L’Esprit Coubertin : Après dix jours de compétition, les Jeux sont un fiasco pour la délégation française qui ne parvient à glaner aucune médaille d’or. Tous les espoirs de titre reposent désormais sur Paul, tireur sportif d’exception mais athlète immature et pas très malin. Alors que la compétition approche, il est contraint de partager sa chambre avec Jacob, nageur venu de Vanuatu, qui semble plus préoccupé par les tentations extra-sportives du village que par sa course.
AVIS GLOBAL
Les Jeux olympiques de Paris sont l’événement majeur de cet été 2024. Fortement décriés avant même de commencer, ils sont désormais le sujet d’une comédie française : L’Esprit Coubertin. Sur ce podium cinématographique sur lequel ils se trouvent, Jérémie Sein a alors la tâche de récompenser ou non cet événement.

La découverte d’un nouveau monde
Le sportif est souvent face à lui-même, et dans le cas de Paul c’est d’autant plus vrai. Benjamin Voisin interprète un personnage introverti ayant des signes d’autisme. De ce fait, c’est une personne calée sur les dates historiques, qui est asociale et qui est particulièrement forte dans sa discipline.
Benjamin Voisin l’est aussi dans son interprétation de ce personnage si complexe. Pour un premier rôle comique il aurait pu forcer son jeu ce qu’il ne fait pas. Il accompagne merveilleusement bien Paul dans son ouverture aux autres.
Entre la première soirée dans le club France et celle chez les perdants, le tireur gagne en assurance tout en se fondant dans la masse. Le métrage poursuit ce parallèle dans l’enfermement de son personnage. D’un homme bloqué à l’entrée du village olympique, il devient quelqu’un de libre.
Tel un enfant il sort du ventre de sa mère. Effectivement, Sonia, sa coach, est une figure maternelle qui le biberonne. La sortie de son ventre passe principalement par la discipline qu’il pratique, l’assurance de Paul étant représenté par le montage. Finalement, le tireur ne peut que devenir lui aussi une figure d’autorité, s’émancipant de celle physique de Sonia, et celle mental de son père.
L’important c’est d’accepter les autres
L’Esprit Coubertin, comme son titre l’indique, est une ode à une devise que nous connaissons tous : « l’important c’est de participer ». Le métrage se veut bienveillant, prônant ainsi des valeurs essentielles telles que le vivre-ensemble.
Paul est celui qui transmet ce message humaniste. Il a une évolution positive, certainement simpliste, mais efficace. En sortant du ventre de sa mère de substitution il part à la découverte de nouvelles personnes et ainsi de nouvelles coutumes. Les Jeux olympiques sont un berceau multiculturel dans lequel Paul va plonger.
Son ouverture aux autres va principalement passer par Jacob, son camarade de chambre. En le côtoyant au quotidien, le tireur assimile des valeurs qui vont le faire grandir en tant que sportif, mais surtout en tant qu’Homme.

Une victoire sociale au goût de défaite
Les valeurs prônées par le long-métrage se confrontent naturellement avec ceux des têtes pensantes. Le film de Jérémie Sein plonge ainsi dans la vague de critique que subissent les JO, allant de ses petits tacles aux plus hautes fonctions de l’état et du comité olympique. Le fameux « esprit Coubertin » n’existe pas pour eux, eux qui souhaitent absolument gagner pour une question politique et économique.
Néanmoins, le métrage n’est pas aussi dur qu’il ne devrait l’être. Si ce village olympique est clairement une colonie de vacances, le film force sur le cliché fêtard et fornicateur de ce lieu. Les sportifs sont ainsi eux-mêmes dénigrés par le film.
Ce dernier omet d’ailleurs toute la critique autour de l’organisation de cet événement. Nous ne voyions par exemple aucun plan extérieur au bâtiment. De plus, les soucis internes à celui-ci sont dus à une cause étrangère et non à l’organisation.
Tout cela fait que nous nous retrouvons avec un film rapidement redondant, celui-ci tournant dans le même bassin de blagues. Les mots du chef du comité sur l’épreuve du tir s’accordent parfaitement avec le métrage : « c’est long et chiant ».
Des jeux féminins… ou presque
Parmi les critiques émises par le film se trouve une qui est judicieuse et qui est sur la misogynie dans le milieu du sport. C’est un problème à évoquer, toutefois pour qu’il soit plus fort il aurait fallu un ou plusieurs rôles féminins marquants.
Le métrage a son lot de personnages négatifs et positifs, mais dans le dernier cas elles n’ont pas un impact conséquent. Dans ce village olympique la femme a d’ailleurs un rôle restreint qui est celui d’être un objet sexuel pour un Jacob qui enchaîne les conquêtes. La libération féminine peut passer par la sexualité, toutefois elle est ici profitable qu’à une seule personne tout en ne montrant quasiment jamais les femmes à l’œuvre dans leur discipline.
Seul le personnage de la cavalière possède un développement en sous-texte intéressant, mais elle est davantage un personnage outil qu’autre chose bien qu’il fonctionne parfaitement. L’Esprit Coubertin montre bien l’invisibilisation des femmes sauf qu’il faut aussi prendre le temps de les montrer.
Dans ces jeux cinématographiques, personne ne gagne vraiment. L’Esprit Coubertin surfe sur l’actualité et sur les clichés sans jamais sortir la tête de l’eau. Le film a bon cœur c’est certain, mais il est dans un sens tout aussi opportuniste que ceux qu’il dénonce.
8 mai 2024 en salle | 1h 18min | Comédie
De Jérémie Sein | Par Jérémie Sein, Mathias Gavarry
Avec Benjamin Voisin, Emmanuelle Bercot, Rivaldo Pawawi
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