Après Cannes devrais-je le voir ?
Entre les attentes autour de Coppola, Cronenberg, Audiard et compagnie… La Croisette semblait avoir un peu oublier l’arrivée du nouveau film de Sean Baker : Anora ! Un nouveau long-métrage portant à l’écran un duo de jeunes acteurs qui ont tout pour venir séduire la compétition. Est-ce que le réalisateur de The Florida Project pourra nous offrir un nouveau coup de cœur ? Il semblerait bien. On vous donne notre avis à chaud !
Mais alors, ça parle de quoi ?
Anora, Strip-teaseuse d’origine ouzbèke, mène la vie à son rythme dans le quartier de Brooklyn. Mais sa vie se transforme en conte de fées lorsqu’elle rencontre Yvan, fils d’un oligarque russe. La passion gagne rapidement les deux tourtereaux, qui se marient dans cette euphorie. Mais la magie s’estompe vite lorsque la nouvelle parvient aux oreilles des parents d’Yvan. Alors qu’ils quittent la Russie pour venir faire annuler ce mariage, la spirale commence pour Anora…

Et du coup, on en pense quoi ?
Avec Anora, Sean Baker se glisse subtilement dans les favoris de cette compétition ! Tant pour sa Palme d’Or très convoitée, que pour l’interprétation de son actrice principale, absolument démente ! En passant du rire aux larmes, du cynique au sombre… Le métrage est un ascenseur émotionnel de 2h18, et ce n’est pas pour nous déplaire.
Et ces revirements sont parsemés un peu partout au fil du récit. Que ce soit dans son introduction, peut-être un peu classique, mais terriblement efficace. Où les soirées néon s’enchaînent au strip-club, sur fond de musique endiablée, pour se confronter à un quotidien sans paillettes, avant LA rencontre avec le beau prince prépubère.
On se régale devant la volonté de Baker de continuellement faire des pieds de nez à son récit, venant y insérer des instants de décalages, mêlant humour noir, et comique absurde. Avec un prêtre qui laisse échapper un discret « nooo » en plein baptême, des hommes de main nigauds qui se font mettre une raclée par la jeune Anora… Les scènes s’accumulent, venant apporter un rythme entraînant, malgré la longueur du film.
Avec cette formule, le métrage nous balance un cocktail bouillonnant de vie, de désillusion… En suivant la jeune Anora, telle une Cendrillon des temps modernes, nous plongeons dans un récit libérateur, qui s’affranchit de la représentation très objectifiée des travailleuses du sexe.
Ici, nous nous éloignons de la représentation ultra sexualisée, où le personnage principal devra inexorablement se heurter aux sévices des hommes, subissant agressions et humiliations. C’est avant tout la naïveté de deux jeunes gens, se donnant à corps perdus dans une relation passionnelle, bien qu’Anora accepte une relation « privatisée » avec Yvan. Ici, il n’est pas question de venir réduire la femme à une simple marchandise !
C’est d’ailleurs cette jeune actrice, Mikey Madison, qui vient apporter de la force au métrage. En dévoilant ici une palette de jeu complète, et complexe, l’actrice dévoile une grande justesse, et se retrouve à être une des plus belles révélations de cette compétition.
Dans ce récit où une lutte sociale s’opère en filigrane, Anora brille tandis qu’Yvan, venant personnifier l’irresponsabilité des jeunes des plus hautes classes sociales, et de cette propension à profiter d’autrui. Anora vient apporter la lumière dans cette réalité qui peut s’avérer cruelle.
Ainsi, Anora vient proposer une tonalité douce-amère des plus réussies ! En oscillant entre la cruauté de cette réalité sociale, et l’humour aussi décalé que délicieux, le métrage nous propose ainsi un cocktail explosif, offrant une expérience bouillonnante ! Avec une mise en scène habile, et un duo d’acteurs parfaits, on chavire une nouvelle fois pour la proposition de Sean Baker, qui nous fait tourner la tête, et chavirer le cœur !
Prochainement | 2h 28min | Comédie dramatique
De Sean Baker | Par Sean Baker
Avec Mikey Madison, Mark Eidelstein, Yuriy Borisov
Ce film est présenté en Compétition au Festival de Cannes
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