Mon parfait inconnu – La vérité si je mens…

Mon parfait inconnu : Ebba, jeune femme solitaire de 18 ans, travaille dans le port d’Oslo. Un soir, elle découvre à terre un homme d’une grande beauté, blessé à la tête. Se rendant compte qu’il est atteint d’amnésie, elle lui fait croire qu’ils sont amants et leur construit un univers bâti sur le mensonge. Mais progressivement, Ebba comprend que les pires tromperies ne viennent peut-être pas d’elle…

AVIS GLOBAL

Note : 3.5 sur 5.

Dans ce thriller norvégien, le mensonge est exploré sous toutes ses formes, personnifié par une jeune femme tellement seule qu’elle est prête à tout pour avoir un peu d’amour. Mais est-ce que cette étude de personnage vaut la peine de passer 1h50 dans les salles obscures ?

Mon parfait inconnu | Pyramide Films

Un malaise constant

Force est de constater que l’ambiance générale de Mon parfait inconnu est assez maîtrisée. On n’est jamais complètement serein. Le concept de base est déjà particulièrement prometteur, mais le film marque les esprits par un malaise presque omniprésent, parfois sous-exploité, mais très efficace quand la réalisatrice s’autorise quelques fulgurances.

Au-delà du malaise, le film cultive également un certain sens du cringe qui marche également très bien. Une chose est sûre, on ne reste pas de marbre devant ce film, qui ne va certes pas aussi loin que ce qu’il aurait pu, mais qui arrive à suffisamment captiver son spectateur pour qu’il ne s’ennuie pas une seule seconde.

Une mise en scène au service de son propos

La mise en scène, aussi soignée soit-elle, est parfois très peu subtile. À vrai dire, elle ne l’est jamais vraiment. Pour nous montrer le flou mental que ressent le personnage amnésique, la metteuse en scène nous propose une bonne tartine de changements de focales et de flous, aussi bien sur le personnage que sur le décor autour de lui, pour marquer visuellement l’incompréhension et les souvenirs très fragiles d’Ivaylo.

Certes, c’est vu et revu, et Johanna Pyykkö en abuse un peu dans le première moitié, mais elle arrive à nous donner quelques passages ou sa caméra est d’une virtuosité rarement vue pour un premier long-métrage. C’est globalement une des seules vraies idées de mise en scène un tant soit peu exploitée pour participer à une réalisation un minimum signifiante.

Un casting inspiré pour des personnages surprenants

Le film est essentiellement concentré sur ses deux personnages principaux. Ces deux personnages sont accompagnés par une flopée de personnages secondaires plus ou moins développés qui n’apportent pas beaucoup à l’intrigue, excepté un personnage de voisine délicieusement cliché qui aurait peut-être mérité un peu plus de temps d’écran. Mais inutile de préciser que les vraies révélations du long-métrage sont Camilla Godø Krohn et Radoslav Vladimirov.

La première arrive à nous convaincre avec une facilité déconcertante en jouant la carte de la subtilité et de la sobriété pour un rôle loin d’être évident. Le deuxième est constamment magnifié par la caméra, tel Marlon Brando dans Un Tramway nommé Désir, presque toujours dénudé, en particulier dans des scènes de piscine très intéressantes pour le développement de son personnage. Les deux dévorent la pellicule et comprennent toutes les complexités de leurs personnages, même si parfois l’écriture n’est pas à la hauteur de leur interprétation.

Mon parfait inconnu | Pyramide Films

Une intrigue qui finit sur une note amère

Si le scénario séduit pendant la majorité du film, les trente dernières minutes sont en deçà de ce que ce thriller psychologique nous proposait jusqu’alors. L’histoire s’embourbe dans une série de scènes de violences qu’on finit par ne plus comprendre. Elles sont parfois gratuites, mais toujours vagues, et semblent finalement ne rien apporter au récit. Rien n’est clair et on finit par sortir du film pour se questionner sur leur utilité.

Le film se clôt sur une fin ouverte qui est à la fois une bonne et une mauvaise chose. Bonne, parce qu’elle nous laisse faire travailler notre imagination. C’est un plaisir de partager avec d’autres personnes les différents points de vue sur le final.

Mais malheureusement, comme les scènes de violences, cette fin ouverte est aussi frustrante et peu utile et embrouille un récit qui n’avait pas besoin d’être flou, et qui aurait gagné à être un simple petit thriller sans prétentions. Cette petite folie scénaristique laisse donc un arrière-goût amer à un récit pourtant bien ficelé.

En conclusion :

Mon parfait inconnu est une honnête production, qui se laisse voir sans aucun souci malgré quelques problèmes de scénario. Malgré les nombreuses mauvaises critiques qu’on peut trouver sur Internet, il faut laisser une chance à ce film, de très bonne facture pour un premier long-métrage. Le thème du mensonge est suffisamment développé pour être vraiment intéressant à analyser et les personnages sont plutôt bien écrits. La réalisatrice est très prometteuse et on ne peut que lui souhaiter une belle carrière, tout comme les deux acteurs principaux.

24 juillet 2024 en salle | 1h 47m | Drame, Thriller

De Johanna Pyykkö | Par Johanna Pyykkö

Avec Camilla Godø Krohn, Radoslav Vladimirov, Laila Goody

Vous pouvez continuer à nous suivre sur Instagram , Twitter et Facebook.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

categories

subscribe to my blog