Ninja Turtles : Teenage Years : Après des années passées loin du monde des humains, les frères Tortues entreprennent de gagner le cœur des New-Yorkais et d’être acceptés comme des adolescents normaux grâce à des actes héroïques. Leur nouvelle amie April O’Neil les aide à s’attaquer à un mystérieux syndicat du crime mais ils se retrouvent dépassés par les événements lorsqu’une armée de mutants se déploie contre eux.

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Ninja Turtles : Teenage Years
À l’exception de TMNT : Les Tortues Ninja de 2007 qui fait partie intégrante de la trilogie des années 1990, la licence aux fameux reptiles ne s’était jamais offerte une virée au cinéma par le biais de l’animation. Ninja Turtles : Teenage Years apparaît comme un vent de fraîcheur pour ce dixième long-métrage. C’est un nouveau point de départ pour ces tortues qui attendent depuis si longtemps une adaptation correcte de leurs aventures. « Rien ne sert de courir, il faut partir à point ». Ce film d’animation américain est sortie au cinéma le 9 août 2023.
S’émanciper du père…
Un détail n’a pas échappé lorsque la première bande-annonce a été diffusée : la technique d’animation reprise de Spider-Man : Into the Spider-Verse. Ainsi, dans Ninja Turtles : Teenage Years, nous avons une esthétique comics très puissante et une technique allant de pair avec les standards lancés en 2018.
Cependant, le métrage de Jeff Rowe et Kyler Spears réussissent à s’en démarquer. Nous retrouvons une animation 3D davantage « gribouillée ». Les traits de crayons et de pinceaux sont aisément perceptibles et participent au récit adolescent proposé par le métrage.
Le côté enfantin est par ailleurs accentué par le charadesign des personnages. Les humains par exemple ne possèdent pas des visages symétriques et sont même, à moindre mesure, effrayants. Cela vient principalement du fait que Jeff Rowe ait repris des dessins faits durant sa propre adolescence pour les réinsérer dans son film.
Les humains doivent être repoussants car ils doivent former un danger pour les mutants. En étant tous des « April », c’est-à-dire ouverts d’esprits, les tortues et Splinter n’auraient aucune raison de fuir le monde extérieur.
… en faisant des erreurs
Autre grande divergence avec le film Spider-Man de 2018 : celle du traitement de la couleur et de la lumière. L’œuvre de Sony est colorée, tandis que celle de Paramount est sombre. L’étalonnage et la photographie sont liés au train de vie des tortues, celles-ci se cachant dans l’obscurité.
C’est ainsi que le métrage va s’illuminer au fil des minutes au rythme des ninjas qui s’ouvrent peu à peu au monde. Néanmoins, si l’obscurité possède une place importante, elle n’en est pas moins mal gérée.
En effet, nous ne voyions quasiment rien, encore plus lors des combats. Durant les séquences d’actions, la caméra bouge énormément et apporte avec elle son lot d’effets de vitesse mimant des coups de pinceaux qui nous empêchent de contempler convenablement les prouesses des tortues.
Il n’empêche que le résultat global est rassurant pour la suite de l’animation 3D car il est possible de se détourner de son modèle pour proposer quelque chose de différent.
Des jeunes tortues
En tant que reboot, Ninja Turtles : Teenage Years se doit d’apporter des nouveautés. Le métrage prend le parti de traiter le thème de l’adolescence via des tortues débutants leur activité de ninja.
Raphaël, Donatello, Michelangelo et Leonardo sont littéralement enfermés dans leurs égouts et ne peuvent sortir au risque de se faire rejeter par les humains. Les quatre vont alors entamer un parcours – somme toute classique – vers l’héroïsme, en partant d’un but égoïste tel que leur acceptation auprès des autres, jusqu’à celle de tous.
De par cet objectif, les adolescents vont s’émanciper d’un père trop strict et prendre le chemin inverse de Superfly. Ce dernier possède la même mentalité de Splinter en ce qui concerne la haine de l’Homme, une colère le poussant à vouloir les exterminer.
Toutefois, Splinter grandira et acceptera lui aussi les humains. L’adolescence se mêle alors naturellement au racisme, le film montrant deux communautés diverses ne pouvant se joindre. Un beau message pour le public cible du métrage bien qu’il soit trop simple dans son exécution.

