SISU – De l’Or et du Sang : Finlande, 1944. Dans la nature sauvage et hostile de la Laponie, alors occupée par les nazis, un ancien soldat découvre un gisement d’or. Prêt à tout pour sauver son précieux butin, il ne reculera devant rien, quitte à devoir assassiner jusqu’au dernier SS qui se trouverait sur son chemin.

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SISU – De l’Or et du Sang
L’avantage d’incorporer des nazis à son œuvre est que nous n’avons aucune empathie envers eux lorsqu’ils se font trucider. Aujourd’hui, il est au tour du cinéma finlandais de se coller à ce délicieux massacre avec Sisu : de l’or et du sang de Jalmari Helander. Ce film d’action finlandais est sorti le 21 juin 2023 en salle.
L’ermite de la Laponie
Aatami Korpi est un ancien soldat reconverti en chercheur d’or. L’homme, malgré le contexte de guerre, se dédit entièrement à sa profession. Les premières minutes appuient judicieusement sa solitude avec des plans d’ensemble, le long-métrage profitant par la même occasion des sublimes paysages finlandais.
Solitaire, il est complètement déconnecté avec la situation que vit son pays comme l’indique l’arrivée d’avions allemands venant perturber le calme ambiant dont se moque Aatami, la caméra se plaçant alors devant lui et montrant alors qu’il tourne le dos à la guerre. Nous pourrions même y voir dans le trou qu’il creuse un pied de nez au conflit, le chercheur agissant de la sorte non pour faire des tranchées et combattre, mais pour sa propre cupidité.
Néanmoins, la réalisation va nous offrir une réponse à sa non-participation au conflit. L’homme ne parlant pas, nous le connaîtrons via les images – lorsque la voix off ou d’autres personnages ne racontent pas son histoire –, particulièrement celles nous contant la perte de sa famille.
Par le biais d’un plan lointain sur les dégâts causés par les nazis, puis d’un gros plan sur l’alliance d’Aatami, et enfin sur un plan d’ensemble où pour la première fois il n’est pas au centre comme s’il manquait quelqu’un, nous comprenons par le langage cinématographique ce qu’il a perdu.
Devenir un homme de son temps
Au-delà de la distance avec la guerre, Aatami opère un éloignement avec la modernité. Ce rejet est tout d’abord perceptible par son statut de chercheur d’or qui est quasiment anachronique, mais surtout par le fait qu’il se déplace à cheval et qu’ils possèdent des habits et des outils anciens.
Cependant, par la force des choses il devra combattre les nazis et s’adapter à l’actualité. Ainsi, au fur et à mesure du film il utilisera des outils et des armes de plus en plus modernes. Il sera alors totalement impliqué dans le conflit, la preuve étant qu’il aidera ses compatriotes alors qu’il ne l’avait pas fait auparavant.
Aatami deviendra un modèle pour eux, le personnage offrant une nouvelle vision de lui-même aux spectateurs.
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Western Silli
Sisu : de l’or et du sang est à n’en pas douter un film finlandais déguisé en western. Le lien avec ce genre historique du cinéma américain est perceptible par les plans d’ensemble sur les plaines arides, les panneaux, le statut de chercheur d’or, les pendaisons, la légende autour d’Aatami, etc. En bref, le film reprend tous les codes du genre.
L’élément condensant tout ceci est l’opposition entre l’ancien soldat et Bruno Helldorf. Leur première rencontre est réalisé tel un western, à coup de champ/contrechamp marquants leurs regards perçants.
C’est littéralement la conquête de l’Ouest avec le natif faisant face aux américains. En lisant l’œuvre de cette façon, il semble alors logique que les allemands soient les seuls à parler anglais. Toutefois, le rapport au western va disparaître dès lors que le chercheur souhaitera tuer les nazis.
De Pour une poignée de dollars à John Wick
Nous abandonnons ainsi la réalisation contemplative pour des plans dynamiques et un montage nerveux. Ce changement se ressent dans les derniers affrontements. Ces derniers, bien que jouissifs, sont trop académiques en particulier lorsqu’il s’agit des combats au corps-à-corps. Dans ce cas précis, la caméra est trop proche des corps, elle tremblote et le montage coupe sans cesse les plans, ce qui donne moins d’impact aux coups portés.
Tout cela donne la sensation que nous avons changé de film. Si l’introduction est sérieuse et contemplative, la conclusion est un pur film d’action américain. C’est au point même qu’Aatami devient dans les dernières minutes une sorte de « Captain Finland », changeant ainsi complètement son personnage.
Il est présenté comme un simple humain devant survivre pour ne pas mourir avant de se transformer en être intouchable et invincible lorsqu’il se met à traquer les allemands. Il est vrai que son côté imbattable était déjà présent, celui-ci réussissant toujours à survivre miraculeusement, toutefois il était acculé et nous pouvions avoir peur pour lui.
Les mauvais côtés de l’américanisation
En terme de réalisation cela devient moins intéressant, le métrage enchaînant cliché sur cliché à l’instar d’un plan sur des femmes combattantes qui n’est pas sans rappeler certaines dernières productions américaines.
Sisu : de l’or et du sang reprend même les tares de ces dernières en insérant de l’humour dans son final, trahissant alors toute la pesanteur des premiers instants et riant même d’événements dramatiques montrés au préalable.
Toute la communication du métrage était basée sur ce postulat de base vendant un visionnage délirant, mais dans ce cas il aurait fallu ne pas offrir d’entrée en matière si dure. Sont aussi à blâmer les communicants qui ont inséré toutes les séquences d’actions dans les bandes-annonces, donnant alors aux spectateurs une vision à moitié faussée de l’œuvre qu’ils comptent regarder.
Sisu : de l’or et du sang est un métrage bicéphale aux influences américaines dont les aspects les moins désirés prennent le pas sur tout. Jalmari Helander propose néanmoins des séquences de violences décomplexés très appréciables, nonobstant cela nous regretterons le fait qu’il n’ait respecté ses intentions du début qui étaient davantage substantielles.

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