Élémentaire – Même peu subtil Pixar reste très plaisant

Élémentaire : Dans la ville d’Element City, le feu, l’eau, la terre et l’air vivent dans la plus parfaite harmonie. C’est ici que résident Flam, une jeune femme intrépide et vive d’esprit, au caractère bien trempé, et Flack, un garçon sentimental et amusant, plutôt suiveur dans l’âme. L’amitié qu’ils se portent remet en question les croyances de Flam sur le monde dans lequel ils vivent…

Élémentaire | Walt Disney Animation Studios
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Élémentaire

Note : 4 sur 5.

Après les sorties dématerialisées de Soul et Alerte Rouge sur la plateforme Disney +, le studio d’animation Pixar fait son retour dans les salles obscures avec Élémentaire. Cette réalisation de Peter Sohn [Le Voyage d’Arlo] qui gravite au sein d’un monde imaginaire, et essentiellement une métaphore du nôtre. Ce film d’animation américain est sorti au cinéma le 21 juin 2023.

Une lecture conceptuelle de l’amour

Au commencement, le cocon familial, épanouissant et étroit. Puis, la découverte de son être, et la potentialité de ce qu’il adviendra. Enfin, l’acceptation de sa propre personne par ses pairs. Telle est la mécanique constitutive de Flam, auquel accoler l’épithète balisé serait bienvenu, si et seulement si l’on décide de l’essentialiser. En réalité, est rejouée cette partition, avec de nouveaux instruments qui vivifient cet itinéraire en le conceptualisant. L’amour est soumis à la réification, à travers une fleur encapsulée, qui est le résultat matériel d’une dualité amoureuse. Alors, dès que la chose apparaît, l’objet disparaît et les réminiscences amoureuses submergent le plan. L’attirance des opposés est réduite au seuil de concept. Cette réduction l’universalise, ce qui rend les personnages malléables, chacun peut s’y transposer, ils sont par conséquent d’autant plus raisonnants avec le spectateur.

Une logique d’éloignement se profile. Le jeune amour est réifié, mais son détachement vis-à-vis de l’itinéraire narratif lui donne de l’âme. Quand Flam et Flack se découvrent une complicité, les enjeux familiaux semblent s’évaporer. Leurs instants de complicité forment une vie à part entière, ce qui s’incarne par des bribes de non-narration. La scène de l’activité familiale de Flack (avec Flam) qui consiste à ne pas pleurer n’est pas saisissante dans ce qu’elle traduit socialement, de discours entre classe dominante et classe dominée, encore moins dans ce qu’elle lègue aux deux personnages, mais simplement dans l’idée qu’elle offre une situation de proximité entre deux amoureux. Peter Sohn parvient à faire surgir de vives émotions dans sa simplification de l’amour. Bien évidemment, l’auteur n’envisage pas la justesse réaliste, mais dans sa figuration fantasmée de ce sentiment, il touche la source matricielle : l’émotion.

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Élémentaire | Walt Disney Animation Studios
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Un discours social incomplet

La société est fort heureusement beaucoup plus complexe que ce que Élémentaire nous laisse à voir. L’idée en filigrane derrière ce programme est de mettre en scène les prolétaires face à la société qui les consume au fil de l’eau. Sauf que pour délivrer un tel discours, encore faudrait-il qu’il soit complet. Ici, rien n’est nommé explicitement, toutes les indications sociales sont brouillées et non dissimulées. L’idée de disparités sociales n’est abordé qu’à travers l’angle du mépris, qui dans son exclusivité est un angle mort du regard posé sur la lutte des classes.

Tout cela pour dire que le film, à force de simplification, délivre un discours tellement incomplet qu’il est acceptable. S’il avait disposé les prolétaires dans un contexte politique, alors son discours aurait eu suffisamment de corps, d’essence et de matière, pour être un regard qui compte. Mais au contraire, l’œuvre porte ses thématiques sociales, d’acceptation de la différence à ce degré de matérialité, tant et si bien que tout le monde s’accorde. Au final, son regard social s’amincit, et Peter Sohn finit à force à ne dénoncer que des concepts, alors même que la réalité en est dépourvue. C’est ici, que la signifiance de son monde métaphorique du nôtre s’écroule, ensevelie sous un amas de simplifications.

Un retour aux sources

Élémentaire est un retour aux sources, un vent de fraîcheur face aux technologiques et démonstratifs Le Chat Potté 2 : la dernière quête et Spider-Man : Across the Spider-Verse. S’il ne paraît pas plus réjouissant puisqu’il ne mobilise pas quantité d’influences esthétiques outrageusement soulignées, il est une vraie réussite. Le symbole d’un cinéma qui est arrivé à maturation.

Un retour aux sources, Élémentaire l’est d’autant plus qu’il est conscient qu’il ne faut être consciencieux pour faire du cinéma d’animation de masse très évocateur. Il faut avant tout s’armer de concepts, grossir les traits, pour que l’émotion jaillisse et envahisse le spectateur. Il a compris qu’une maestria technique ne donnait pas un bon film, alors il a décidé d’être un bon film.

Élémentaire | Walt Disney Animation Studios
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