Dernière nuit à Milan – Une surprenante virée nocturne dans le polar italien

Dernière nuit à Milan : Franco Amore porte bien son nom. Il dit de lui-même que, durant toute sa vie, il a toujours essayé d’être un honnête homme, un policier qui, en 35 ans d’une honorable carrière, n’a jamais tiré sur personne. Ce sont en effet les mots qu’il écrit pour le discours qu’il tiendra au lendemain de sa dernière nuit de service. Mais cette dernière nuit sera plus longue et plus éprouvante qu’il ne l’imagine et mettra en danger tout ce qui compte à ses yeux : son travail au service de l’Etat, son amour pour sa femme Viviana, son amitié avec son collègue Dino, jusqu’à sa propre vie. Et c’est durant cette même nuit, dans les rues d’un Milan qui ne semble jamais voir le jour, que tout va s’enchaîner à un rythme effréné.

Dernière nuit à Milan | Universal Pictures
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Dernière nuit à Milan

Note : 3.5 sur 5.

2023 est l’année du polar italien, et plus précisément de Pierfrancesco Favino. Après Nostalgia de Mario Martone sortie le 4 janvier dernier dans nos salles, l’acteur et quelques-uns de ses comparses reviennent ce mois-ci avec Dernière nuit à Milan d’Andrea di Stefano. Ce thriller italien est sorti le 7 juin 2023 au cinéma.

Un polar moins classique qu’il n’y parait

Dernière nuit à Milan possède un postulat qui nous est très familier : celui du policier vivant une ultime aventure avant de raccrocher. Néanmoins, le long-métrage détourne ce qui aurait pu mener à une intrigue classique en histoire pleine de rebondissements.

En effet, nous ne sommes pas face à un flic dur à cuire à l’inspecteur Harry, mais à un agent de la loi honnête n’ayant jamais tiré sur quelqu’un de sa vie, mais qui fautera en allant à l’encontre de ce qu’il défend. Le basculement de celui-ci vers la mafia se fera dans un plan sublime en travelling arrière où en sauvant Zhang Zhu, le chef de la mafia chinoise, il sera en contre-jour comme pour souligner le fait qu’il ne puisse plus s’échapper des griffes du mandarin.

Le film ne cesse de nous prendre à contre-pied et de nous tromper. Ceci est montré par la séquence introductive nous présentant une fête banale de départ à la retraite cachant en vérité un acte dramatique. Pourtant, le plan-séquence initial ne nous laissait aucun doute sur ce qui allait se dérouler.

Faire du neuf avec du vieux

L’œuvre s’ouvre sur un long plan aérien d’un Milan mystérieux devenant de plus en plus angoissant au fil des râles mêlés à une musique électro. Cette dernière forme le point fort du métrage. Cette bande-son donne des allures de giallo au film et non pas de film noir comme nous pourrions le penser.

Effectivement, le lien avec ce genre historique du cinéma italien sied parfaitement à Dernière nuit à Milan, ce dernier reprenant certains codes comme le complot, l’intrigue policière, le manque de repères ou les couleurs vives que nous pouvons observer dans le tunnel et sur les gyrophares de la police.

Dans ce plan-séquence nous pouvons aussi y discerner une autre inspiration : celle du Psychose d’Alfred Hitchcock. À l’instar de l’œuvre mythique du maître du suspense, nous avons une caméra entrant au hasard dans un appartement. Dans les deux cas, cela donne la sensation que nous pénétrons dans l’intimité des personnes filmées, en allant au-delà de l’image qu’elles nous renvoient.

Franco ne tire pas, le film non plus

Ainsi, le métrage nous met sous pression dès ses premiers instants, toutefois elle va s’évaporer au fil des minutes car nous n’en ressentons pas pour Franco Amore. Malgré tous les efforts de la réalisation pour créer de la tension, nous n’en avons pas puisque nous attendons un craquage qui n’arrivera jamais.

La séquence la plus représentative de ce problème est celle d’une course poursuite où le fuyant aurait dû se faire rattraper, mais à cause d’un montage trop abrupt, nous le voyions sauf.

À part le montage, le manque de danger est aussi dû à des facilités scénaristiques et des incohérences nous sortant complètement de l’intrigue, des éléments dont profite grandement Franco. Cette dernière nuit d’amour aux prémices dangereuses, se déroule finalement sans accroc.

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Dernière nuit à Milan | Universal Pictures
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Pane, amore e mafia

La place de l’amour est ici fondamentale. Il est bien évidemment représenté par le nom de famille du protagoniste, mais surtout par Viviana, la compagne du policier. Cette dernière nuit d’amour du titre italien est celle entre elle et lui.

Pour sa passion pour cette femme, Franco se doit de fréquenter sa belle-famille mafieuse, et par manque de prise d’initiative il se laisse emporter dans leurs magouilles. Par son parcours, le métrage montre une police italienne gangrenée par la mafia où même les plus honnêtes tombent.

Le film, une nouvelle fois, se contente de la facilité en faisant passer les Calabrais et les Chinois pour les méchants de l’histoire, et en plaçant le Milanais comme le héros. Si la présence de la mafia au nord de l’Italie est véridique, Dernière nuit à Milan aurait pu détourner les attentes comme il s’est efforcé à le faire tout au long du film.

Surmonter l’amour

La pègre, malgré ses agissements, n’est finalement pas elle qui a la main sur Franco, mais sa femme. Lors des séquences des discussions, la caméra insiste sur son visage et nous montre qu’elle le dirige. Par ce choix de réalisation, il y a même une volonté de nous séduire et de nous aussi succomber à ses charmes.

L’objectif de cette ultime nuit est alors celui de se libérer de cette emprise et de reprendre le contrôle. Tout le long du métrage il tentera en vain de la faire, toutefois ce ne sera qu’en souhaitant découvrir ceux ayant orchestré ce complot qu’il prendra en main la situation. Ainsi, à l’image de lorsqu’il discute avec la procureure, nous ne voyions que lui au centre du cadre et c’est lui qui dicte le début et la fin des plans.

Cette reprise en main passera aussi par le fait de se placer au-dessus d’entités qui le dépassaient auparavant. La pègre chinoise est montrée inatteignable, au-dessus de tous et de tout. Survolant la ville que ce soit physiquement ou symboliquement par des plans aériens, Franco devra les rejoindre.

La présence récente du polar italien dans nos salles est presque étrange vis-à-vis de la situation cinématographique compliquée de la botte. Toutefois, au vu de la qualité général d’un Dernière nuit à Milan, nous ne pouvons qu’accepter et demander à recevoir d’autres œuvres de ce genre, bien que le film nommé soit imparfait.

Dernière nuit à Milan | Universal Pictures
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