Challengers: Durant leurs études, Patrick et Art, tombent amoureux de Tashi. À la fois amis, amants et rivaux, ils voient tous les trois leurs chemins se recroiser des années plus tard. Leur passé et leur présent s’entrechoquent et des tensions jusque-là inavouées refont surface.
Avis Global
Luca Guadagnino revient en salles après sa romance saignante Bones and All, mais continue de nous faire bouillonner avec son nouveau long-métrage. Ici, on oublie le road trip aux tendances cannibales, on s’éloigne d’une Italie fantasmée, mais on plonge dans un court de tennis où le désir fuse telle une balle de match ! Porté par un trio de jeunes talents, il semble que le réalisateur souhaite continuer de nous faire transpirer, et pas uniquement sur le court de tennis. Mais est-ce que cette histoire de sensualité, de sports, de rivalité et de sexe parviendra à nous enivrer ? Où est-ce une mauvaise leçon pour nous couper la libido ?
En quelques mots
Challengers s’avère être une nouvelle expérience très électrisante ! Guadagnino ne se gêne pas à nous donner chaud dans ce film où le désir transpire par tous les plans. Et où le désir, enfoui ou non, sera au final le cœur d’un matche sur une décennie. Avec un trio aussi bouillant que talentueux, le métrage nous emporte dans un récit pas toujours très fin, mais terriblement plaisant. Où le pouvoir réside au milieu de ce jeu de pulsions, de jeux de balles.

Un film à la mise en scène électrisante !
Dans ce film, Guadagnino transpose son exploration du désir dans le milieu du tennis. Nous plongeant dans un (vrai-faux) triangle amoureux, nous suivons trois protagonistes au fil des années, où les passions se lient et se délient, avant de se retrouver dans un tournoi qui sera peut-être le point d’orgue de tout ce tourbillon.
Dans ce Challenger, une compétition de seconde division, c’est un avenir professionnel, des rêves de sommet, et des retours dans un tiraillement entre rancœurs et désirs qui vient s’opérer. Et le réalisateur va prendre un malin plaisir à tout explorer, en y allant à fond, au risque de perdre en subtilité ! Et c’est peut-être ça qui nous électrise tant ici.
Là où la caméra s’emballe, sans se soucier de savoir s’il faut prendre des gants ou non. Nous voilà propulsés dans un mélange de musique électro (appuyé par sa palanquée de ralentis), de plans aux idées de mise en scène parfois extravagante, à l’image de ce moment où la caméra devient la balle de tennis avant de s’élever dans les airs pour voir les deux compères s’affronter.
Rien n’est fait dans la demi-mesure, tant Guadagnino semble avoir décidé d’y aller à fond. Mais associé à ces instants survoltés, le réalisateur ne vient oublier d’y ajouter sa touche épicée, tant l’ensemble est porté par une sensualité à peine voilée. Que ce soit sur le court, dans une chambre d’hôtel ou à la plage. Il y a tout un déploiement d’un désir entre les trois personnages, venant rendre leurs interactions aussi tendues que sulfureuses.

Excès assumés, tensions, réflexions… Guadagnino frappe fort !
Art et Patrick, les deux amis de tennis, où une certaine frustration va venir s’installer, émanant à la fois d’un refoulement que d’une concurrence naissante face à le centre du récit : Tashi Duncan. Source de désir et de puissance dans ce film, la jeune Tashi semble parfaitement maîtriser les pulsions des deux jeunes hommes afin de mener aussi ses desseins, loin d’être une figure simpliste de briseuse de ménage, ou d’une femme en objet de désir.
C’est avant tout une femme puissante, qui bâtit son image, et ce qui gravite autour d’elle : coach, matriarche, championne et mère… Le rôle que porte Zendaya se trouve être plus complexe qu’aux premiers abords, et livre une prestation ultra convaincante !
Accompagnée par les jeunes Josh O’Connor et Mike Faist, qui se révèlent aussi dans ce duo aussi ardent que torturé. C’est un casting solide, qui vient donner aussi tout son sel à cette recette déjà bien relevée.
C’est mélangeant donc un match qui pourrait bien faire basculer les vies de nos protagonistes, des flash-backs sur les 13 années qui ont précédées, et le tout saupoudrer de sexe, de sensualité… Mais aussi de pouvoir sur l’autre, et de contrôle.
Que Guadagnino, livre un film électrique, très sensuel, où les corps suintant, s’enlaçant, s’exhibant parfois, nous donnent très chaud rapidement. Mais malgré cela, le tout n’est pas exempt de défauts qui pourraient donner une indigestion à certains. Car dans ses excès assumés, le film va diviser !
Que ce soit avec sa narration étirée et un peu éparpillée avec ses allers-retours dans le temps, ses frasques de mise en scène parfois excessives, et une frontalité dans ce qu’il veut nous montrer… Cela donne, une nouvelle fois, une proposition qui ne plaira pas à tout le monde.

Et du coup, on fonce ? Ou on passe ?
Mais au final, Challengers se révèle être un plaisir assez régressif, peut-être même un peu coupable ! Car il est rare de voir des films aborder encore le désir de cette manière, aussi entière, parfois très provocatrice aussi.
C’est un métrage qui ne semble pas vouloir s’embarrasser d’une certaine subtilité, pour mieux faire transpirer toute cette tension sensuelle à l’écran. Le tout, venant opérer bien plus qu’un simple match de tennis, venant servir ici mais bien un combat de passions, d’ambitions…
Entre attirance et ressentiment, le film nous balance dans tous les sens, comme une balle de tennis. Avec un trio aussi talentueux que très sensuel, le métrage nous enivre totalement, même s’il pourra en dérouter certains de par ses excès sur certains points.
En plongeant, une nouvelle fois, dans un milieu bourgeois, qui fascine toujours autant Guadagnino. Il permet au réalisateur de toujours allez plus loin dans son exploration de l’émotion émanant du désir. C’est en se révélant plus subtil que son pari initial, le film nous emporte de par son intelligence.
24 avril 2024 en salle | 2h 11min | Drame, Romance
De Luca Guadagnino | Par Justin Kurtzkes
Avec Zendaya, Josh O’Connor, Mike Faist
Vous pouvez continuer à nous suivre sur Instagram , Twitter et Facebook

Laisser un commentaire