Greenhouse : Aide-soignante à domicile, Moon-Jung s’occupe avec bienveillance d’un vieil homme aveugle et de sa femme. Mais quand un accident brutal les sépare, tout accuse Moon-Jung. Elle se retrouve à devoir prendre une décision intenable.
AVIS GLOBAL
Pour son premier long-métrage, la scénariste/réalisatrice, Lee Sol-hui nous propose un drame sur une aide soignante à domicile sur laquelle le sort va s’acharner. Situation familiale compliquée, passé trouble, psychologiquement instable et une suite d’événements malheureux va la conduire à prendre de mauvaises décisions et à la plonger dans un engrenage duquel elle ne pourra sortir indemne.
Un métier qui manque de reconnaissance
Le film commence comme un simple drame sociale, on sait/comprend rapidement que Moon-Jung a un passé assez trouble, mais on la découvre si attentionnée et bienveillante envers le couple de personnes âgées dont elle s’occupe, qu’on a très vite de l’empathie pour elle. Toutefois, on se dit quelque part qu’elle essaie potentiellement de se faire pardonner de quelque chose sans savoir de quoi il s’agit, du moins dans un premier temps.
On va donc se focaliser sur l’accompagnement de la vieillesse en Corée, mais de manière universel et non spécifique à ce pays. On constate combien ce travail peut être difficile, ce qu’il faut parfois subir calmement pour bien faire son travail, car les conditions sont rarement ce qu’elles devraient être ; cela passe par des insultes, des violences corporelles, des crachats, une méfiance de la famille, etc… mais elle fait abstraction de cela et essaie de changer le quotidien des personnes dont elle s’occupe pour le rendre plus agréable.
Bien entendu là où le film est vraiment bien, c’est qu’il montre les deux aspects, avec beaucoup de reconnaissance et de bienveillance du côté du mari, ce qui nous permet d’avoir de beaux moments entre les personnages, notamment celui du parking en voiture ; mais surtout de contrebalancer avec l’attitude de sa femme et de son fils.
Changement de cap
Plus on avance dans le long-métrage, plus on apprend des choses personnelles concernant Moon-Jung, cette dernière va notamment à un cercle de parole thérapeutique, où elle va faire la rencontre d’une jeune femme qui prendra un court instant la place de son fils, le temps que ce dernier soit libéré ; on comprendra plus tard les causes de son incercération et du malheur qui a touché cette famille. Cette jeune femme, elle aussi a ses secrets et on le découvrira bien assez vite.
Moon-Jung tente donc de se reconstruire, que ce soit à travers ces réunions (même si elle n’y croit pas du tout), par son travail (où elle donne le meilleur d’elle-même), sa recherche d’un logement décent pour accueillir son fils (en attendant elle vit dans une serre sous bâche noire) ; ce dernier point étant décisif, car si sa situation professionnelle change elle ne pourra pas le prendre avec elle.
Malheureusement sa rencontre avec cette jeune femme émotionnellement fragile et les événements qui vont suivre, vont la changer, et peu à peu elle ne sera plus que l’ombre d’elle-même.
Une ambiance pesante
La réalisation est académique, la photographie également, mais il faut bien l’avouer c’est réussi d’un point de vue technique. Concernant l’actrice principale, qui a obtenu plusieurs prix pour son interprétation, l’ambivalence de son personnage va nous faire remettre en cause ce qu’elle fait et dit, ce qui est bien entendu renforcé par la mise en scène et le soin apporté à l’ambiance assez sombre du film.
Les décors ont également un rôle primordial, et on sent au delà du manque de moyens, que chaque décors à été savamment choisi pour donner au spectateur cette sensation de malaise constant qui plane sur tout le long-métrage.
C’est le genre de film qui nous met mal à l’aise et duquel on ressort avec une certaine gêne. Certains détestent ça, d’autres aiment beaucoup, c’est pourquoi je reste de mon côté sur un entre deux, surtout que la fin nous laisse une libre interprétation sur ce qu’elle a ou non vu, et sur ce que cela veut dire pour sa vie future ; c’est malin car c’est le spectateur qui va apporter sa propre interprétation, avec son bagage émotionnel, qui peut changer d’un visionnement à un autre.
Lee Sol-hui est une jeune réalisatrice émergente de Corée du Sud, qui sort de la Korean Academy of Film Arts où elle a réalisé plusieurs courts-métrages, dont son film de fin d’étude Anthill, présenté au Festival international du film de Busan. Aujourd’hui sort Greenhouse son premier long-métrage et vous auriez tort de passer à côté.
22 mai 2024 en salle | 1h 40min | Thriller
De Sol-hui Lee | Par Sol-hui Lee
Avec Seo-Hyeong Kim, Jae-sung Yang, So-yo Ahn
Titre original : Binilhauseu
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