Sans jamais nous connaître – A Londres, Adam vit dans une tour où la plupart des appartements sont inoccupés. Une nuit, la monotonie de son quotidien est interrompue par sa rencontre avec un mystérieux voisin, Harry. Alors que les deux hommes se rapprochent, Adam est assailli par des souvenirs de son passé et retourne dans la ville de banlieue où il a grandi. Arrivé devant sa maison d’enfance, il découvre que ses parents occupent les lieux, et semblent avoir le même âge que le jour de leur mort, il y a plus de 30 ans.
Avis global
Andrew Haigh débarque en salles, après son dernier métrage “La Route Sauvage”. Cette fois, il se pare d’un duo d’acteurs pour un récit teinté de romance, de reconstruction, de larmes… Avec Andrew Scott et Paul Mescal, nous allons plonger ici dans une histoire qui semble, en apparence, être une romance douce-amère entre deux hommes, mais qui va s’avérer être beaucoup plus que cela ! Est-ce le film qui nous fera pleurer à chaud de larmes ? Ou une romance aux thèmes un peu mièvres ? Ce film dramatique/romantique est sorti en salles le 14 Février 2024.
“Sans jamais nous connaître” est un beau moment d’émotions, aussi beau que déchirant. Le métrage nous plonge dans un récit rempli de traumatismes, sur le chemin de l’acceptation, de l’amour (pas uniquement romantique d’ailleurs). Au travers de ce duo où flotte une douceur irréelle, le métrage navigue entre le drame, le fantastique, le romantique… Profitant de scènes bouleversantes, là où on ne l’attendait pas, le récit gagne en force, avant de nous faire exploser. Venant aborder des thématiques universelles, le métrage se retrouve à être bien plus qu’une romance LGBT, venant embarquer tout son public, tout en parlant des blessures personnelles du réalisateur.

Une émotion qui se diffuse tout du long !
Dès son introduction, le film plante le cadre, au détour d’un lever de soleil, notre personnage principal se révèle. Andrew Scott, ou plutôt Adam, scénariste britannique, vivant dans un appartement plutôt agréable, à l’exception d’un voisinage absent. Totalement absent ? Non, un voisin unique semble vivre dans ce bâtiment, Harry, désespéré par ce désert humain, ce silence étouffant. Ici, on ne viendra pas aborder l’homosexualité des personnages par le biais de la découverte, très rapidement le cadre est planté, les deux hommes assument leur sexualité, se déchiffrant rapidement pour mieux rentrer dans une relation, en apparence parfaite !
Adam, qui semble écrire un scénario sur sa famille, brisée quand il avait 12 ans se retrouve rapidement à errer dans sa maison d’enfance, et à converser avec ses parents. Rapidement, c’est toute une exploration d’un traumatisme qui se dévoile. Celle d’un homme qui a souffert, et qui semble encore souffrir d’une absence. En venant donc converser avec leurs fantômes, Adam fait son coming-out face à un vide qu’il comble, à des figures parentales qui ressortent des limbes de son enfance. Au détour, d’un échange sur la maltraitance du scénariste lors de sa scolarité, l’émotion frappe une première fois !
Dans ce récit, Adam, au travers de ses conversations fantomatiques, se dessine le chemin de la reconstruction ! En explorant son passé avec ses parents, n’ayant jamais pu assumer qui il était avec eux, n’ayant pas eu suffisamment de temps dans ce « cercle ». Il apparaît ici, suivant des échanges chargées d’émotions, d’amour, d’acceptation… Cela permet à Adam de se reconstruire dans un cercle où sa famille, toujours présente, forme un ensemble soudé. Où les regrets sont mis en lumière de la part des parents, avant de pouvoir en faire définitivement le deuil, acceptant la réalité, étant enfin capable d’aller de l’avant.

Une reconstruction déchirante !
En parallèle, une romance douce se dessine entre les deux hommes, où la sensualité se mêle à une tendresse incomparable, presque irréelle ! Dans cette relation, alors qu’Adam est le plus âgé, c’est Harry qui mènera la danse. Lui permettant de reprendre le cours d’une vie sentimentale, sexuelle, loin des craintes du passé… C’est une nouvelle leçon qui en découle : celle de pouvoir aimer, d’accepter d’être aimé.
C’est dans ces arcs que réside la force émotionnelle du métrage ! Parvenir à la reconstruction, au retour de l’amour… Par la perte, le deuil. Une souffrance nécessaire pour aller de l’avant, où l’amour, la puissance d’une relation est une étoile brillante. Bien plus qu’une histoire d’amour, car en réalité, tout ne se termine pas comme on le pense ici, c’est avant tout un récit sur l’amour ! Que ce soit dans le cadre familial, romantique, ou encore de la capacité à s’aimer pour pouvoir donner de l’amour en retour. C’est au travers de ces figures fantomatiques, qui nous déchirent, que chacun peut se reconstruire, se réparer.
Un peu comme une thérapie fantasmagorique, Adam vient ici reconstruire son passé, pour pouvoir apprendre une chose, réapprendre à dire “je t’aime”. C’est ici le plus poignant dans les scènes avec le père et la mère, jusqu’à une scène de lâcher prise du passé déchirant. Andrew Scott vient nous bouleverser par son interprétation, entouré par un Paul Mescal très juste, une Claire Foy solaire et un Jamie Bell tout aussi touchant.

Mais au final, on passe ? Ou on fonce ?
On se retrouve bouleversé par ce récit, réparateur, emprunt d’une grande tristesse. Celle de renouer avec les traumatismes du passé, de mieux l’affronter pour se reconstruire. Pour au final, réapprendre à s’aimer, et à aimer. Au travers les deux personnages masculins, nous voyons tous les dégâts que cela inflige à l’humain, le manque d’amour. Un manque cruel, dont nous avons besoin ! Tout comme nous avons besoin de films comme celui-là !
C’est en plongeant dans une thématique complexe, que le métrage s’extirpe dans un genre balisé ! Notamment en évitant de tomber dans une mièvrerie facile, ou un bon sentiment inoffensif. Et en abordant des thématiques variées, avec la même force, et la même bienveillance. Le métrage pourrait presque devenir une capture d’une époque, la nôtre ! Que ce soit en nous plongeant dans la difficulté de la rencontre, des traces que peuvent laisser des troubles avec nos parents… Ou encore en abordant la solitude dans son aspect qui peut être destructeur. C’est toute une partition thématique qui s’offre à nous !
Au final, on sort de ce film bouleversé, indéniablement. Aussi heureux, de voir au travers de cette histoire, qu’il est possible de trouver un chemin. Celui du lâcher prise, celui de l’acceptation et de l’amour sous toutes ses formes. Parfois, on a besoin de se déchirer un peu pour retrouver cette voie.
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