Le collectif dessert l’individuel
Les quatre tortues opèrent un parcours commun soulignant alors leur lien indéfectible. L’unité du groupe est essentielle dans leur objectif, toutefois elle va à l’encontre de leur propre développement.
Il y a un manque cruel de caractérisation des tortues. Grâce à notre bagage culturel, nous savons ce qui caractérise chaque personnage, mais dans cette itération il est difficile de les distinguer.
En réalité, Leonardo est le seul à sortir du lot. Il est celui étant très à cheval avec les règles de Splinter et est amoureux d’April. Ce sont des traits de caractère qui sont, il est vrai, faible, mais plus que conséquentes vis-à-vis de ses frères.
Nous pourrions, s’il nous fallait être indulgent, « sauver » Donatello qui n’a comme simple caractéristique celle de proclamer nombre de références à la pop culture.
« 2023 » gravé sur la carapace
Ninja Turtles : Teenage Years s’émancipe de son aîné, toutefois, et à l’inverse de ce dernier, il tombe droit dans le piège des références à outrance. L’œuvre est profondément ancrée en 2023.
Les tortues sont des adolescents de notre époque et ne cessent de nous le rappeler. Les références s’enchaînent, en allant de Batman, au MCU jusqu’à même L’Attaque des Titans. Le vocabulaire des tortues est par ailleurs moderne et participe à la volonté du métrage de faire identifier les adolescents de maintenant aux personnages.
La recherche d’identification est légitime, sauf qu’elle doit rester naturelle, là où dans le film elle est forcée. Les jeunes ne communiquent pas dans la vraie vie comme sur les réseaux sociaux. Le métrage semble avoir inséré un fil Twitter dans les dialogues des personnages et cela se ressent fortement.
Pour une œuvre prônant le rassemblement, cela devient problématique car l’ancrage si profond à une catégorie de personnes dans une période donnée éloigne à la fois les générations passées et futures du message. C’est d’autant plus compliqué que la résolution finale naît d’une référence.
Nous pouvons alors justement nous demander si le film va survivre au temps et s’il ne va pas rapidement être démodé. Ainsi, c’est en voulant absolument être « cool » que le métrage risque d’être lourd.
Un regard vers le passé pour mieux voir l’avenir
La licence Tortues Ninja possède un héritage et, bien qu’il soit ancré dans les années 2020, ce film d’animation n’oublie pas d’où il vient.
Évidemment, cette adaptation ne reprend pas la noirceur des comics d’origines – sauf une référence graphique avec les yeux blancs –, l’œuvre se voulant accessible aux plus jeunes. C’est à cet effet qu’elle se tourne vers la série anime que nous connaissons tous.
Au-delà du médium cinématographique, le métrage fait, à l’instar de Old Boy, une référence claire au beat em all des années 1990 via une séquence entière de combat en 2D. Ces références, contrairement à celles modernes, sont appréciables car peu invasives.
Nous y voyions clairement l’envie du métrage de créer sa propre histoire, et par extension son propre univers comme en témoigne le traitement de Bebop et Rocksteady.
Ninja Turtles : Teenage Years ne possède pas l’ambition de Spider-Man : Into the Spider-Verse, ni celui de ses « enfants ». Néanmoins, il est de ceux qui souhaitent le plus s’en démarquer, tout en faisant de même avec sa propre licence. Malheureusement, il est dommageable que le métrage s’accroche si fortement à une période précise, l’œuvre risquant, au contraire de Spider-Man, de ne pas être intemporelle.

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