Si seulement je pouvais hiberner : Ulzii, un adolescent d’un quartier défavorisé d’Oulan-Bator, est déterminé à gagner un concours de sciences pour obtenir une bourse d’étude. Sa mère, illettrée, trouve un emploi à la campagne les abandonnant lui, son frère et sa sœur, en dépit de la dureté de l’hiver. Déchiré entre la nécessité de s’occuper de sa fratrie et sa volonté d’étudier pour le concours, Ulzii n’a pas le choix : il doit accepter de se mettre en danger pour subvenir aux besoins de sa famille.
AVIS
C’est un film de la cinéaste mongole Zoljargal Purevdash dont c’est également le premier long-métrage. Présenté à Un Certain Regard en 2023, il a permis à la Mongolie d’entrer en Sélection Officielle à Cannes pour le première fois. Ce drame mongol est sorti au cinéma le 10 janvier 2024.

Une fenêtre sur la société mongole
Si Seulement Je Pouvais Hiberner est une véritable fenêtre sur la société mongole contemporaine, et plus particulièrement sur les différentes dynamiques sociales qui animent la capitale, Oulan-Bator.
A travers le portrait d’Ulzii, ce jeune adolescent d’un milieu défavorisé rêvant de réussite au-delà du quartier de yourtes où il habite avec sa famille, Zoljargal Purevdash raconte les multiples contrastes sociaux dont la grande ville mongole est le théâtre. Celui entre le rêve d’un avenir radieux et la dure réalité qui le rend presque illusoire. Aussi, celui entre les quartiers défavorisés et ceux plus aisés. Puis, celui entre modernité et traditions. Enfin, celui entre la lutte contre la pollution de l’air et la survie des plus pauvres. Ou encore celui entre l’illettrisme et une éducation poussée.
Grâce à une mise en scène simple mais jamais simpliste, sobre mais toujours impactante, le film s’engage et prend par instant des airs de documentaire.

Conflits mais surtout d’apprentissage
Si Seulement Je Pouvais Hiberner, c’est aussi une histoire de conflit intrafamilial. Celui d’un fils avec sa mère, la combativité accusatrice de l’un s’opposant au désespoir alcoolisé de l’autre. La communication entre eux est houleuse, ponctuée de violents reproches et rendue difficile par l’incompréhension de l’autre.
C’est aussi le récit de la lutte intérieure d’Ulzii face à un dilemme déchirant. Faire de grandes études en les espérant salvatrices pour lui et sa famille ou se sacrifier pour protéger son frère et sa sœur de la misère et de l’hiver après le départ de leur mère. Perdu, il affronte un quotidien qu’il ne devrait pas vivre à son âge mais qu’une fierté maladroite le pousse à porter seul sur ses épaules.
Mais plus que le récit d’une lutte ou d’un conflit, c’est celui de l’apprentissage et de l’acceptation. De l’amour d’une mère malgré ses défauts. Comme de l’aide offerte par des proches bienveillants.

Avec un premier film bouleversant et percutant, fort d’une universalité certaine, Zoljargal Purevdash est assurément une réalisatrice prometteuse à suivre de près.

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