Mad Fate – La folie à tous les niveaux


Mad Fate : Par une nuit d’orage, un maître de feng shui tente de sauver une prostituée d’une mort certaine, mais le destin en a décidé autrement. Arrivé à son domicile, il découvre le corps de la jeune femme, victime d’un abject serial killer. Un livreur déboule à son tour sur la scène de crime, hypnotisé et fasciné par ce qu’il voit. Le maître de feng shui prédit au garçon un avenir sombre et meurtrier. Mais cette fois, il jure de tout faire pour changer le cours des choses. Sauf que l’inspecteur chargé de l’enquête est convaincu que le livreur est un psychopathe-né dont la soif de sang ne peut être arrêtée…

AVIS GLOBAL

Note : 5 sur 5.

Si l’on ne connaît le bonhomme en France que véritablement depuis 2021 et sa reconnaissance avec Limbo, il avait déjà une dizaine de métrages à son actif (la majorité sous le pseudonyme Pou-Soi Cheang). Pour ceux qui ne le connaissent toujours pas, entrez donc chez ce fou furieux de Soi Cheang

Après avoir révolutionné le polar avec son noir et blanc sépulcral, qui n’aurait eu envie de voir ce que la nouvelle sortie du trublion hongkongais allait donner ? (Hasard du calendrier le prochain très attendu passé à Cannes City of Darkness sortira dans moins d’un mois en France). Et ce que l’on peut dire c’est qu’on n’était pas au bout de nos surprises…

Mad Fate | Carlotta Films

Un changement radical

On troque le polar noir sérieux et ténébreux pour une exploration de la folie à tous les étages. Personne ne s’attendait à une œuvre qui demande au spectateur d’abandonner toute rationalité et de plonger dans un univers gouverné par la folie. Déjà de par son titre on est tout de suite dans l’ambiance, ce « destin fou » donc, qui agit à l’opposé d’une œuvre peu connue que l’on vous recommande, L’agence de George Nolfi, adaptation de la nouvelle Rajustement de Philip K.Dick, une jolie tentative de science-fiction qui s’évertuait à nous montrer que nous sommes maîtres de notre propre destin et de louer le libre arbitre.

Ici, on est à l’opposé. Tout nous montre que nous sommes liés par notre destin, que l’on ne peut totalement y échapper et qu’il faudrait plutôt apprendre à le discerner, à vivre avec, destin qui se manifeste sous plusieurs formes comme à quelques reprises en chat noir numérique. Rien qu’avec ça, vous devez vous demander où vous avez mis les pieds.

Une folie de chaque instant

Folie de la réalisation qui n’est jamais statique accompagnant les personnages, les surplombant ou les filmant en contre plongée, s’en éloignant ou même s’en détachant en faisant tourner le cadre.

Folie des couleurs qui explosent avec ces néons disposés dans les chambres servant à la prostitution ou ces scènes d’éclairs colorés qui imprègnent la rétine en opposé à cette colline peuplée de tombes dans les teintes brun-gris.

Folie du rythme où on a l’impression d’être dans un rollercoaster. Le film s’enchaîne à une vitesse folle et un deuxième visionnage n’est pas de trop face à cette œuvre.

Folie du son qui s’accentue à outrance comme un des signes annonciateurs des déclics d’un des personnages accolé à un deuxième élément – si vous faites bien attention – alors que le signe annonciateur d’un autre personnage sera purement physique.

Mad Fate | Carlotta Films

Qui se retrouve chez les personnages

La folie est traitée de manière héréditaire chez ce livreur pris dans la tourmente qui se demande si ses parents n’y sont pas pour quelque chose. En ce qui concerne l’autre personnage principal, celui du medium, rien que cette profession paraît complètement insensée aux yeux de la majorité et ce n’est pas tous ces rituels plus abracadabrants les uns que les autres qui viendront vous dire le contraire.

Enfin, ce serial-killer qui assassine brutalement sans autre but que de profiter de la jouissance de l’instant et qui fait office d’élément maléfique de départ de l’intrigue. Et pour accentuer cela, ils ont tous des « faciès » atypiques, de vraies gueules de cinéma que les acteurs emploient à merveille toujours dans le même but de symboliser cette folie qui irradie Mad Fate.

Acceptez le contrat

Pour faire corps avec cette œuvre il faut accepter de ne pas comprendre, de ne se fier à la logique habituelle mais que cette histoire en a sa propre, cohérente dans son univers, ceci fait vous êtes prêt maintenant.

17 juillet 2024 en salle | 1h 49min | Drame

De Soi Cheang | Par Melvin Li, Nai-Ho Yau

Avec Ka Tung Lam, Lok Man Yeung, Ting Yip Ng, Wing-Sze Ng

Titre original Ming On

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