emporter avec lui. En nous emportant du Havre aux contrées héroïques de Darknoon, le film est un petit écrin sur une adolescence à toute épreuve, étrillée dans une société violente, où le choix de la fuir ou de l’embrasser peut terrifier. Et cela avant de plonger dans un fond romantique, où la cellule familiale peut imploser à tout moment, mais où nos cœurs peuvent aussi éclater. Une force s’échappe de ce film, malgré ses faiblesses narratives qui affaiblissent parfois le tout.

Jeux vidéos, drogue, romance… Un mélange d’émotions explosif.

Ici, le film va venir mélanger ses intrigues, multiplier les thèmes. Alors qu’il nous présente ce qui sera le médium le plus important du récit : Darknoon ; ce jeu d’heroic fantasy qui aura vu grandir nos deux héros, Apolline et Pablo, et qui sera le terrain de jeu, mais aussi le lieu de communication de ce duo, où tout semble se catalyser.

Le métrage va se plaire à déployer une flopée de thématiques, d’intrigues, en plus de la fermeture du jeu, source d’angoisse pour la jeune Apolline. Que ce soit Pablo qui entre en guerre de gang avec une bande de dealers bien implantée au Havre, ou bien une romance tendre lorsqu’il rencontre Night… Ce sera ces trois arcs narratifs majeurs que le récit va suivre !

Eat the Night | Tandem

Au fil du récit, les trois arcs se mêlent pour nous laisser dans le doute. Est-ce que l’arrivée de cet amant fera imploser ce duo, ou bien saura-t-il s’élargir pour accueillir ce nouveau membre ? Comment cette rivalité entre Pablo et ce gang va aboutir ? Comment Apolline gère sa solitude dans une cellule familiale est comme disloquée ?

C’est autant de questions que le film se pose, et qui dresse aussi un portrait actuel d’une jeunesse, sans tomber dans un point de vue moralisateur. La beauté de certaines scènes est assez saisissante, comme cette initiation entre Pablo et Night, ou ces retrouvailles entre Apolline et Pablo… Jusqu’à ces conversations/confessions entre Night et Apolline via des avatars digitaux.

Tout est pensé pour nous submerger peu à peu, jusqu’à un final où tout explose. Entre violence, romance et amour fraternel, tout s’emporte et vient frapper le spectateur tout au long d’un récit qui vient se faire s’entrechoquer le réel et le virtuel. Pour le meilleur, comme pour le moins réussi !

L’émotion nous tient, mais le récit… Un peu moins !

Car si le film nous tient en haleine de par son émotion presque implacable, le récit comporte tout de même quelques faux pas, qui auraient pu lui être fatal ! En effet, à vouloir multiplier les intrigues, leurs traitements respectifs sont plus inégaux. Un manque de finition narrative qui peut laisser un peu sur sa faim à vrai dire.

Et ce problème intervient assez rapidement dans le récit, où l’introduction des différentes intrigues intervient de manière assez abrupte, sans forcément penser à la cohérence narrative. Comme par exemple ce conflit de territoire sur le trafic de Pablo, où l’influence du gang et ses enjeux restent obscurs. De manière globale, on peut regretter un manque de continuité dans le déroulement du scénario, où certains aspects resteront en suspens, et où le développement peut manquer de profondeur par instants.

Eat the Night | Tandem

C’est ici que le moule se fissure ! Et quel dommage de tomber dans quelques facilités qui font faire perdre le tout en crédibilité. En particulier autour du personnage de Pablo et de certains rebondissements un peu grossiers, voire prévisibles. Alors que l’ensemble du métrage tente de casser les codes, la progression de certaines intrigues retombe dans certains patterns dommageables.

Et ces quelques ratés font retomber le soufflé et peuvent faire sortir certains spectateurs du film, et de son émotion. Ou encore une romance, bien que belle, manque d’un certain renouveau, pour faire ressortir un schéma assez convenu.

C’est là le plus gros point faible du métrage, avec des erreurs de départs qui restent, pour la plupart, gravées jusqu’au bout du scénario. Et cela malgré un rythme qui reprend des forces dans sa deuxième partie, avec une émotion qui monte peu à peu, mais qui souffrira toujours un peu de ses errances scénaristiques.

Au final, on fonce ? Ou on passe ?

Dans sa globalité, Eat the Night est un film d’une grande émotion ! Venant nous emporter dans un dédale où la triste réalité se heurte à un monde virtuel coloré, où l’imaginaire nous permet de nous dévoiler, nous exprimer. L’ensemble nous fait exploser le cœur dans une troisième partie chargée d’une certaine beauté, où des retrouvailles au goût amer sont comme un déchirement. Un serveur se ferme, une famille s’éclate, et la beauté jaillie.

Eat the Night | Tandem

On ne pourra que regretter que le scénario manque de constance, venant tomber dans certains travers. Et si l’ensemble des erreurs parviennent à se faire oublier, le plus gros reste dans nos esprits, et peut nous décevoir un peu.

On en retient un trio d’acteurs fascinants, qui nous emportent dans un tourbillon de passions, d’angoisses, de turbulences… Comme une cristallisation d’une jeunesse moderne, emportée dans un monde où le virtuel et le réel s’entrechoquent en permanence, où la violence s’immisce partout. Un portrait touchant, bien qu’inégal par instants !

17 Juillet 2024 en salles | 1h47 | Drame, Thriller

De Caroline Poggi et Jonathan Vinel | Par Caroline Poggi et Jonathan Vinel

Avec Théo Cholbi, Erwan Kepoa Falé, Lila Gueneau

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